Pierre Delib, Portrait en buste de Maxime Collignon (1849-1917), [s. d.], Saint-Germain-en-Laye, musée d'Archéologie nationale, © Marie-Hélène Thiault. Tirage sur papier au gélatino-bromure d'argent, virage sépia, 16,1 x 11,2 cm.

Auteur(s) de la notice : JOCKEY Philippe

Helléniste, archéologue, professeur d’université

Autres activités
Membre puis président de la Société nationale des antiquaires de France, membre puis président de l’association des études grecques, secrétaire du Conseil supérieur des musées nationaux, aquarelliste

Sujets d’étude
Arts figurés de la Grèce antique (sculpture, céramique, terres cuites), mythologie grecque, architecture grecque, archéologie classique (histoire et enseignement )

Carrière
1868-1872 : élève de l’École normale supérieure (6e) ; y suit notamment l’enseignement de Georges Perrot
1872 : agrégé des lettres (2e) ; nommé professeur de rhétorique au lycée de Chambéry et chargé du cours de littérature française à l’École des sciences et lettres
1873-1876 : membre de l’École française d’Athènes (sous la direction d’Albert Dumont)
1876 : voyage en Asie Mineure : exploitation des régions les plus méridionales, largement méconnues jusqu’alors, en compagnie de l’abbé Duchesne (futur directeur de l’École française de Rome) ; après un compte rendu préliminaire cosigné avec ce dernier, « Rapport sur un voyage archéologique en Asie Mineure » (Bulletin de correspondance hellénique, 1, 1877, p. 361-376), publie en 1897 ses Notes d’un voyage en Asie Mineure, illustré de ses propres mains ; à son retour, chargé de cours d’antiquités grecques à la faculté des lettres de Bordeaux ; un décret du 6 mars 1876 crée la première chaire d’archéologie à Paris (Sorbonne), qui est occupée par Georges Perrot : lui succédera en 1900
1877 : l’enseignement universitaire de l’archéologie s’étend aux grandes métropoles régionales, Lyon, Toulouse, Bordeaux ; publie sa thèse complémentaire Quid de Collegiis epheborum apud Grecos, excepta Attica, ex titulis epigraphicis, commentari liceat, puis principale Essai sur les monuments grecs et romains relatifs au mythe de Psyché
1878 : docteur ès lettres
1879 : soutenance du doctorat soutenu ; nommé professeur d’antiquités grecques à la faculté des lettres de Bordeaux
1883 : suppléant de Georges Perrot – nommé à la tête de l’École normale supérieure (1904) – à la faculté des lettres de Paris
1886 : chargé de cours d’archéologie à la faculté des lettres de Paris
1893 : membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres
1896 : membre du Conseil des musées nationaux (à ce titre, a la haute main sur les acquisitions d’œuvres antiques)
1900 : professeur d’archéologie à la faculté des lettres de Paris, élu à la chaire de Georges Perrot
1904 : président de l’Académie des inscriptions et belles-lettres
1914 : succède à Georges Perrot, décédé, à la direction des Monuments Piot (« Monuments et Mémoires publiés par l’Académie des inscriptions et belles-lettres »)

Étude critique

Maxime Collignon est de ces archéologues dont le parcours d’excellence, au XIXe siècle, se confond avec la tradition française des concours. Ses succès à celui de l’École normale supérieure (1868), puis à l’agrégation de lettres (1872) le préparent à son admission comme membre à l’École française d’Athènes l’année suivante (1873). Une telle formation supérieure fait alors de ces jeunes savants tout à la fois des « généralistes de l’antique » et des philologues avertis, spécialistes des langues anciennes. Aucun des membres de la génération de Collignon n’a pu suivre un enseignement d’archéologie, puisqu’il n’en existait pas alors, du moins qui fût dispensé au sein de l’université française ! Il reviendra justement à Maxime Collignon, suivant en cela l’exemple de son mentor Georges Perrot, de l’introduire dans l’enseignement supérieur français, entre 1876 et 1877, années d’une importance décisive pour l’histoire de l’archéologie en France.

Que doivent exactement l’histoire de l’art et l’archéologie à Maxime Collignon ? Leur (re-)définition même.

Comme il le rappelle en effet le 15 janvier 1877, dans sa Leçon d’ouverture au cours d’antiquités grecques et latines qu’il professe à Bordeaux en 1877, « l’archéologie, que l’on considère, par un reste d’habitude, comme le domaine d’un petit nombre d’érudits et de curieux, prend place dans l’enseignement supérieur, non pas à titre d’auxiliaire, mais avec ses méthodes propres et ses caractères originaux » (« De l’archéologie grecque », Bordeaux, 1877, p. 3). Collignon se livre, dans ces pages passionnantes, à un véritable « discours de la méthode ». Comme toute science, l’archéologie se définit en effet par son objet, sa méthode et ses visées. Son originalité, ici avec Georges Perrot, qu’il cite, est tout d’abord de la définir comme « l’étude de tous les monuments de l’activité humaine qui ne sont pas faits, qui ne sont pas construits avec des sons » (Georges Perrot, « L’Archéologie classique ». Revue des cours politiques et littéraires, 20 mai 1876). Collignon précise « qu’elle étudie en effet une faculté spéciale de l’homme : celle qui lui permet de transformer la matière, d’y imprimer la marque de sa pensée ou de la faire servir à l’expression d’un sentiment » (« De l’archéologie grecque », 1877, p. 13). Philippe Bruneau et Pierre-Yves Balut feront leur cette définition de l’archéologie en la tenant comme « comptable de l’art […]. Et d’abord de tout l’art », « l’artificialité » étant, à leurs yeux (comme déjà à ceux de Perrot ou de Collignon) « le seul critère de l’archéologicité » (Philippe Bruneau et Pierre-Yves Balut, Artistique et Archéologie, mémoires d’archéologie générale, fasc. 1-2, 1997, p. 214, n° 216). On notera que dans la définition qu’en donnent Perrot et Collignon la référence au passé n’apparaît pas. D’emblée, ils ouvraient ainsi la voie à la possibilité d’une archéologie contemporaine…

Une fois l’objet défini, la méthode suit ! Capitale aux yeux de Maxime Collignon, elle est exposée simplement : il s’agit de « classer suivant des divisions méthodiques les différents genres de monuments figurés » (« De l’archéologie grecque », p. 13). Ces « monuments figurés » resteront, pour Collignon, l’œuvre de sa vie. Sa bibliographie en témoigne. Dans un véritable manifeste pour une archéologie émancipée de toute tutelle et hissée au rang de science, il proclame avec conviction que « l’histoire n’est pas tout entière dans les livres. Pour qui sait voir, le témoignage des marbres est aussi net que celui de Thucydide ou de Xénophon. » (ibid., p. 20). Nous serions aujourd’hui tentés de dire, « peut-être plus net encore… ».

Cette conviction est ancienne. En témoigne le voyage exploratoire que Collignon entreprit, comme jeune membre de l’École française d’Athènes, dans la partie la plus méridionale de l’Asie Mineure, en 1876, en compagnie de l’abbé Duchesne. Il s’agit en réalité d’une prospection, au sens le plus moderne du terme, qui permit aux deux archéologues « de grouper, pour chaque région, les faits nouveaux et les monuments inédits » (« Rapport sur un voyage archéologique en Asie Mineure », Bulletin de correspondance hellénique, 1, 1877, p. 361). Cette quête de l’inédit caractérise plus largement cette génération d’archéologues, au seuil des grandes fouilles de la fin du XIXe siècle.

Le travail de l’archéologue peut dès lors être comparé au philologue – au rang duquel il se place désormais. Tout comme lui, il est chargé d’établir le document comme source fiable, puis d’établir des séries permettant de tirer des conclusions générales de leur comparaison. Rien ne résume mieux, peut-être, cette révolution épistémologique que sa Mythologie figurée de la Grèce (1883). Le titre en annonce à lui seul la méthode : associer aux textes fondateurs de la mythologie classique les monuments figurés, y compris les moins connus.

Quant à la visée de l’archéologie, elle est également exprimée avec clarté : « l’archéologue recherche tout ce qui peut éclairer l’histoire des croyances, des religions et des coutumes ; il est moins un philosophe qu’un historien » (ibid., p 12). Un peu plus loin, il ajoute : « nous voulons tout pousser au dernier degré de précision, analyser dans tous ses détails l’esprit antique et tout comprendre [c’est nous qui soulignons] » (ibid., p. 19). S’y ajoute l’affirmation de la contribution de l’archéologie à l’histoire des idées morales dont nous dit joliment Collignon, l’archéologue retrouve « les pages éparses ».

Il n’y a rien de surprenant à ce que Philippe Bruneau, lointain héritier de la chaire d’archéologie classique de la Sorbonne, occupée à sa création en 1876 par Georges Perrot, puis par Maxime Collignon, son suppléant, puis successeur en 1900, ait édité en 1992 un florilège de leurs œuvres (Études d’archéologie grecque par Georges Perrot et Maxime Collignon, Paris, 1992, avec Christophe Charle).

Poser les fondements d’une science nouvelle ne suffit pas. Il faut aussi réfléchir aux moyens de la transmettre, de l’enseigner. Maxime Collignon se singularise ici une nouvelle fois. Méthodiquement, il va rechercher, dans les exemples des universités étrangères, un modèle applicable à l’enseignement universitaire français de l’archéologie. Ce souci constant d’offrir à son objet d’étude les moyens les plus efficaces de sa transmission constitue, indubitablement, une seconde facette originale de cette personnalité d’exception.

C’est en Allemagne qu’au tout début des années 1880 Collignon va, en toute liberté, sur invitation du ministre de l’Instruction publique, aller étudier les conditions dans lesquelles l’enseignement de l’archéologie y est dispensé. À son retour, il fait paraître son rapport « L’Enseignement de l’archéologie classique et les Collections de moulages dans les universités allemandes » dans la Revue internationale de l’enseignement (vol. 3, janvier-juin 1882). Le document, d’un intérêt exceptionnel, permet de mesurer l’écart entre les deux systèmes universitaires. L’avance prise par les Allemands en matière d’enseignement de l’archéologie, dispensé jusque dans la plus petite de leurs universités, est incontestable. On décèle, au fil des pages, le modèle que Collignon va transposer dans son enseignement à la Sorbonne. Trois particularités allemandes ont retenu son attention : le fait que le cours s’appuie sur des collections de « monuments figurés », réels (collections de vases, par exemple) ou reproduits sous forme de planches ; en second lieu la participation active des étudiants allemands aux cours, sous la forme d’exercices pratiques autour d’objets à décrire et à commenter. Enfin, les collections de moulages des universités allemandes lui inspirent cette observation : « Aussi est-ce aujourd’hui, en Allemagne, un principe admis sans contestation qu’une chaire d’archéologie doit être pourvue d’une collection de moulages, comme une chaire de chimie doit être complétée par un laboratoire. »

La liste des cours dispensés par Maxime Collignon à la Sorbonne dans les années 1883-1917 (Lyne Therrien, L’Histoire de l’art en France. Genèse d’une discipline universitaire, Paris, 1998, p. 494-496) fait écho, directement, à ces « observations allemandes ». Elle traduit aussi dans l’espace et le temps de la « faculté de lettres de Paris » les conceptions audacieuses de Collignon. La place qu’il accorde à l’histoire de la discipline est un premier fait remarquable. Elle avait déjà fait l’objet d’un développement dans sa Leçon d’ouverture (cf. supra), résumé dans une phrase lapidaire : « l’archéologie est née à Rome, du souvenir même de Rome » (ibid., p. 5).

La part accordée aux « exercices de travaux pratiques d’archéologie » (cours de l’année 1886-1887, par exemple), hors enseignements ex cathedra, constitue un second aspect frappant. Collignon écrira d’ailleurs, dans un texte aussi fondamental que les précédents pour l’histoire de nos disciplines, que « l’enseignement donné du haut de la chaire n’est ni assez intime, ni assez technique pour initier complètement les étudiants à l’étude de l’archéologie » (« L’Archéologie à l’université de Paris », Revue internationale de l’enseignement, 37, 1899, p. 193-198, en particulier p. 194). Maxime Collignon exhorte donc ses pairs à la généralisation de « salles d’archéologie », dévolues aux « exercices pratiques d’archéologie » dirigés, sur le modèle de celle qu’il a créée à la Sorbonne. On y réunirait fort utilement collections d’originaux, moulages, photographies et planches de monuments, à disposition de l’étudiant. Il lance d’ailleurs un vibrant appel à la constitution de moulages, sur le modèle, une fois encore, des instituts allemands.

Collignon se distingue encore par la mise en place qu’il opère d’une « filière professionnalisante », dirions-nous aujourd’hui. Former des spécialistes de l’archéologie, en effet, est l’une des missions principales que Collignon s’est fixée tout au long de sa carrière. Moderne dans la visée comme dans la méthode, le professeur qu’il est avant tout veut « initier à la pratique de la science des étudiants dont quelques-uns sont appelés […] à faire en Grèce œuvre d’archéologues militants » (p. 195). Si cette dernière expression reste énigmatique, ce souci rejoint un besoin urgent des écoles françaises à l’étranger en directeurs de fouilles, à Rome, juste créée, comme à Athènes, fondée dès 1846. La Sorbonne va former, dès lors, les « cadres » des grandes fouilles qui se mettent en place à Delphes, à partir de 1892, à Argos (1902) ou encore à Délos (1904).

Mais Maxime Collignon ne serait pas cette personnalité hors pair s’il n’avait, dans le même temps, proposé au public éclairé et/ou savant de l’époque de vastes synthèses touchant par exemple à l’archéologie grecque ou à l’histoire de la sculpture grecque. Le savant français fait indéniablement figure de précurseur lorsqu’il publie son Manuel d’archéologie grecque en 1881. Qu’on ne se méprenne pas sur le titre, cependant. Ce « petit livre » (« Préface », p. 5) est défini par son auteur comme un « ouvrage d’enseignement, destiné aux élèves de nos lycées et de nos écoles, et à la partie du public qui s’intéresse aux choses de l’art » (ibid.). On n’y trouvera ni exposé théorique sur la fouille, ni conseils pratiques pour la conduite de celle-ci, à l’inverse de nos publications contemporaines qui trop souvent font de la fouille le synonyme de l’archéologie. Pour comprendre le projet de Collignon, il convient plutôt de le rattacher à sa propre conception de l’archéologie : histoire des « choses de l’art » – incluant les savoir-faire – et des monuments s’y croisent dans un exposé diachronique qui fait sa part spécifique à chacun des « genres » et « espèces » constituant l’archéologie. L’originalité du propos tient notamment au développement qu’il accorde aux figurines de terre cuite, longtemps négligées au profit de la seule « grande sculpture » et traitées ici à part égale avec elle. La prise en compte, dès 1881, soit quelques années seulement après leur découverte, dans la nécropole de Tanagra (Béotie) des fameuses figurines en terre cuite polychromes témoigne en effet de la très grande « réactivité » de l’archéologue, qui accorde en outre aux monuments originaux, quels qu’ils soient, une priorité absolue. S’y ajoute une attention particulière aux procédés de fabrication, particulièrement détaillés (ibid., p. 244). Collignon met en relief, geste après geste, l’ars – le savoir-faire – des coroplastes béotiens du IVe siècle av. J.-C.

Si la diversité extrême des types reconnus (les « Tanagras » se comptent par milliers) interdit leur mise en série (ibid., p. 245), il n’en va pas de même pour les vases grecs, « les vases peints », auxquels il réserve également une place privilégiée, moderne dans sa présentation comme dans le propos tenu. Formes, dénominations antiques et moderne et techniques y précèdent l’étude proprement artistique, rejetée au second plan. On retrouvera une même démarche dans l’Histoire de la céramique grecque, dont il achève la publication, initiée par Olivier Rayet, décédé avant d’avoir pu l’achever, dans le Catalogue des vases peints du Musée national d’Athènes, publié avec Louis Couve (1902-1906), mais surtout dans son Histoire de la sculpture grecque.

Une telle audace ne se reconnaît pas dans les excellentes biographies des « Maîtres de l’art », Phidias (1886), Lysippe (1905) ou encore Scopas et Praxitèle (1907) qu’il livre au fil des ans au grand public. Elles ne constituent pas le volet le plus original de son œuvre.

Un ouvrage, en revanche, va marquer une réelle avancée : l’Histoire de la sculpture grecque, « des origines au IVe siècle » (1892), d’une part, « de l’époque hellénistique à la conquête romaine » (1897). Il s’y distingue de ses prédécesseurs étrangers (essentiellement allemands ou anglais) par la prise en compte des découvertes les plus récentes, contemporaines de fouilles en plein essor. En retraçant, depuis les tout premiers temps, l’évolution – « un mot à la mode », écrira Edmond Courbaud cette même année, dans le compte rendu qu’il en livre – de la sculpture grecque, Collignon inaugure, en réalité, une tradition nouvelle, perpétuée sans discontinuer jusqu’à nos jours. C’est qu’à l’inverse d’un Winckelmann qui, au XVIIIe siècle, ne pouvait juger de la sculpture antique que sur la seule base des copies romaines d’œuvres grecques, Maxime Collignon s’attache à la réalité matérielle des œuvres, à l’évolution des techniques qu’elles révèlent comme, aussi, à la mise en évidence « d’écoles régionales » de sculpture.

La modernité de Maxime Collignon se reconnaît encore dans un petit livre, La Polychromie dans la sculpture grecque, publié en 1898. Il reproduit en réalité un article paru dans la Revue des deux mondes le 15 février 1895. Le public visé, une nouvelle fois, excède le cénacle des historiens de la sculpture antique. Nous sommes alors en plein débat sur l’étendue de celle-ci dans le temps, sur les œuvres elles-mêmes comme sur les types plastiques mêmes concernés par cette pratique. Collignon répond d’avance à l’argument des « contra » en inscrivant celle-ci dans l’histoire même de la sculpture, depuis ses origines. Il n’hésite pas non plus, en une forme d’iconoclasme, à comparer les techniques et les compositions de mises en couleurs des sculptures avec celles mises en œuvre sur les terres cuites. L’argumentation développée, loin des aveuglements idéologiques, s’appuie méthodiquement sur les realia eux-mêmes comme sur les documents textuels les moins contestables, de nature épigraphique. Maxime Collignon conclut à « l’alliance harmonieuse de la couleur et de la forme » (p. 96) de la sculpture grecque. Il met ainsi fin (provisoirement) au conflit opposant, depuis l’Histoire de l’art de Winckelmann, les deux concepts.

Il est vrai qu’à sa formation d’helléniste et d’archéologue Collignon ajoutait celle de dessinateur aquarelliste. Ce talent artistique était régulièrement mis à contribution, lors d’explorations archéologiques (en Asie Mineure, par exemple) ou de visites de musées français ou étrangers, crayon à la main. Elle lui a permis, indubitablement, de porter un regard original et distancié sur les œuvres antiques les plus singulières qu’il découvrait, au fil de ses pérégrinations. En témoignerait, par exemple, le cas de la bientôt célèbre « Dame d’Auxerre ». Le premier, en effet, il reconnut, dans les fragments de cette sculpture archaïque, un temps possession d’un collectionneur parisien (avant 1895), puis mystérieusement retrouvée au musée d’Auxerre (et bientôt transportée au Louvre [inv. MA 3098] !) les principaux caractères du style dit « dédalique » (pour son origine crétoise), rapporté aux tout premiers temps de la sculpture grecque. Comme le souligne d’une belle formule Théophile Homolle, dans l’article nécrologique qu’il lui consacre, « sans fouiller la terre, [M. Collignon] n’a pourtant jamais chômé d’inédit… »

Il faut savoir gré aux institutions publiques et privées d’alors d’avoir reconnu très vite l’apport original de Maxime Collignon à l’histoire de l’art comme à l’archéologie grecques. Il fut très jeune couvert d’honneurs. Il n’est âgé que de 45 ans, par exemple, lorsqu’il est élu membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (1894) dont il sera le président en 1905. Ce n’est pas là la moindre des originalités de cette personnalité singulière.

Philippe Jockey, professeur d’histoire et civilisation grecques

Principales publications

Ouvrages et catalogues d’expositions

  • Essai sur les monuments grecs et romains relatifs au mythe de Psyché, 1877, thèse.
  • « Apollon et les Muses ». In Annales de la faculté des lettres de Bordeaux, 1879.
  • Manuel d’archéologie grecque. Paris : A. Quantin, 1881.
  • L’Archéologie grecque. Paris : Alcide Picard, 1882 ; 2e éd. augm., 1900.
  • Mythologie figurée de la Grèce. Paris : A. Quantin, 1883.
  • Les Artistes célèbres. Phidias. Paris : J. Rouan, 1886.
  • Collignon Maxime et Rayet Olivier. – Histoire de la céramique grecque. Paris : G. Decaux, 1888.
  • Histoire de la sculpture grecque. Paris : Firmin-Didot, 1892-1897, vol. 1 ;vol. 2.
  • Notes d’un voyage en Asie Mineure. Paris : Firmin-Didot, 1897.
  • La Polychromie dans la sculpture grecque. Paris : E. Leroux, 1898.
  • Pergame, restauration et description des monuments de l’Acropole. Restauration par Emmanuel Pontremoli, architecte, ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome. Texte par Maxime Collignon. Paris : L.-H. May, 1900.
  • Collignon Maxime et Couve Louis. – Catalogue des vases peints du Musée national d’Athènes. Paris : A. Fontemoing, 1902-1903 (« Bibliothèque des écoles françaises d’Athènes et de Rome »).
  • Lysippe. Études critiques. Paris : H. Laurens, 1905 (« Les Grands Artistes : leur vie, leur œuvre »).
  • Scopas et Praxitèle. La sculpture grecque au IVe siècle jusqu’au temps d’Alexandre. Paris : Plon-Nourrit et Cie, 1907 (« Les Maîtres de l’art »).
  • Les Statues funéraires dans l’art grec. Paris : E. Leroux, 1911.
  • « La Statue d’Auxerre (musée du Louvre) ». In Monuments Piot, XX. Paris : E. Leroux, 1913, p. 5-38, pl. I-III.
  • Le Parthénon. L’histoire, l’architecture et la sculpture, photographies de Frédéric Boissonnas et W.A. Mansell. Paris : Hachette, 1914.
  • L’Archéologie classique. Paris : Larousse, 1915 (« La Science française »).
  • « L’Emplacement du Cécropion à l’Acropole d’Athènes ». Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, XLI, 1916.

Cours prononcés

  • « Cours d’antiquités grecques et latines : De l’archéologie grecque ». Leçon d’ouverture du 15 janvier 1877, par Maxime Collignon (faculté des lettres de Bordeaux, 1877), p. 3-23.
  • « L’Enseignement de l’archéologie classique et les Collections de moulages dans les universités allemandes ». In Revue internationale de l’enseignement, t. III, janvier-juin 1882, p. 236-270.

Bibliographie critique sélective

  • Courbaud Edmond. – « Compte rendu de l’ouvrage Histoire de la sculpture grecque, 1 ». In Mélanges d’archéologie et d’histoire, 12 (1892). Paris : Firmin Didot, 1892, p. 334-340.
  • Homolle Théophile. – « Maxime Collignon, collaborateur et directeur des « Monuments et Mémoires ». In Monuments et Mémoires de la fondation Eugène Piot, 23, 1918-1919, p. V-XXV.
  • Larousse mensuel illustré, t. IV, octobre 1918, p. 581-582.
  • Martroye François. – « Notice nécrologique sur Maxime Collignon, 1848 (sic)-1917 ». Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1919, p. 65-82.
  • Gran-Aymerich Ève et Gran-Aymerich Jean. – « Les Grands Archéologues, Maxime Collignon ». Archeologia, mai 1985.
  • Christophe Charle. – Les Professeurs de la faculté des lettres de Paris : dictionnaire biographique, vol., 1809-1908 ; vol. 2, 1909-1939. Paris : Éditions du CNRS-CNRP, 1985-1986, s. v. (« Histoire biographique de l’enseignement »).
  • Gran-Aymerich Ève. – Naissance de l’archéologie moderne. 1798-1945. Paris : CNRS Éditions, 1988, s. v.
  • Therrien Lyne. – L’Histoire de l’art en France. Genèse d’une discipline universitaire. Paris : Les éditions du Cths, 1998, s. v.
  • Bruneau Philippe et Charle Christophe. – « L’Archéologie grecque en Sorbonne de 1876 à 1914 ». In Études d’archéologie grecque par Georges Perrot et Maxime Collignon. Paris : Picard, 1992.
  • Gran-Aymerich Ève. – « Collignon, Maxime ». In Dictionnaire biographique d’archéologie : 1798-1945. Paris : Éditions du CNRS, 2001, p. 185-187.

Sources identifiées

Paris, Archives nationales

  • L0568090 (« Titulaires de la Légion d’honneur »)

Paris, bibliothèque de l’INHA-collections Jacques Doucet

  • « Archives Maxime Collignon » (archives 57, boîtes I à VI)

En complément : Voir la notice dans AGORHA