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Relier, croiser
Mis à jour le 15 juillet 2024Vademecum Histoire des arts | Collège
Une étude comparatiste des objets, manuscrits ou édifices religieux permet de dépasser en les déplaçant les questions de foi, d’obéissance, d’observance. Tout en préservant la liberté de croyance, de non-croyance, d’agnosticisme ou d’indifférence, l’approche des faits religieux par l’histoire des arts permet aussi de prendre en charge l’étude de la richesse patrimoniale des productions artistiques de chaque communauté religieuse.
La sortie scolaire et la découverte du patrimoine local permettent de croiser l’histoire des arts et les faits religieux. Les atouts sont évidents tant pour la compréhension de l’architecture, la découverte du bâtiment que pour la contextualisation des œuvres. Voir en situation non pas seulement les vitraux et retables, mais aussi un crucifix d’autel placé en général dans la direction du soleil levant, ou l’arche sainte, conservant les rouleaux de la Torah, tournée vers Jérusalem, ou encore un mihrâb, niche qui indique la qibla, l’orientation de la prière vers la Mecque, permet une appréhension physique de l’espace et de son ordonnancement symbolique tout en rappelant que ces éléments, certes présents le plus souvent dans un édifice actuel, ne sont pas pour autant immuables, et sont apparus progressivement, non dès les origines. […] Il faut aborder non seulement la signature symbolique des formes mais encore leur rôle liturgique et rituel, c’est-à-dire parler du religieux lorsqu’on parle d’art, mais aussi à l’inverse parler d’art lorsqu’on aborde les faits religieux, et ne pas réduire l’approche de l’histoire des arts au patrimoine ancien. Visiter quand c’est possible une synagogue, une mosquée ou encore une pagode, qui bien souvent n’auront pas la même valeur d’ancienneté, c’est aussi s’attacher aux évolutions des formes et à leurs significations et les mettre en perspective dans une histoire de l’architecture. […] Il faut revenir à la Charte de la laïcité d’une part et rappeler d’autre part que le but de ces visites est de donner accès à tous à une culture et à des œuvres qui ont certes un sens spécifique pour les tenants de chaque religion mais dont l’intérêt et la valeur symbolique dépassent ces univers.
Isabelle Saint-Martin
Éclairage
Qu’ils soient anciens ou récents, on peut comparer les formes architecturales des lieux de culte. Le plan des édifices des trois religions monothéistes ici mis en regard, conjuguent monumentalité et fonctionnalité, symbolique et représentativité. Un même type d’espace voit se rassembler les fidèles, une communauté se réunit soit autour de l’autel surélevé de l’église, autour de l’arche sainte dans la synagogue, autour de la niche vide du mihrab en direction de la Quibla pour la mosquée. Le culte des religions monothéistes a lieu dans un édifice qui rassemble les fidèles, groupés dans un lieu sacralisé par la présence de cette assemblée en prière autant que par celle de la divinité. Dans ces trois espaces dépouillés, la lumière joue un rôle fondamental. La visibilité des édifices au sein de l’espace urbain les rapproche aussi. Les pistes sont multiples mais on pourra par exemple rapprocher et étudier des ouvrages qui se font écho dans la France de la seconde moitié du xxe siècle. La cathédrale de la Résurrection Saint-Corbinien, livrée par l’architecte suisse Mario Botta en 1995, marque autant la création du diocèse d’Évry-Corbeille-Essonne que la naissance symbolique de la ville nouvelle dans la banlieue sud de Paris. La monumentalité de la synagogue de la Paix à Strasbourg (1962) construite en béton armé sur les plans de l’architecte Claude Meyer-Lévy affirme l’importance de ce chantier prioritaire aux lendemains de la guerre comme sa dimension mémorielle. La grande mosquée de Lyon (2018), surmontée d’un dôme, flanqué d’un minaret rectangulaire, est une des plus grandes mosquées de France. Les religions cherchent à construire des bâtiments dont la puissance et la majesté traduisent celle de leur croyance, et la hauteur, celle de leur spiritualité.
Ouvertures
À la chapelle du Rosaire à Vence, Matisse conçoit une œuvre liturgique totale. Pour les chasubles, que l’artiste aborde en dernier lieu à la fin de l’été 1950, Matisse réinvestit le vocabulaire coloré et végétal, inspiré de la technique artisanale tahitienne de la broderie, le tifafai, des draps sur lesquels sont cousus des motifs prélevés dans une autre cotonnade colorée. Il existe une grande variété de jardins sacrés. Analogue terrestre de la vie au paradis dans la culture persane, expression du Zen, qui unit la poésie de la nature et celle de l’homme dans la civilisation japonaise ou lieu de sagesse dans la culture antique
Pistes pédagogiques
1.Observer l’organisation spatiale des sépultures lors d’une rencontre avec un archéologue. Faire parler les pratiques d’inhumation, les croyances à partir des fouilles réalisées dans l’environnement proche de l’établissement de l’élève
2. S’exprimer à l’oral sur les formes d’un édifice cultuel de proximité et l’intégration dans son environnement. Décrire les différents volumes du lieu de culte pour comprendre les espaces dédiés au rite et à son déroulement, au rassemblement de la communauté. En classe, comparer le bâti avec un lieu de culte appartenant à une autre culture.
3. Analyser l’articulation entre temple, pouvoir et cité dans les cultures antiques. La lecture d’espaces, de formes architecturales donne lieu à la compréhension des actes et de gestes liés à des rituels. Le complexe cultuel antique dédié à Marduk, divinité poliade de Babylone en Mésopotamie peut fournir un exemple.
4. Développer la créativité mathématique de l’élève par l’étude des proportions en architecture et des tracés régulateurs. Le mausolée du Taj Mahal fournit un exemple à étudier en classe. Confronter avec d’autres monuments appartenant à d’autres aires géographiques et culturelles sur la question de la symétrie et des proportions.
Les références au programme
Références au programme du cycle 3
Se repérer dans un musée, un lieu d’art, un site patrimonial
Connaissances et compétences associées : Effectuer une recherche (dans le cadre d’un exercice collectif et sur la base de consignes précises) en vue de préparer une sortie culturelle.
Références au programme du cycle 4
Histoire des arts
Thèmatique 2 Formes et circulations artistiques (IX-XVes)
Objet d’étude : L’architectures et décors civils, urbains, militaires et religieux au Moyen Âge
Éducation morale et civique
Connaissances et compétences : Respect d’autrui
Objets d’enseignement : Le principe de laïcité et l’expression des convictions philosophiques et religieuses
Histoire-géographie
Thème 1 Chrétientés et islam (VI-XIIIe siècles), des mondes en contact
Niveau : classe de 5e
Attendus de fin cycle en histoire des arts
Associer une oeuvre à une époque et une civilisation à partir des éléments observés
Compétences en histoire des arts
Comparer des oeuvres d’art entre elles, en dégageant, par un raisonnement fondé, des filiations entre deux oeuvres d’époques différentes ou des parentés entre deux oeuvres de différente nature, contemporaine l’une de l’autre
Connaissances et compétences associées en histoire des arts
Rendre compte, en termes personnels et en utilisant des supports divers, de la visite d’un lieu de conservation ou de diffusion artistique, ou de la rencontre avec un métier lié à la conservation, la restauration ou la valorisation du patrimoine
Domaine du socle commun de connaissances, de compétences et de culture
Domaine 3 La formation de la personne et du citoyen