Samir Boumediene : La délocalisation de la vie - L'histoire de l'expansion européenne à travers la relation aux plantes Séminaire « Paradis perdus – Colonisation des paysages et destruction des éco-anthroposystèmes »

Codex Tudela, codex aztèque du milieu du XVIe siècle, Museo de America,  Madrid

Au croisement de l’histoire, de l’anthropologie et de la philosophie, Samir Boumediene propose d’interpréter, dans leur dimension existentielle, les rapports entre sciences et savoirs à l’époque moderne. Il s’agit de mettre en évidence la dimension savante de l’exercice du pouvoir, en explorant les modalités d’extraction, matérielle et politique, des savoirs sur les plantes et leur diffusion, savante, commerciale et charitable dans l’Europe moderne. Il a publié en 2016 La colonisation du savoir. Une histoire des plantes médicinales du « Nouveau Monde » (1492-1750), aux Éditions des mondes à faire, qui repose sur les travaux d’une thèse soutenue en 2013 à l’université de Lorraine, lauréate du Prix du musée du quai Branly en 2014. Samir Boumediene est chargé de recherches au CNRS (IRHIM-ENS de Lyon) et chercheur associé au département d’histoire de l’université de Cambridge.

En partenariat avec le Centre André-Chastel/ CNRS

Intervenant

  • Samir Boumediene (CNRS)

Samir Boumediene est un historien dont les travaux se situent à l’interface de l’histoire des sciences et de l’histoire coloniale. En 2016, il publie La Colonisation du savoir. Une histoire des plantes médicinales du « Nouveau Monde » (1492-1750), aux Editions des Mondes à faire (Vauxen- Velin). Cet ouvrage revient sur la dimension savante de l’exercice du pouvoir à l’époque moderne et interroge la « connaissance », en rendant intelligibles, dans leurs dimensions sociales et culturelles, les rapports entre sciences et savoirs en territoires coloniaux. En prenant les plantes comme indicateurs de rapports de force, l’auteur explore les modalités d’extraction, matérielle et politique, des savoirs autochtones du « Nouveau Monde » sur les plantes et leurs diffusions, scientifiques, commerciales, voire « charitables » en Europe. Ce livre d’une très grande érudition, particulièrement novateur par sa méthodologie, se situe au croisement des études postcoloniales et des humanités environnementales. Il est issu d’une thèse lauréate du Prix du Musée du Quai Branly en 2014. Samir Boumediene est chargé de recherche au CNRS, à l’Institut de recherche des représentations et des idées dans les modernités (IRHIM ), rattaché entre autres à l’École normale supérieure de Lyon - unité trans-séculaire (XVIe-XXIe siècles) et pluridisciplinaire qui propose une approche historicisée des idées et des représentations littéraires, symboliques, artistiques et scientifiques, reposant sur la conviction que l’on ne peut comprendre le monde contemporain dans ses racines et ses structures que par une profonde connaissance du passé dont il est issu.

À propos du séminaire

L’idée que la nature comme espace essentiel et vital de l’être humain a été contaminée à jamais par un processus irréversible de destruction des écosystèmes fait naître de par le monde la manifestation d’un désenchantement qui dit qu’un équilibre fondamental à l’existence humaine a été rompu. Nombre de travaux relevant des humanités environnementales tentent grâce aux ressources iconographiques et textuelles de faire le récit de cette rupture. En amont il y aurait eu un autre monde à jamais perdu. C’est l’enseignement de ces travaux et les sources auxquelles ils font appel que ce programme souhaite distinguer et mettre en perspective. Ces sources sont pour certaines encore trop méconnues, notamment celles produites par les scientifiques – botanistes, zoologues, géologues, géographes, etc. – et les artistes qui ont accompagné, sans nécessairement les soutenir, les déploiements coloniaux. Pour des raisons politiques et culturelles, ces sources ont été recouvertes.  Le programme « Paradis perdus : colonisation des paysages et destruction des  éco-anthroposystèmes » vise à contribuer auprès de la communauté scientifique et au-delà, par l’élaboration de connaissances sur les images, les textes et les transformations de lieux, au mouvement actuel des humanités environnementales qui cherche à dépasser le dualisme entre nature et culture et à repenser l’action humaine sur Terre face aux urgences climatiques et écologiques, aussi bien du point de vue des intentions qui sont à l’origine de ces productions, que de leurs modes de présentation, de réception et de la continuité de leurs effets.

Les étudiants de Sorbonne Université inscrits en master d’histoire de l’art pourront valider des crédits en suivant ce séminaire.

Voir le programme complet du séminaire

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Informations pratiques

15 janvier 2019 - 18h30-20h

Galerie Colbert, salle Vasari
Institut national d’histoire de l’art
2, rue Vivienne ou 6 rue des Petits Champs
75002 Paris

Entrée libre