À la recherche d’une esthétique en histoire de l’art. « L’esthétique des beaux-arts » selon Jacob Burckhardt. Oskar Bätschmann, Zürich

28 mai 2009
18h- 20h
Centre allemand d'histoire de l'art
10, Place des Victoires
75002 Paris

À la recherche d'une esthétique en histoire de l'art. « L'esthétique des beaux-arts » selon Jacob Burckhardt.

Dans les années 1860, Jacob Burckhardt présentait dans son cours magistral « L'esthétique des arts plastiques » Ce cours n'a été publié qu'en 1992. Il présente un intérêt particulier pour la relation, telle que la concevait Burckhardt, entre l'histoire de l'art (comme matière académique) et l'esthétique.

Sujet annuel :

Poïésis. Sur le faire en art

L'image de l'artiste et de son activité spécifique est périodiquement l'objet de réévaluations radicales. Face aux ready-made et à l'art performatif, l'idée de l'artiste comme producteur-créateur a subi un glissement vers celle d'un médiateur communiquant une expérience esthétique (même s'il s'agit bien là aussi d'une activité).
Prenant en considération cette appréciation renouvelée de l'acte artistique, nous souhaitons consacrer notre sujet annuel 2009-2010 à la poïésis en tant que force productrice de l'artiste et de l'art.

Nous distinguons un certain nombre de points de vue.
Tout d'abord, en recourant au sens étymologique du mot, il s'agit d'étudier l'activité artistique en tant que telle. Partant du point de vue de l'artiste, nous aimerions contribuer à une théorisation de la productivité artistique en considérant les réflexions des artistes sur leur pratique esthétique, telles qu'elles se manifestent dans les traités, manuels et récits. Il s'agira d'inclure également les écrits et traités académiques, ainsi que les recherches sur le fonctionnement des ateliers d'artistes afin de savoir si une poétique esthético-artistique peut se laisser saisir à partir d'exemples concrets, historiques et actuels.
Outre les questions de la démarche artistique, de la technique, du matériau utilisé et des conditions de travail, nous pensons à l'interaction entre l'œuvre d'art et l'artiste, entre l'image comme agent au sens large et l'acte créateur, ce qui inclut des dimensions esthétiques comme l'autopoïésis.

Une deuxième approche de la poïésis devra éclairer le terme d'image : au sens le plus large du terme, les images peuvent être considérées comme activité imageante qui - en analogie avec un acte de langage - ne peut se résumer à une simple traduction d'un événement ou une réaction à ce dernier (attribuant ainsi à l'image une fonction ancillaire) mais génère véritablement des faits dans leur dimension historique. En adoptant une perspective élargie du concept d'activité imageante, de la poïésis iconique, nous aimerions examiner comment les images façonnent une réalité pour leur spectateur et la rendent accessible de façon iconique. Cette question est à mettre en relation avec la discussion sur la poïésis en tant que création de sens, au sein d'une logique iconique.
Si l'on aborde le concept du point de vue de la pensée, la question centrale est de savoir comment les images peuvent déclencher et transmettre un processus cognitif et une connaissance de la réalité - le « faire » des images. Dans une perspective interdisciplinaire sont impliquées des interrogations anthropologiques (« art and agency ») et littéraires (critique génétique).

En accord avec l'orientation internationale du Centre allemand d'histoire de l'art, le traitement du sujet tentera de considérer tout particulièrement les points de vue français et allemands, mais aussi les termes du débat anglo-américain. Le travail de recherche des boursiers sera encadré par des workshops et ateliers de lecture et inclura un programme de conférences et d'excursions.
L'année d'étude sera clôturée par un colloque scientifique.

Un appel à candidature pour une bourse annuelle s'adresse aux doctorants en histoire de l'art (ou d'une discipline proche) dont le sujet touche au thème annuel exposé ci-dessus. Nous souhaitons que le sujet soit abordé par des études de cas dans une perspective diachronique, internationale et incluant tous les genres artistiques. Les doctorants inscrits dans d'autres disciplines mais versés en histoire de l'art et dont les thèmes de recherche touchent clairement aux arts visuels sont également encouragés à poser leur candidature.

Direction :
Andreas Beyer (Centre Allemand d'Histoire de l'Art) et Dario Gamboni (Département d'histoire de l'art, université de Genève).

Pour plus d'informations :
Centre allemand d'histoire de l'art
www.dtforum.org