Résidence « INHALab. Missing Pieces Association Kinétraces »

Vues de mai (© F. Lancialonga, 2018) – extrait

Dans cette volonté politique de privilégier et soutenir la jeune recherche, l’Institut national d’histoire de l’art invite chaque année successivement deux collectifs de chercheurs à proposer un projet scientifique créatif dans un domaine se rapportant à l’histoire de l’art. L’association Kinétraces est le cinquième collectif de jeunes chercheurs à être accueilli dans le cadre d’INHALab.

 

L’association Kinétraces

Kinétraces est un collectif fondé en 2013 qui réunit des chercheurs, artistes et professionnels du patrimoine autour de la question des archives audiovisuelles. Son approche privilégie les sources de première main et les enquêtes sur des corpus inédits ou peu traités de l’histoire des images en mouvement. Ses activités sont portées par la valorisation des matériaux filmiques (conception de cycle de projections, visite d’institutions), qui peut s’inscrire dans un cadre académique (manifestations et éditions scientifiques).

 

Missing Pieces : Pour une histoire alternative des images animées (rushes, doubles, chutes, tests, flux d’images et prises non montées)

Le projet Missing Pieces s’intéresse aux matériaux invisibilisés par les processus de création et de production audiovisuels, des générations d’images argentiques aux flux numériques.
Quel est le statut de ces objets écartés par des choix esthétiques, des logiques industrielles ou des contraintes politiques ?
Les missing pieces invitent à penser une histoire en négatif des images animées.
Comme envers de projets censurés, elles écrivent des intrigues politiques alternatives.
Enfouies dans le cloud, un grenier ou une cinémathèque, les données numériques et bobines oubliées portent des récits du fragment et de la perte.
Leurs chronologies sont à rebours : images effacées par les étapes de travail ou devenues illisibles, altérées par le temps, liées à des appareils obsolètes.
Ces objets – dévoilent le contrechamp des prises - opérateurs, preneurs de son, monteurs et auteurs au travail - ainsi que des archéologies de gestes ensevelis sous les films achevés – repérages, essais d’acteurs, rushes, travaux de laboratoire. Combien d’essais pour une image retenue ?
En donnant une visibilité à ces pièces manquantes, la résidence invite à réanimer leur potentiel artistique et théorique.

De décembre 2020 à janvier 2021, Missing Pieces propose une exposition en salle Roberto Longhi, un séminaire de recherche et des projections en présence d’artistes tels que Bertrand Mandico, Isabelle Prim, Ossama Mohammed et Albert Serra.

 

Porteurs du projet

  • Manon Billaut (Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, IRCAV - université Paris 3 Sorbonne Nouvelle)
  • Ferdinando Gizzi (LIRA - université Paris 3 Sorbonne Nouvelle)
  • Marién Gómez Rodríguez (IRCAV - université Paris 3 Sorbonne Nouvelle)
  • Federico Lancialonga (Acte – université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
  • Beatriz Tadeo Fuica (IRCAV - université Paris 3 Sorbonne Nouvelle)
  • Élodie Tamayo (IRCAV - université Paris 3 Sorbonne Nouvelle)

Séminaire

Cycle de projections

INHA, auditorium, 20H - 22H

Exposition La pièce manquante

Quelle est cette pièce qui manque ? Et à quoi ou à qui la pièce manque-t-elle ?

Cette exposition conçue comme une exploration de la matière filmique et audiovisuelle occultée aborde les missing pieces comme une matière plastique, un laboratoire auteurial, une coulisse technique et un objet politique.

La pièce manquante est un fragment de l'histoire du cinéma menacé par l'invisible : ce sont des films perdus, oubliés, retrouvés ; des séquences censurées, non-montées ; des photogrammes détachés, abîmés, restaurés.

La pièce qui manque est un appareil, un format, un technicien, un geste, une expérience.  

La pièce manquante est un lieu : une archive, une salle de projection, un laboratoire. Mais c'est aussi un non-lieu, immatériel et imaginaire. C’est cet espace d'exposition.

Car la pièce manquante est un concept, une façon de nommer la perte qui s'attache aux images en mouvements, à leurs flux insondables, à leur disparition inéluctable, mais aussi à leurs constants resurgissements convoqués par ce qui nous manque, à nous, spectateurs.

 

 Amorce du négatif de L’Appassionata, Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé © Pathé