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Sensibiliser aux handicaps
Mis à jour le 16 juillet 2024Vademecum Histoire des arts | Collège
Gérard Bonnefon anime des formations sur le développement des pratiques artistiques et l’accès à la culture des personnes handicapées, il est l’auteur de l’ouvrage de référence Art et lien social, les pratiques artistiques des personnes handicapées. Dans Handicap et cinéma, il établit les grands axes de l’apport éducatif que constitue l’ouverture à l’altérité par ce médium et propose des entrées simples et convaincantes dans la filmographie liée à la représentation des handicaps
Les fictions sont les reflets transposés et élaborés artistiquement de la réalité et le spectateur a le loisir de s’identifier ou de se projeter dans tel ou tel personnage. Le cinéma se situe dans un entre-deux fait de la réalité et de ses représentations, où les affects des spectateurs sont en jeu, puisqu’on peut y rire ou pleurer, être agacé ou ému. La figure de l’étrange et de l’irrégularité dans le monde représentée par les personnes handicapées et dans laquelle se projettent des peurs et des inquiétudes, est une matière attractive. Projetés sur les écrans les personnages handicapés interpellent, qu’on le veuille ou non, chacun d’entre nous sur ses propres représentations du handicap et de l’altérité. Une altérité qui est de ce monde, non comme une menace, mais comme une possibilité de rencontre avec l’autre. […] Les œuvres de fiction fournissent des informations sur les personnes handicapées et les dispositifs d’accueil, de formation, de travail… Tous les aspects de leur vie sont de plus en plus révélés au public qui ignore de moins en moins leurs difficultés et leurs combats pour s’intégrer dans la société. La présence sur les écrans de personnages handicapés contribue à l’évolution des mentalités et au dépassement des peurs et des gênes. […] Les fictions ne demeurent pas sans effet. Une éducation à l’altérité s’effectue à travers elles.
Gérard Bonnefon
Éclairage
Comment entendre et faire ressentir la musique lorsqu’on est déficient auditif ? La réalisatrice Lydia Erbibou a suivi un groupe au cours d’une année scolaire à l’Institut national des jeunes sourds de Paris. Dans son film documentaire Good Vibrations (2017), elle cherche à filmer le sensible, la perception des sons ne passant pas uniquement par l’ouïe, mais également par le toucher grâce aux vibrations. Aidés d’une technologie qui convertit les sons en sensations tactiles, les élèves prennent petit à petit goût au plaisir des instruments et des bruitages. Au fil des séances, la réalisatrice a filmé les exercices musicaux de ces jeunes, les activités autour du son et du rythme et l’apprentissage d’un instrument. Comment faire ressentir la relation des adolescents sourds et malentendants avec la musique et les sons ? Comment entrer dans leur perception ? Good Vibrations s’inscrit pleinement dans toute une tradition du cinéma, notamment du cinéma documentaire qui pose la question sociétale de l’inclusion. Sur un autre mode, plus distancié, humoristique le plus souvent, mais non moins susceptible d’interroger le passant sur les codes sociaux et les préjugés, le street artiste norvégien Dolk Lundgren, à l’instar d’autres street-artistes (la Française Marie-Caroline Brazey alias MC Solaire qui intervient sur les panneaux de signalétiques pour handicapés ou les Irlandaises Ailbhe et Izzy Keane qui customisent les roues de fauteuils roulants) crée de grands pochoirs où les fauteuils valdinguent, exprimant l’attente des personnes en situation de handicap à ce que l’on porte un autre regard sur eux.
Ressources :
Ouvertures
La place des personnes handicapées dans les sociétés d’hier et d’aujourd’hui fait aussi l’objet de recherches menées par des scientifiques, archéologues et historiens. L’archéologie funéraire, à l’aide des grilles de lecture de l’anthropologie, permet d’« éclairer » le quotidien d’un individu handicapé et sa place dans les communautés du passé. Ainsi, l’antiquité égyptienne apparaît comme une société particulièrement accueillante à l’égard des personnes handicapées, avec des représentations d’une humanité vulnérable, de protocoles de soutien et d’accompagnement pour les plus fragiles. Certains dieux sont porteurs d’un handicap, à l’image du plus célèbre d’entre eux, Horus, le dieu-faucon, dieu des pharaons, fils d’Isis et Osiris, qui perd son œil gauche lors de son combat contre Seth. Ce mythe tient une place importante dans les cultes de l’Égypte antique, et des représentations de l’œil d’Horus étaient portées comme amulettes en signe de protection et de voyance. Les scénographes et plasticiens Pierre Meunier et Marguerite Bordat ont exploré le monde intérieur et l’écriture de la jeune poétesse diagnostiquée autiste Babouillec. Selon ses propres mots, elle n’a pas appris à lire, à écrire, à parler mais réussit pourtant à accéder à l’écriture à l’aide de lettres en carton disposées sur une page blanche et produit aujourd’hui des œuvres d’une grande force poétique. Avec humour et grâce, le spectacle Forbidden di sporgersi adapté de l’ouvrage Algorithme éponyme évoque l’écart entre le monde intérieur vaste et libre de l’autrice et le monde extérieur de notre société « très occupé à mettre en rang tout ce qui dépasse ».
Ressources :
Un podcast « Vivre handicapé, c’est pas nouveau »
Un fichier relief, un fichier noir et un guide de lecture sur le dieu Horus
Pistes pédagogiques
1 Initier une réflexion sur toutes les différentes formes de discrimination en matière d’accès à la ville et à ses services à partir du territoire de proximité de l’école ou du collège. Concevoir en classe une ville ouverte et accessible à tous. Produire une maquette avec la collaboration d’un architecte invité.
2 Étudier l’iconographie du handicap et de la différence dans l’histoire de l’art sous toutes ses formes. Ces représentations, dans les situations d’enseignement, placent trop souvent la personne handicapée dans une situation de victime (notamment à travers l’image des mutilés de guerre) et non comme pleinement acteur (au sein de partitions chorégraphiques par exemple).
Ressource : Des captations de spectacles de danse sur le thème du handicap ou avec des interprètes handicapés
3 Donner à voir. Dans le cadre de l’opération « La classe, L’œuvre ! », réaliser une capsule sonore – en lien avec une structure culturelle – à destination des personnes déficientes visuelles. Travailler l’accessibilité du contenu et la qualité de l’habillage sonore.
4 Réaliser une exposition virtuelle à partir de la collection du fonds du musée de l’art brut à Lausanne
Ressource : Les collections du Musée de l’art brut à Lausanne
Référence au programme de cycle 3
Histoire des arts
Relier des caractéristiques d’une œuvre d’art à des usages, ainsi qu’au contexte historique et culturel de sa création
Référence au programme de cycle 4
Histoire des arts
Thématique 8 : Les arts à l’ère de la consommation de masse (de 1945 à nos jours)
Un monde ouvert ? Les métissages artistiques à l’époque de la globalisation
Éducation musicale
Réaliser des projets musicaux d’interprétation ou de création
EMC
Respecter autrui
Français
Vivre en société, participer à la société – Avec autrui : familles, amis, réseaux – Découvrir diverses formes, dramatiques et narratives, de la représentations des relations avec autrui
Compétences en histoire des arts
Construire un exposé de quelques minutes sur un petit ensemble d’œuvres ou une problématique artistique
Attendus de fin de cycle en histoire des arts
Rendre compte en termes personnels d’une expérience vécue, soit par la pratique sot comme spectateur
Connaissances et compétences associées en histoire des arts
Construire un exposé de quelques minutes sur un petit ensemble d’œuvres ou une problématique artistique
Domaine du socle commun de connaissances, de compétences et de culture
Domaine 3 La formation de la personne et du citoyen