Des images que l'on mangeRencontres du Centre André Chastel

Il fut un temps, pas si lointain, où les images n’étaient pas simplement regardées ou contemplées, mais ingérées. Produites pour être avalées (hosties, figures en massepain, sculptures alimentaires…) ou détournées de leur destination première pour être incorporées (icônes, fresques et images de dévotion), elles étaient "consommées" par la bouche et non par les yeux.

Cette autre manière d’être aux images nous est à peu près incompréhensible aujourd’hui. Il convient, dès lors, d’y regarder de plus près en procédant d'abord à un inventaire. Les images peuvent, en effet, être en matière(s) comestible(s) ou non, bi ou tridimensionnelles, consommées entières ou en partie (grattées, broyées, mélangées ou diluées), elles peuvent être par ailleurs incorporées pour des raisons rituelles (hostie), dévotionnelles et apotropaïques (santini et talismani eduli, Schluckbildchen), ou encore culturelles (les mets « sculptés » des compagnies florentines). Leur variété de conception et d’emploi appelle donc un peu de distinction.

Mais au-delà de ces spécificités, il importe également d’aborder ces images et ces pratiques de manière globale en conjuguant questionnements anthropologique et historique : quelle connaissance peut nous apporter ce « phénomène » sur le statut des images, leur matérialité, leur relation au corps ou encore la puissance dont elles ont parfois été investies ? Quels liens ces artefacts et leurs usages peuvent-ils entretenir, à l’époque moderne, avec le topos poétique de la dévoration métaphorique des images ?

Intervenant

  • Jérémie Koering

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Informations pratiques

1er juin 2016 - 18h30
Galerie Colbert, salle Ingres
Institut national d’histoire de l’art
2, rue Vivienne ou 6 rue des Petits Champs
75002 Paris

entrée libre