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Christelle Téa : pouvoir enfin dessiner la salle Labrouste
Christelle Téa : pouvoir enfin dessiner la salle Labrouste
Certain·es d’entre vous l’ont peut-être aperçue dans la salle, sage silhouette ponctuée d’un ravissant petit bibi… Christelle Téa nous dévoile sa passion.
Vous, en quelques mots ?
Diplômée de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2015, je suis artiste dessinatrice. Je dessine directement ce que je vois, sur le vif, sans ébauche : pas de crayonné avant, pas de traits de construction. Ce sont les détails qui m’intéressent. Mon atelier est le monde qui m’entoure.
Votre fréquentation de la bibliothèque ?
Pour le moment, je ne suis venue que pour dessiner ! Bien sûr, je connaissais la salle Labrouste, dont j’avais gardé un souvenir émerveillé en la découvrant lors de l’exposition de Sophie Calle « Prenez soin de vous » en 2008. À l’époque, j’étais étudiante et j’avais demandé l’autorisation de dessiner cette salle, mais cela n’avait pas abouti. Récemment, lors d’une conférence à l’INHA, j’ai eu l’opportunité de rencontrer Juliette Trey, directrice adjointe du département des Études et de la recherche dans cet institut, et c’est elle qui m’a proposé de venir dessiner à la bibliothèque, ce dont je rêvais.
Christelle Téa dessinant dans la salle Labrouste, bibliothèque de l’INHA. © Christelle Téa
Plutôt salle Labrouste ou magasin central ?
Mon endroit idéal pour dessiner est plutôt la salle Labrouste que je trouve magnifique, avec sa lumière naturelle, sa hauteur de plafond, ses détails architecturaux, son mobilier, ses étagères, ses collections anciennes et l’ambiance qui y règne.
Chrsitelle Téa, Salle Labrouste, bibliothèque de l’INHA, BNF Richelieu, 8.II.2020. Encre de Chine sur papier, 65 X 50 cm
Et en ce qui concerne les collections ?
J’avais tellement hâte de pouvoir dessiner que je ne me suis pas encore penchée sur les collections de la bibliothèque de l’INHA. Cependant, lorsqu’elle rouvrira ses portes, j’ai très envie d’explorer le libre accès ainsi que les ressources des fonds patrimoniaux et de découvrir par exemple les estampes d’Albrecht Dürer ou de Goya.
Avec quel matériel travaillez-vous ?
J’utilise du papier grand format : 50 x 65 cm, appelé format raisin. Et de l’encre de Chine avec un rapidograph qui est rechargeable. Et c’est tout. Avec cette technique, il n’y a pas de repentir possible… Lorsque je commence un dessin, je ne sais pas à quoi m’attendre, il y a toujours un effet de surprise, un peu comme avec la photographie argentique : on ne connaît le résultat qu’après le développement. Je commence toujours par réaliser un détail et petit à petit, à partir de celui-ci, cela va s’étoffer.
Combien de temps pour réaliser un dessin ?
En principe pour un dessin, je compte six à dix heures de travail. Idéalement en une seule séance. Généralement, j’arrive le matin et je travaille jusqu’au soir.
Un détail insolite dans la salle de lecture ?
J’aime beaucoup les deux statues monumentales de part et d’autre de l’entrée du magasin central ainsi que les fresques arborées qui me rappellent les paysages d’Hubert Robert. J’ai envie de citer aussi les lampes aux abat-jours en opaline et une myriade de petits détails comme les rayures des tables et les plaques ovales gravées portant un numéro.
Christelle Téa. A gauche, Salle Labrouste, bibliothèque de l’INHA, BNF Richelieu, 18.II.2020. Encre de Chine sur papier, 65 X 50 cm. A droite, Vue depuis l’espace de reproduction vers le magasin central, bibliothèque de l’INHA, BNF Richelieu, 29.II.2020. Encre de Chine sur papier, 50 X 65 cm
Vos sujets du moment ?
Deux expositions dont l’ouverture était prévue au mois de mars, et qui sont donc reportées à une date encore inconnue, accueillent mes dessins.
Il y a l’exposition Musées dessinés au musée Cognacq-Jay. Elle rassemble un corpus d’une soixantaine de dessins réalisés dans les musées de la Ville de Paris.
Et celle intitulée Christelle Téa à la Propriété Caillebotte, qui se tient à l’orangerie de la Propriété Caillebotte à Yerres. Elle présente une série d’une trentaine de dessins du parc, du potager et du Casin.
Mon prochain projet de dessins se déroulera à la Grande Galerie de l’Evolution du Muséum national d’histoire naturelle. Après avoir dessiné dans ses réserves, j’ai fini par obtenir l’autorisation de dessiner dans ce lieu mythique !
Que dessinez-vous actuellement, suite au confinement ?
Comme je ne peux pas sortir, je dessine des natures mortes chez moi. Par exemple, je peux représenter ce que je mange : légumes, pâtisseries… J’utilise aussi l’aquarelle en complément de l’encre de Chine : tout dépend de mon inspiration.
L’essentiel est que je puisse continuer à dessiner : dessiner c’est respirer !
Christelle Téa, Radis, 14.III.2020. Encre de Chine et aquarelle sur papier, 26 X 36 cm
Nous remercions l’artiste pour les dessins © Christelle Téa, qu’elle nous a aimablement communiqués.