Informations sur l’INHA, ses actualités, les domaines et programmes de recherche, l’offre de services et les publications de l’INHA.
Rencontre avec Elliot Adam, pensionnaire à l’INHA
Mis à jour le 7 mai 2025
Paroles
Elliot Adam est docteur en histoire de l’art de Sorbonne Université (Centre Chastel), spécialiste de la peinture en France et dans les anciens Pays-Bas au XVe siècle. Sa thèse, intitulée « De blanc et de noir. » La grisaille dans les arts de la couleur en France à la fin du Moyen Âge (1430-1515), a reçu le prix L’Art et l’Essai 2024. Au fil des ans, il a enseigné l’histoire de l’art du Moyen Âge dans plusieurs universités, en particulier comme A.T.E.R. à l’Université de Lille de 2021 à 2023. Entre autres travaux, il a notamment publié avec Sophie Caron l’ouvrage La Maison Changenet. Une famille de peintres entre Provence et Bourgogne vers 1500 (Paris, Louvre Éditions/In Fine, 2021).
Vous, en quelques mots ?
Je m’appelle Elliot Adam, je suis enseignant-chercheur, historien de l’art du Moyen Âge, et spécialiste de la peinture du XVe siècle en France et dans les anciens Pays-Bas.
J’ai soutenu une thèse de doctorat en 2023 à Sorbonne Université, sur la pratique de la grisaille dans les arts de la couleur en France, entre 1430 et 1515, et je travaille plus largement sur ces approches des usages de la couleur et, ici, de l’or à l’INHA.
Que faites-vous à l’Institut national d’histoire de l’art ?
Je suis pensionnaire au sein du département des études et de la recherche de l’Institut national d’histoire de l’art, rattaché au domaine histoire de l’art du XIVe au XIXe siècle, et au programme AORUM, analyse de l’or et de ses usages comme matériaux picturaux, coordonné par Romain Thomas.
Comment votre sujet de recherche peut-il contribuer à notre compréhension de la société contemporaine ?
Il me semble que la présence de l’or dans la peinture, d’un métal parmi les pigments, interroge assez directement la manière dont on peut aujourd’hui regarder les œuvres d’art au XXIe siècle.
On voit que dans les musées, les éclairages sont faits de telle manière que l’éclat métallique de l’or se trouve effacé, puisqu’on essaie de gommer les reflets, et de cette façon finalement, l’or est à la fois invisibilisé dans l’historiographie et en même temps invisible dans les musées.
Il me semble aussi que dans le monde numérique dans lequel nous vivons aujourd’hui, c’est assez intéressant de travailler sur un matériau qui résiste.
Finalement, ça pose aussi la question de savoir comment transposer cette caractéristique matérielle dans une image numérique, notamment à l’heure où se développent de plus en plus des projets d’exposition virtuelle ou d’expériences en réalité augmentée de l’œuvre d’art.
Un objet, une image, une personnalité qui vous inspire en tant qu’historien de l’art ?
J’ai été marqué dans mon parcours par plusieurs enseignants qui ont été très importants dans mon développement scientifique, mais je pense tout particulièrement à Nicole Reynaud, qui fut la grande collaboratrice de Charles Sterling au musée du Louvre, qui fut aussi l’une des plus grandes historiennes de la peinture du XVe siècle en France.
Elle fut aussi l’une des premières à s’intéresser à l’usage de l’or et de la couleur, notamment dans le registre des manuscrits enluminés.
Ces archives, qui sont maintenant déposées au musée du Louvre, nous permettent aussi de nous interroger sur les outils de l’historien de l’art et la manière dont ces outils peuvent ou non déterminer le champ de ses études, puisqu’on voit par exemple que jusqu’aux années 2000, les techniques de reproduction ne permettaient pas d’avoir une image fiable des couleurs ou de l’or.
Et donc cela interroge la façon dont on pouvait étudier ces aspects de la matérialité avant notre ère numérique.
Un souvenir marquant face à l’art ?
J’ai un souvenir marquant face à l’or. Alors que je préparais un mémoire sur la pratique du camaïeu d’or dans l’enluminure du XVe siècle, qui est une pratique qui consiste à peindre une composition à l’aide de seules rehausses d’or liquide qu’ils ont appliquées sur un fond monochrome.
Et j’avais en main un livre d’heures de la fin du XVe siècle, enluminé entièrement selon ce procédé, et j’ai approché une bougie à l’aide de ces miniatures, et je me suis rendu compte que tout à coup, les personnages qui étaient peints en or prenaient vie, s’animaient, en suivant en fait l’oscillation de la flamme.
Et je crois que c’était une expérience assez marquante pour comprendre aussi qu’il fallait considérer avec beaucoup d’intérêt les conditions de visibilité des œuvres d’art, pour comprendre la manière aussi dont elles avaient pu être peintes et conçues par l’artiste.
Voir cet entretien en vidéo
Paroles : rencontre avec Elliot Adam, pensionnaire à l’INHA