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Frédéric Tixier : un universitaire entre Lorraine et Île de France
Frédéric Tixier : un universitaire entre Lorraine et Île de France
Lors des dernières Journées Européennes du Patrimoine, Frédéric Tixier, maître de conférence en histoire de l’art médiéval, était présent pour soutenir son élève Marie-Amélie Pons1. Cette dernière, venue de Lorraine, avait été sélectionnée par un jury et bénéficié d’une aide de l’INHA pour participer à « Mon Master en Histoire de l’Art en 180 secondes », sous les médaillons des hommes célèbres de la Salle Labrouste.
Quinze ans auparavant, jeune étudiant en maîtrise, il commençait à fréquenter la bibliothèque de l’INHA alors installée dans la salle Ovale.
Vous, en quelques mots ?
Depuis 2013, je suis maître de conférence en histoire de l’art médiéval à l’Université de Lorraine sur le campus de Nancy . L’Institut national d’histoire de l’art a joué un rôle important dans mon parcours car pendant ma thèse entre 2005 et 2009, j’ai été chargé d’études et de recherche dans cette institution pour l’axe Moyen Âge. Je garde un bon souvenir de cette période où j’ai fait la connaissance de nombreux chercheurs qui m’ont chacun, à leur manière apporté une aide précieuse. Après l’obtention de ma thèse, [La Monstrance Eucharistique2, du milieu du XIIIe siècle aux environs de 1600], sous la direction du Professeur Jean-Pierre Caillet, à l’université Paris Nanterre, j’ai continué en tant qu’ATER à l’université de Nantes, puis effectué un passage par le CNRS, avant d’arriver à Nancy. Auparavant responsable de la licence Histoire de l’art et Archéologie, je dirige maintenant le département Histoire de l’art et Archéologie. Une des spécificités de l’université de Lorraine qui comprend Metz et Nancy est que l’histoire de l’art et l’archéologie ne sont enseignées qu’à Nancy alors que pour les autres disciplines tout est en doublon. Nous sommes autrement dit un département universitaire monosite !
Monstrance-reliquaire, 1ère moitié du XIVe siècle, Eymoutiers, musée des Beaux-Arts, Limoges. Cliché F. Magnoux
Mes domaines de recherche se concentrent pour l’essentiel sur les arts de la couleur au Moyen Âge et au début de la Renaissance, en particulier l’étude de pièces d’orfèvrerie religieuses et de leur ornementation. Je travaille également sur certaines questions iconographiques de l’époque médiévale comme sainte Claire d’Assise et sainte Agathe de Catane. Un dernier aspect de mes travaux concerne l’étude des grandes collections d’objets d’art du Moyen Âge et de leur réception au XIXe et au début du XXe siècle.
Buste reliquaire de sainte Agathe, 1376, trésor de la cathédrale, Catane. Archevêché de Catane
Votre fréquentation de la bibliothèque ?
Ma fréquentation dépend de mes semaines de cours. J’essaie de venir au minimum une à deux journées par semaine. Avant ma thèse j’arrivais très tôt, mais à présent un peu moins. Et puis j’ai parfois des problèmes de train …
Plutôt salle Labrouste ou magasin central ?
Sans hésitation : la salle Labrouste, même si c’est moins calme. Je n’aime pas travailler si je n’ai pas la lumière naturelle. Il m’est arrivé une ou deux fois de devoir m’installer dans le Magasin central uniquement parce qu’il n’y avait plus de place dans la salle. Je privilégie les places soit du côté de l’espace Doucet, soit près des lecteurs de microformes, et plutôt dans le sens face à la porte pour éviter les reflets de la grande verrière sur l’ordinateur. Les espaces réservés aux professeurs à l’entrée de la salle sont à mon sens moins bien situés que ne l’étaient les « places Colbert » attribuées aux enseignants et chargés d’études du temps de la salle Ovale.
Un détail insolite de la salle de lecture ?
Même si ce n’est pas insolite, j’aime beaucoup les lampes vertes pour leur forme élégante et la lumière pas trop agressive qu’elles diffusent. Cet éclairage avait été bien pensé3. Par ailleurs les tables offrent une surface de travail suffisante. Le petit souci est que les prises de certains ordinateurs, dont le mien, ne rentrent pas à cause du léger débord de la partie ouvragée centrale.
Frédéric Tixier, espace Jacques Doucet, 2019. Cliché Marc Riou
Une grande trouvaille dans les collections ?
J’ai remarqué dans le libre accès au niveau 1 du Magasin central un ouvrage en deux volumes qui est assez rare. Il s’agit de l’Oeuvre de Limoges de Ernest Rupin de 1890 : une publication sur la production émaillée de la fin du Moyen Âge sur laquelle je travaille. L’ouvrage a été publié à Brives en un seul volume, or celui-ci, publié à Paris, est en deux volumes : c’est le seul à ma connaissance, c’est une particularité.
Pyxide (ou réserve à hosties), émail limousin, milieu du XIIIe s., BnF, N° d’inventaire : inv. n° 55.413
J’ai une seconde trouvaille en lien avec mon sujet du moment …
Votre sujet du moment ?
Ponctuellement je diversifie un peu mes axes de recherche : actuellement je sors de ma spécialité, l’orfèvrerie du Moyen âge, pour me concentrer sur les gravures du XVIe siècle. Dans le cadre d’un colloque organisé par mon laboratoire à Verdun, j’ai notamment travaillé sur les planches d’un post-incunable Les Antiquités de la Gaule Belgique, écrit par un archidiacre de Verdun, Richard de Wassebourg, et publié en 1549 à Paris. Son frontispice est particulièrement intéressant car il reprend le bois d’un très célèbre ouvrage intitulé Le Songe de Poliphile. C’est un magnifique bois gravé qui vient d’être attribué par Dominique Cordellier, conservateur en chef au département des Arts graphiques du Louvre, au grand artiste de la Renaissance, Luca Penni Or la bibliothèque possède dans le fonds patrimonial cette remarquable édition française de 1546 du Songe de Poliphile (4 res 1265).
Colonna Francesco, Hypnerotomachie ou Discours du Songe de Poliphile […], 1561, bibliothèque de l’INHA, 4 Res 1265
Des souhaits de nouveaux services à la bibliothèque ?
La bibliothèque propose des ressources et des services de qualité. Le libre accès constitue un outil précieux. Le Prêt entre bibliothèques satisfait enseignants et étudiants. Incontestablement la restauration de la bibliothèque est une réussite. Le petit bémol est un éloignement avec le personnel de la bibliothèque. On a perdu un petit peu de la convivialité et des relations humaines qu’il y avait dans la salle Ovale. Lorsque nous nous retrouvions entre chercheurs aux places Colbert, on savait quel collègue était là et nous pouvions discuter. Cela arrive beaucoup plus rarement, ce qui permet aussi de travailler, mais je trouve cela un peu dommage …
Notes
1. Marie-Amélie Pons, Une église fortifiée aux confins de la Lorraine : Sainte-Agathe de Longuyon (XIIe-XIIIe siècles)
2. Ostensoir
3. Rappelons qu’à l’ouverture de la salle Labrouste il n’y avait que la lumière du jour … L’installation de l’électricité remonte aux années 1920, avec la mise en place sur les tables de quatre vingt huit lampes avec abat-jour céladon. Au début des années 80, des lampes à abat-jour façon bronze vieilli viendront pour certaines remplacer des abat-jours cassés et d’autres grossir les rangs de celles à abat-jour en opaline. Des photos de la salle Labrouste prises en 1937 par Gisèle Freund, qui effectuait alors un reportage sur les bibliothèques de Paris, montrent que les lampes vertes étaient davantage espacées, et donc moins nombreuses qu’actuellement.