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Journées européennes du patrimoine 2019
Mis à jour le 17 septembre 2019
Les trésors de l'INHA
Exposition "Fêtes nocturnes"
Journées européennes du patrimoine 2019Exposition « Fêtes nocturnes »
Les 36e Journées européennes du patrimoine, dédiées aux « Arts et divertissements », se dérouleront les samedi 21 et dimanche 22 septembre 2019. Pour les accompagner, la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art propose une exposition intitulée « Fêtes nocturnes ». Elle fait écho à la conférence « Nuits Capitales » que donneront Antoine de Baecque et Antonella Fenech Kroke le samedi en galerie Colbert.
La bibliothèque de l’INHA conserve une des plus riches collections de livres de fêtes au monde. Réduire le thème de l’exposition aux festivités nocturnes a facilité la sélection des documents.
Jan van Vianen, Afbeelding van het vúúrwerk theater en ornamenten opgeregt door ordre van haar Edele Groot Mogende de Heerenstaten van Hollandt en West Vrieslandt…, burin aquarellé, vers 1703, bibliothèque de l’INHA, OC 110. Cliché INHA
L’activité nocturne est évidemment conditionnée par l’éclairage et par son développement technologique. Sous l’Ancien Régime, la vie est strictement rythmée par le lever et le coucher du soleil ; seules les grandes familles sont assez riches pour éclairer durablement la nuit. Et elles ne manquent aucune occasion de le faire : illuminations, feux d’artifices, bals manifestent leur puissance.
[Adrien Provost], Château des fleurs, le bal (Album des bals, fêtes & promenades, de Paris et ses environs, vers 1850), lithographie coloriée, bibliothèque de l’INHA. Cliché INHA
Ce n’est qu’au XIXe siècle, et notamment avec l’arrivée du gaz dans les années 1820-1850, que l’éclairage nocturne se démocratise progressivement. C’est alors que les bals connaissent un essor sans précédent, et s’ouvrent à des publics de plus en plus variés. Là s’élaborent la polka et le french cancan ; c’est l’ère des music-halls et des caf’conc ; la fête nocturne devient quotidienne.
Edgar Degas, Aux Ambassadeurs, Mlle Bécat, lithographie, vers 1875, bibliothèque de l’INHA, EM DEGAS 44. Cliché INHA
L’exceptionnelle collection d’estampes modernes de la bibliothèque illustre combien ces nouveautés ont inspiré les artistes du temps : dans l’atmosphère surchauffée des bals et des salles de spectacle, Degas, Toulouse-Lautrec, Bonnard, Forain essaient des points de vue inédits, s’approprient les effets violents des nouveaux éclairages.
Henri de Toulouse-Lautrec, Miss Loïe Fuller, lithographie coloriée, 1893, bibliothèque de l’INHA, EM TOULOUSE-LAUTREC 49b. Cliché INHA
Contrairement à ce qu’on imagine parfois, l’avènement de l’électricité fut lent et incertain, mais il bouleversa encore les pratiques nocturnes. La carrière de la Loïe Fuller en témoigne. Pionnière de la danse moderne et contemporaine, elle fut une des premières à exploiter les potentialités scéniques de la lumière électrique, dans les années 1890.
Dans l’Entre-deux-guerres, la nuit urbaine offre un visage contrasté que Brassaï restitue parfaitement dans son célèbre album Paris de nuit : d’un côté les monuments illuminés, les voitures de luxe aux abords du bois de Boulogne, les lieux de plaisirs brillant de mille feux ; de l’autre les boulevards sinistres, les cimetières, les chats, le peuple miséreux et laborieux de la nuit qui s’affaire sur le pavé, sur les rotatives ou devant le four à pain. Mais la modernisation n’arrête pas sa marche et le musée du Louvre, en réorganisation depuis le milieu des années 1920, abandonne définitivement l’antique éclairage à la lampe à huile. Grâce à son électrification, il s’ouvre pour la première fois en nocturne en mars 1936, quelques semaines avant la victoire du Front populaire. Un Guide du visiteur, illustré de photographies de Laure Albin Guillot, paraît l’année suivante. De nouveaux publics, travaillant le jour, peuvent désormais accéder au musée.
L’exposition se tiendra tout le weekend dans l’allée centrale de la bibliothèque, salle Labrouste, de 10h à 19h.
Jérôme Delatour
Service du patrimoine