Rencontre avec Graeme Revell autour du groupe de musique industrielle SPK et du Collectif socialiste de patients [Sozialistisches PatientenKollektiv] Séminaire « INHALab. Association ATHAMAS – Art et antipsychiatrie »

SPK, Brickwerks, 6 mars 1982, performance, briqueterie désaffectée, Sydney Park, Sydney © SPK / Twin Vision.

Sixième séance du séminaire d’Athamas – Art et Antipsychiatrie : « Rencontre avec Graeme Revell autour du groupe de musique industrielle SPK et du Sozialistisches PatientenKollektiv »

En 1978, l’artiste néo-zélandais Graeme Revell crée le projet de musique industrielle SPK en prenant comme repère théorique les concepts du collectif allemand marxiste radical dénommé Sozialistisches PatientenKollektiv (S.P.K.), groupe convaincu que le capitalisme était en soi créateur de maladies mentales et dont les idées se développent dans l’ouvrage Faire de la maladie une arme (1972). La formation industrielle prend pour cible les expériences cliniques menées par certains établissements spécialisés (électrochocs, implants cérébraux, privation sensorielle) et condamne ainsi, sans équivoque, les formes répressives des conditions de vie des patients en milieu psychiatrique par l’emploi du choc en image. En témoigne la publication des livrets Dokument One et Dokument Two, qui combinent un large choix d’images morbides, de patients souffrants de malformations physiques, de schémas scientifiques, d’expériences psychiatriques et d’images pornographiques recyclées, pour tester les seuils de tolérance du sujet face à l’image insoutenable. Le sentiment de répulsion agit alors sur le mode d’un memento mori destiné à parer la façon dont les médias occultent toutes représentations mortuaires pour ne privilégier que la promotion du corps en bonne santé. Le groupe SPK s’efforce ici, par des stratégies de repoussoir, de se confronter à ce que Jean Baudrillard nomme le « vertige de la mort désaffectée » (L’Échange symbolique et la mort, 1976) : référence largement étudiée et exploitée par Graeme Revell, infirmier de secteur psychiatrique dans un hôpital public de Sydney durant les années 1970. Aujourd’hui compositeur de musique de films (The Crow, Strange Days, Sin City, Planet Terror…), Graeme Revell abordera tout au long de cette présentation la façon dont il a inscrit la pensée de l’antipsychiatrie dans une pratique artistique multimédia qui a des résonances très actuelles dans la création contemporaine, autour notamment d’une circulation accélérée entre les médias.

Séance en anglais

Intervenants

  • Nicolas Ballet (historien de l’art, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
  • Graeme Revell (artiste, compositeur) 

À propos du séminaire « INHALab. Association ATHAMAS »

Créée en 2018, l’association ATHAMAS rassemble des chercheurs en histoire de l’art autour d’un projet visant à interroger les pratiques artistiques expérimentales de la deuxième moitié du XXe siècle à nos jours, et les théories de l’antipsychiatrie qui apparaissent et se développent au cours des années 1950 à 1970. Son ambition est d’initier une plateforme interdisciplinaire de recherche destinée à fédérer des initiatives engagées dans le domaine d’une porosité entre productions visuelles et antipsychiatrie.

Voir le programme complet du séminaire

Membres fondateurs

  • Nicolas Ballet (docteur en histoire de l’art contemporain, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
  • Aurore Buffetault (doctorante en histoire de l’art contemporain, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, chargée d’études et de recherche, INHA)
  • Hélène Gheysens (doctorante en histoire de l’art contemporain, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
  • Sandrine Meats(doctorante en histoire de l’art contemporain, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).

Comité scientifique :

  • Alfredo Aracil (chercheur et commissaire d’exposition indépendant, en résidence à Buenos Aires)
  • Marc Bellini (enseignant, École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris)
  • Élise Grandgeorge (doctorante, laboratoire HAR, Université Paris Nanterre)
  • Bénédicte Maselli (enseignante, Classe préparatoire de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon).

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Informations pratiques

5 juin 2019 - 18h - 20h
Galerie Colbert, auditorium
Institut national d'histoire de l'art
6, rue des Petits-Champs ou 2, rue Vivienne 
75002 Paris

Entrée libre