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Un métier des bibliothèques : chargé de transferts de collections
Un métier des bibliothèques : chargé de transferts de collections
Alix Saunier, qui a activement participé au transfert des collections de la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art, de la salle Ovale vers la salle Labrouste, et gère aujourd’hui les entrées de nouveaux fonds, évoque pour nous son métier et ses missions.
Votre métier ? Vos missions ?
Mes missions ont évolué au fil du temps depuis mon arrivée à la bibliothèque en 2016. J’ai été recruté pour préparer et encadrer le transfert des 22 km de collections de la bibliothèque de l’INHA et de la BCMN, c’est-à-dire de déterminer la stratégie d’implantation des différents ensembles de collections, en collaboration avec les conservateurs et les magasiniers. C’est une tâche qui a nécessité de prendre en compte et d’accorder entre elles plusieurs contraintes : favoriser la proximité de la banque de communication pour les collections les plus consultées, faciliter le prélèvement tout en respectant les principes de conservation préventive, assurer la sûreté des collections précieuses, le tout coordonné selon une logique globale d’accroissement qui soit la plus pérenne possible.
Plan au sol de l’implantation des cotes in 4°, tableau Excel, cliché A. Saunier
Et depuis la réouverture de la bibliothèque ?
Le déménagement d’une bibliothèque comprend également l’intégration de fonds de collections qui ont été transférés en même temps que les collections communicables, mais n’ont jamais été traités intellectuellement. Les informations sur la provenance et la raison d’être initiale de ces « reliquats » ont parfois été perdues, et les collègues les plus anciens, qui sont la véritable mémoire de la bibliothèque, nous mettent sur la piste. Ce travail d’identification et de traitement a commencé quelques mois avant l’ouverture de la salle Labrouste et s’est poursuivi pendant près d’un an, avec l’aide de moniteurs étudiants.
Au service de la Conservation et des Magasins depuis 2018, je gère l’optimisation de l’implantation des collections et de leurs conditions de conservation. L’espace d’accroissement est un problème récurrent des bibliothèques, et il l’est plus encore dans une bibliothèque de conservation, qui ne peut légalement pas se séparer de documents (désherber). C’est pourquoi certaines de nos collections les moins consultées sont externalisées et stockées au CTLes à Bussy-Saint-Georges.
Votre parcours en quelques mots ?
J’ai d’abord été moniteur étudiant à la bibliothèque, en même temps que je finissais de rédiger mon master 2 en histoire de l’art. J’ai par la suite occupé un poste d’assistant bibliothécaire (BIBAS), puis obtenu le titre de Bibliothécaire-documentaliste au terme d’une VAE.
Participez-vous au service public ?
Bien sûr, comme tous mes collègues bibliothécaires, je participe à l’inscription des lecteurs, j’effectue des permanences au bureau d’accueil de la salle Labrouste ainsi que dans l’espace Jacques Doucet dédié à la consultation des documents patrimoniaux. C’est très différent de mon travail quotidien, mais j’apprécie particulièrement la possibilité d’orienter les recherches bibliographiques des lecteurs et de faciliter leur utilisation des outils ad hoc !
Une particularité intéressante ?
En complément des acquisitions courantes, qui viennent peu à peu occuper l’espace disponible sur nos étagères, nous faisons régulièrement entrer des fonds de collections ou d’archives, donnés par des particuliers. Je travaille en collaboration avec les conservateurs des différents services de la bibliothèque : le Service du développement des collections ou celui du catalogue, lorsque nous complétons nos collections avec les livres de la bibliothèque d’un particulier, ou le Service du patrimoine s’il s’agit d’un fonds d’archives. C’est un aspect assez enthousiasmant du travail, car nous sommes amenés à rencontrer des personnalités ou à nous rendre dans des lieux emblématiques.
Le transfert d’un fonds de particulier implique une intervention des experts de la conservation qui s’assurent de la salubrité des documents qui entrent dans les magasins de la bibliothèque. Le contenu d’un fonds peut parfois mobiliser les conservateurs de plusieurs services différents. Ces derniers temps, je travaille à l’élaboration d’une procédure d’entrée des fonds, sous la forme d’un formulaire détaillé, inspiré de ceux qu’utilisent les Archives Nationales, et que nous avons évidemment adapté aux moyens dont dispose la bibliothèque de l’INHA.
Estimation de la volumétrie d’un fonds de diapositives chez un particulier, 2020. Cliché INHA
Une réflexion à propos de votre métier ?
C’est un sentiment assez particulier que d’être de l’autre côté, dans une bibliothèque de recherche, par rapport aux lecteurs. Le bibliothécaire dispose de kilomètres linéaires de savoirs contenus dans des livres qu’il met à la disposition du public. C’est palpable. Le métier évolue en permanence, et évoluera plus encore avec la numérisation et la transition bibliographique. Les outils de découverte comme Recherche + changent la temporalité de la recherche car ils facilitent considérablement l’accès à l’information. Mais l’expertise du bibliothécaire, son art de chercher, en quelque sorte, sera toujours à même de faire face à la quantité de plus en plus importante de résultats pour une recherche spécifique.