Perspective – Raconter – n° 2022 – 2 Propositions à envoyer avant le 1er juillet / before July, 1st 2021

Détail des peintures rupestres du Cerro Azul, vers 12 600-11 800 avant notre ère, Colombie, région de Serrania La Lindosa (Guaviare). © Photo Julian Ruiz P. (CC BY-SA 4.0)

Français

Dans son numéro 2022 – 2, la revue Perspective souhaite poser la question des relations entre narration, art et histoire de l’art. Qu’il s’agisse des récits sur lesquels se fondent les images et les objets d’art, de ceux que (se) constituent ses regardeurs, ou des « mises en récits » opérées par les historiens et les historiennes de l’art, ce numéro entend s’emparer de l’acte de raconter comme d’un outil heuristique aussi fécond que déstabilisant. L’image et l’objet d’art racontent, même en l’absence de contenu diégétique figuré, ne serait-ce qu’en tant que témoins d’une époque ou de pratiques – ne serait-ce qu’en tant que vecteurs de narrativité. Les récits visuels ainsi déployés ne cessent de générer d’autres récits – fictions ou légendes, articles scientifiques ou divagations rêveuses ; dialogues d’œuvres entre elles ou soliloques des regardeurs. Récits de l’histoire de l’art, également, tant les historiens et les historiennes de l’art ne cessent de raconter ce processus tout en le constituant de manière performative, dans ses multiples emboîtements et ses allers-retours, évoluant dans ces zones mouvantes entre fait et fiction, expression et narration, description, analyse et projection.

L’appartenance de la terminologie du récit au champ des études littéraires invite par ailleurs d’emblée à questionner la relation entre une narrativité en images et ses éventuelles sources écrites. Figurer une histoire en images revient-il à imiter la narration textuelle, ou à en reproduire pour l’œil l’exacte dramaturgie ? Quels sont les potentiels d’une narrativité visuelle par rapport à ceux du langage verbal ? Ce que la figuration doit à sa source a appelé de multiples réponses de la part de la recherche en histoire de l’art, postulant parfois une forme de primauté de l’écrit sur le visuel. La notion de pensée figurative (Pierre Francastel, La figure et le lieu : l’ordre visuel du Quattrocento, Paris, Gallimard, 1967) permet aussi de distinguer deux domaines de valeur conceptuelle égale, où chaque médium de narration recèle sa propre logique. L’approche de cette dialectique reliant l’image narrative à son environnement culturel peut enfin admettre de multiples interactions et reformulations, passant notamment par l’oralité et un dialogue entre l’imaginaire collectif, l’imaginaire individuel et la culture visuelle (Hans Belting, Pour une anthropologie des images, Paris, Gallimard, 2004). Sur le plan des méthodes, l’émergence, dans les années 1970, de la narratologie dans le champ de la théorie littéraire (Gérard Genette, Figures III, Paris, Éditions du Seuil, 1972) a fourni un ensemble d’outils conceptuels renouvelant l’étude des mécanismes internes du récit littéraire, distinguant histoire, récit et narration. On pourra s’interroger sur la réception, ou non, de cette approche par les cadres théoriques mobilisés en histoire de l’art pour analyser ce que l’œuvre et l’image recèlent de narratif. On pourra également se pencher sur les liens entre études visuelles, linguistiques et sémiotiques.

Le récit figuré en appelle à une multitude de modalités plastiques permettant la mise en forme et en espace d’une narration par l’image fixe, filmique ou numérique, l’architecture, la mode ou l’objet d’art. Monument, robe, tableau, sculpture, film, livre, interface numérique ou objet d’art : à chaque fois est engagée l’adéquation du récit en images avec son support, ses dimensions, son volume, façonnant son efficacité visuelle et sa réception, condensant ou dilatant le récit. Les mises en images des récits sont également pour le visuel autant de façons de modeler et de raconter leur temps. Il s’agira ainsi d’envisager toutes les dimensions, les spécificités et les potentialités narratives des objets et des œuvres d’art, et d’interroger la (ou les) manière(s) dont la narrativité du visuel s’ancre dans un processus de légitimation et d’autonomisation au long cours.

Mais si l’image et l’objet d’art racontent, les historiens et les historiennes de l’art ne cessent, à leur tour, et de façon dialogique, de raconter cette relation protéiforme – constituant elle-même un récit dans le récit. Enracinée dans les travaux de Giorgio Vasari et de Karel van Mander, qu’elle considère comme ses modernes fondateurs, l’histoire de l’art est, depuis l’Antiquité, fondée sur un exercice narratif, de l’ekphrasis aux grands récits de l’autonomie moderniste, en passant par l’anecdote ou la légende biographique. La manière dont les historiens et les historiennes de l’art ont façonné leur discipline, s’extrayant d’une pratique littéraire, volontiers mythique, pour embrasser, forger et discuter peu à peu des méthodes « scientifiques », témoigne d’un rapport complexe au récit, à la narration – à la fiction en quelque sorte. Certains développements récents de l’historiographie se sont penchés sur cette question des liaisons entre l’écriture de l’histoire et celle de la fiction : Mark Ledbury, dans l’ouvrage collectif Fictions of Art History (Williamstown, Mass., Sterling and Francine Clark Art Institute / Yale University Press, 2013), Ivan Jablonka avec L’histoire est une littérature contemporaine. Manifeste pour les sciences sociales (Paris, Éditions du Seuil, 2014) ou, plus récemment, Myriam Métayer et Adriana Sotropa en dirigeant Le récit de l’histoire de l’art. Mots et rhétoriques d’une discipline (Le Kremlin-Bicêtre, Éditions Esthétique du divers, 2017) ont, par exemple, ouvert des pistes fécondes. Peut-on écrire l’histoire sans raconter d’histoires ? Que l’on se place du côté des images et des objets d’art, ou bien de celui des regardeurs, peut-on – doit-on – s’extraire de tout processus narratif ? Peut-on communiquer sans (se) raconter ? Si tel n’est pas le cas, quelles conséquences épistémologiques pourrait-on en tirer concernant la façon dont nous envisageons notre pratique – notre écriture – de l’histoire de l’art ? À l’heure des « faits alternatifs » et du storytelling, et alors que la question de la relativité des récits constitue tout à la fois un risque considérable et une chance, poser les questions de la mise en récit, de la façon dont l’art et l’histoire de l’art (se) racontent, implique finalement d’interroger à nouveau les téléologies – ce qui possède, donne ou crée du sens.

Là où apparaît une image, qu’elle soit figurative, aniconique, matérielle ou mentale, surgit une histoire et une manière d’en agencer le récit. Mais l’absence de figuration signifie-t-elle pour autant l’absence de récit ? Car, de la même façon, là où s’exprime un désir de raconter surgit de l’image, qu’elle soit matérielle ou mentale, figurative ou aniconique. Que l’image et la mise en récit marchent main dans la main, nul ne le contestera : l’antériorité de l’une sur l’autre, en revanche, est à jamais objet de débats, de même que les phénomènes de relais ou d’enchâssement dont elles semblent procéder, du paragone au discours moderniste ne cessant de raconter la fin des œuvres qui racontent. Ces séries d’oppositions et ces phénomènes complexes de transmission pourront être abordés sous différents angles, pourvu que la réflexion soit toujours ancrée dans une perspective historiographique – des processus de narration à l’œuvre dans la création et la réception en art, des origines à nos jours, des expressions symboliques paléolithiques au cinéma. En ce sens, les études de cas ciblées portant sur des analyses iconographiques ne seront pas acceptées si elles ne sont l’occasion d’aborder des questions critiques de portée plus générale.

Les propositions de publication pourront en particulier s’inscrire dans un ou plusieurs des axes suivants :
– les artistes racontant des histoires ;
– les artistes racontant leur propre histoire (récits autorisés, etc) ;
– les historiens ou les historiennes racontant la vie de l’artiste (de Giorgio Vasari à Ernst Kriz et Otto Kurz) ;
– les historiens ou les historiennes faisant le récit des récits visuels (iconographie, iconologie, interprétation, etc) ;
– la mise en récit de l’histoire de l’art de façon synchronique (les « grands » mouvements, les « grands » récits) ;
– les contre-récits et les remises en récit des récits de l’histoire de l’art (historiographie, fictionnalisation) ;
– la place et la possibilité d’un récit collectif et/ou participatif dans le champ de la discipline ;
– les impacts et résonances socio-politiques des récits et contre-récits de l’histoire de l’art (enjeux militants, débats sociétaux).

Perspective : actualité en histoire de l’art

Publiée par l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) depuis 2006, Perspective est une revue semestrielle dont l’ambition est d’exposer l’actualité plurielle d’une recherche en histoire de l’art qui soit toujours située et dynamique, explicitement consciente de son historicité et de ses articulations. Elle témoigne des débats historiographiques de la discipline sans cesser de se confronter aux œuvres et aux images, d’en renouveler la lecture, et de nourrir ainsi une réflexion globale, intra- et interdisciplinaire. La revue publie des textes scientifiques offrant une perspective inédite autour d’un thème donné. Ceux-ci situent leur propos dans un champ large, sans perdre de vue l’objet qu’ils se donnent : ils se projettent au-delà de l’étude de cas précise, et interrogent la discipline, ses moyens, son histoire et ses limites, en inscrivant leurs interrogations dans l’actualité – celle de la recherche en histoire de l’art, celle des disciplines voisines, celle enfin qui nous interpelle toutes et tous en tant que citoyens.

Perspective invite ses contributeurs à actualiser le matériel historiographique et le questionnement théorique à partir duquel ils élaborent leurs travaux, c’est-à-dire à penser, à partir et autour d’une question précise, un bilan qui sera envisagé comme un outil épistémologique. Ainsi, chaque article veillera à actualiser sa réflexion en tissant autant que possible des liens avec les grands débats sociétaux et intellectuels de notre temps.

La revue Perspective est pensée comme un carrefour disciplinaire ayant vocation à favoriser les dialogues entre l’histoire de l’art et d’autres domaines de recherche, des sciences humaines notamment, en mettant en acte le concept du « bon voisinage » développé par Aby Warburg.

Toutes les aires géographiques, toutes les périodes et tous les médiums sont susceptibles d’y figurer.

Raconter, no 2022 – 2
Rédaction en chef : Marine Kisiel (INHA) et Matthieu Léglise (INHA)
Numéro coordonné avec Anne-Orange Poilpré (université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne)
Voir la composition du comité de rédaction.

Contribuer

Prière de faire parvenir vos propositions (un résumé de 2 000 à 3 000 signes, un titre provisoire, une courte bibliographie sur le sujet, et une biographie de quelques lignes) à l’adresse de la rédaction (revue-perspective@inha.fr) avant le 1er juillet 2021.

Perspective prenant en charge les traductions, les projets seront examinés par le comité de rédaction quelle que soit la langue. Les auteurs des propositions retenues seront informés de la décision du comité de rédaction à la fin du mois de juillet 2021, tandis que les articles seront à remettre pour le 15 décembre 2021.

Les articles soumis, d’une longueur finale de 25 000 ou 45 000 signes selon le projet envisagé, seront définitivement acceptés à l’issue d’un processus anonyme d’évaluation par les pairs.

English

The journal Perspective’s thematic issue 2022 – 2 will explore the relationships between narration, art and art history. From the stories that inspire images and art objects, to those (re)constituted by its viewers, to the “story-telling” of art historians, this issue is intended to make use of the act of narrating as a productively destabilizing heuristic tool. Even in the absence of figured diegetic content, the image and the art object narrate, if only as witnesses of an era or practices, as vehicles of narrativity. The resulting visual narratives in turn generate other narratives: fictions or legends, scholarly articles or fanciful ramblings, dialogues between artworks or viewers’ monologues. And art historical narratives as well, given that art historians continuously recount the process performatively, with its multiple mises en abyme and comings and goings in the grey areas between fact and fiction, expression and narration, description, analysis, and projection.

The historical place of the terminology of narrative within the field of literary studies also calls for examining the relationship between a narrative in images and its possible written sources. Does representing a story in images amount to imitating the textual narrative or faithfully reproducing its dramaturgy for the eye? What are the possibilities of visual narrativity relative to those of verbal language? The debt of figurative representation to its source has prompted a variety of responses from researchers in art history, some of whom posit the primacy of the written over the visual. Here, the concept of figurative thought (Pierre Francastel, La figure et le lieu : l’ordre visuel du Quattrocento, Paris, Gallimard, 1967) permits a distinction between two equally valid conceptual domains, where each narrative medium has its own logic. This dialectical approach, which connects the narrative image to its cultural environment, then opens the way to multiple interactions and reformulations, in particular through orality and a dialogue between the  collective imaginary, individual imaginaries, and visual culture (Hans Belting, An Anthropology of Images: Picture, Medium, Body [2001], Princeton / Oxford, Princeton University Press, 2011). In methodological terms, the emergence of narratology within French literary theory in the 1970s (Gérard Genette, Figures III [1972], selections translated as Narrative Discourse, An Essay in Method, Ithaca, NY, Cornell University Press, 1980) provided a body of conceptual tools for renewing the study of the internal mechanisms of the literary narrative, in particular through the distinction between histoire (story), récit (narrative text) and narration (narrating act). The possible influence, or not, of this approach on the theoretical frameworks used in art history to analyze the narrative elements of the artwork or the image merits further consideration. And the same is true for the connections between visual, linguistic, and semiotic studies.

The figured narrative calls on a wide variety of visual means for shaping and spatializing narrative content through still and moving images (analog or digital), architecture, fashion, or art objects.  Each work produced – monument, dress, painting, sculpture, film, book, digital interface, art object – requires a match between the narrative in images and its medium, dimensions and volume so as to fashion its visual effectiveness and reception by judiciously condensing or expanding it. Giving visual form to the narrative is also a means of fashioning or recounting its time In sum, this issue of Perspective seeks to take into account all the narrative dimensions, specificities, and potentialities of art objects and works and explore the way(s) the narrativity of the visual is rooted in a lengthy process of legitimization and empowerment.

If the image and the art object narrate, art historians in turn continuously provide a dialogical account of this multifaceted relationship as a kind of story within the story. The history of art, rooted in the works of Giorgio Vasari and Karel van Mander (considered as its modern founders), is based on a narrative exercise, from the ekphrasis of Antiquity to the epic narratives of modernist autonomy, but also anecdotes and biographical legends. The way art historians have forged their discipline by freeing themselves from a willfully mythical literary practice and gradually adopting, fashioning, and discussing “scientific” methods bears witness to a complex relationship with the narrative and narration – otherwise stated, a kind of fiction. Some recent historiographical studies have focused on the question of these close ties between the writing of history and that of fiction. Mark Ledbury, in the collective work Fictions of Art History (Williamstown, Mass., Sterling and Francine Clark Art Institute / Yale University Press, 2013), Ivan Jablonka with History Is a Contemporary Literature: Manifesto for the Social Sciences [2014] (Ithaca, NY, Cornell University Press, 2018), and more recently, Myriam Métayer and Adriana Sotropa, the editors of Le récit de l’histoire de l’art. Mots et rhétoriques d’une discipline (Le Kremlin-Bicêtre, Éditions Esthétique du divers, 2017), for example, have offered fruitful insights. Is it possible to write history without telling stories? From the point of view of the images and art objects or that of the viewers, can – or should – we forego any narrative process? Can we communicate without narrating (or narrating ourselves)? If this is not the case, what epistemological conclusions can be drawn about the way we consider our practice – our writing – of art history? In the era of “alternative facts” and storytelling, when the question of the relative nature of narratives is both a considerable risk and an opportunity, raising question about the making of narrative, the way that art and art history narrate (and narrate themselves), ultimately implies a return to teleological issues: what has meaning, what gives meaning, what creates meaning?

The appearance of an image, be it figurative, aniconic, material, or mental, gives rise to a story and a way of arranging it into a narrative. But does the absence of figuration signify the absence of narrative? For in the same way, the appearance of the image, be it material or mental, figurative or aniconic, gives rise to a desire to narrate. While no one will deny that the image and the narrative act go hand in hand, the precedence of one over the other remains an eternal subject of debate, as are the relaying and embedding processes that engender them, from the time of the paragone to modernist discourse predicting the end of narrative artworks. For the upcoming thematic issue, these different oppositions and complex transmission phenomena can be approached from a variety of vantage points, provided that the analysis is situated within a historiographical perspective addressing the narrative processes at work in the creation and reception of art from the origins to the present day, from symbolic Paleolithic expressions to contemporary cinema. For this reason, specific case studies bearing on iconographic analyses will not be accepted unless they raise broader critical questions.

Proposals involving one or several of the following approaches will be particularly welcome:
– Artists telling stories;
– Artists telling their own stories (authorized accounts, etc.);
– Historians recounting the life of the artist (from Vasari to Ernst Kriz and Otto Kurz);
– Historians telling the story of visual narratives (iconography, iconology, interpretation, etc.);
– Synchronic narratives of art history (the “great” movements, the “master” narratives);
– Counter-narratives and re-narrated art historical narratives (historiography, fictionalization);
– The place and possibility of a collective and/or participatory narrative within the discipline;
– The socio-political consequences and echos of art-historical narratives and counter-narratives (activism, societal debates).

Perspective : actualité en histoire de l’art

Published by the Institut national d’histoire de l’art (INHA) since 2006, Perspective is a biannual journal which aims to bring out the diversity of current research in art history through a constantly evolving approach that is explicitly aware of itself and its own historicity and articulations. It bears witness to the historiographical debates within the field, while remaining in continuous relation with the images and works of art themselves, updating their interpretations, and thus fostering global, intra- and interdisciplinary reflection. The journal publishes scholarly texts which offer innovative perspectives on a given theme. These may be situated within a wide range, yet without ever losing sight of their larger objective: going beyond any given case study in order to interrogate the discipline, its methods, history and limitations, while relating these questions to topical issues from art history and neighboring disciplines that speak to each of us as citizens.

Perspective invites contributors to update their historiographical material and the theoretical questionings from which they draw their work, to think from and around the starting point of a precise question, an assessment that will be considered an epistemological tool rather than a goal in itself. Each article thus calls for a new approach creating links with the great societal and intellectual debates of our time.

Perspective is conceived as a disciplinary crossroads aiming to encourage dialogue between art history and other fields of research, the humanities in particular, and put into action the “law of the good neighbor” developed by Aby Warburg.

All geographical areas, periods, and media are welcome.

Call for papers

Narrative(s), no. 2022 – 2
Editors: Marine Kisiel (INHA) and Matthieu Léglise (INHA)
Issue coordinated with Anne-Orange Poilpré (université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne)
To the board composition.

Please send your submissions (an abstract of 2,000 to 3,000 characters / 350 to 500 words, a provisional title, a short bibliography on the subject, and a biography of a few lines) to the editorial office (revue-perspective@inha.fr) before July 1st, 2021.

Proposals will be examined by the issue’s editorial committee regardless of language (articles accepted for publication will be translated by Perspective). The authors of the pre-selected proposals will be informed of the committee’s decision by the end of July 2021. The complete articles (25,000 or 45,000 characters/ 4,500 or 7,500 words depending on the project) must be submitted by December 15th, 2021. These will be definitively accepted after the journal’s anonymous peer-review process.

[translated from French by Miriam Rosen]