Histoire des collections, histoire des institutions artistiques et culturelles, économie de l'art

Domenico Remps (1620-1699), Cabinet de curiosité, XVIIe siècle, Florence, Museo dell’Opificio delle Pietre Dure, inv. SEA-F-000341-0000

L'histoire du marché de l'art, de ses principaux acteurs (artistes, commanditaires, marchands, experts, collectionneurs et collecteurs, institutions muséales, etc.) et de ses nombreux intermédiaires et médiateurs (amateurs, agents, rabatteurs, restaurateurs, commissionnaires, photographes, transporteurs, etc.), de son fonctionnement et de ses dynamiques – tant en termes de circulation des œuvres, de promotion, de réception et de ré-évaluation de celles-ci tout au long de leur existence, que d'évolution du goût et des prix –, de son rôle normatif sur l'écriture de l'histoire de l'art ou au contraire, de son conformisme, constitue un champ d'étude fertile dans le paysage actuel de la recherche française et internationale.

Parce qu'il est indissociable de l'histoire du marché de l'art, le connoisseurship, pris dans son acception de science de l'attribution (le fait d'associer une œuvre à une civilisation, une période, une école, une main, etc.), a d'abord été au cœur du domaine de recherche avec la création, en 2001, à l'initiative de Michel Laclotte, d'un vaste recensement de la peinture italienne dans les collections publiques françaises (RETIF) qui a servi de modèle méthodologique à l'établissement d'autres corpus s'intéressant soit à une période donnée ("La peinture en France au XVIe siècle"), soit à une aire culturelle ("Répertoire des sculptures allemandes dans les collections publiques françaises, bois et bois polychromé, vers 1450-1530" ;  "Répertoire des peintures allemandes dans les collections publiques françaises jusqu’en 1550"), soit à un médium en particulier ("Répertoire de sculpture françaises (1500-1960) dans les collections publiques américaines"). Puis, s'insérant dans la veine initiée par les travaux pionniers de Francis Haskell (1963), Krzysztof Pomian (1987), Antoine Schnapper (1988 et 1994) et John Michael Montias (1996), qui ont nourri une approche économique, sociale et anthropologique de la collection, le domaine s'est ouvert à l'étude de quelques grandes figures ou dynasties de collectionneurs, amateurs et curieux, tels que le couturier Jacques Doucet, le cardinal Fesch ou encore la famille Rothschild.

S'intéresser à l'histoire des collections, c'est aussi mieux appréhender la façon dont les œuvres sont reçues et perçues, comment s'élaborent à partir d'elles des critères de jugement ("Les Envois de Rome en peinture et sculpture, 1804-1914") et comment elles nourrissent des formes de sociabilité originales et décentrées ("Les Sociétés des Amis des Arts, de 1789 à l’après-guerre"), constituant de véritables "mondes" artistiques.

Plus récemment, l'INHA a souhaité ouvrir le domaine aux époques les plus récentes en initiant un programme de recherche consacré aux acteurs du marché de l'art en France sous l'Occupation allemande qui a pour objectif d'offrir aux chercheurs des bases objectives et factuelles à l'étude des transferts et des spoliations d'œuvres d'art entre 1939 et 1945.

Ancienne équipe

  • Pauline d'Abrigeon, chargée d’études et de recherche (2017-2020) (RAMA ; Collectionneurs et Collecteurs)
  • Lucille Calderini, chargée d’études et de recherche (2014-2018) (Doucet)
  • Servane Dargnies, pensionnaire (2015-2018) (RETIF et Envois de Rome)
  • Laura de Fuccia, cheffe de projet (Rothschild)
  • Isabelle Dubois-Brinkmann, pensionnaire (2019-2023)
  • Matteo Gianeselli, chef de projet (Fesch)
  • Ariane James-Sarrazin, conseillère scientifique (2017-2018)
  • France Lechleiter, cheffe de projet (Envois de Rome)
  • Vincenzo Mancuso, chargé d'études et de recherche (2014-2018) (RETIF)
  • Vladimir Nestorov, chargé d'études et de recherche (2016-2020) (Peinture XVIe siècle)
  • Katia Schaal, chargée d'études et de recherche (2015-2018) (Société des Amis des Arts)

Programmes en cours

Programmes en veille

    • Corpus des émaux méridionaux

      Crucifixion, plat de reliure, émail champlevé, art limousin, XIIIe siècle (musée du Louvre)

      On doit à Marie-Madeleine Gauthier (1921-1998) d’avoir lancé, au sein du CNRS, un recensement des émaux limousins du Moyen Âge conservés dans le monde. Un premier tome . de ce corpus a été publié en 1987 (336 notices) ; un second volume, avec CD-Rom, a été publié à l’initiative d'Élisabeth Antoine et Danielle Gaborit-Chopin en 2011. Le travail se poursuit sous une forme numérique, dans le cadre d’une collaboration entre plusieurs institutions, dont l’INHA.

Programmes réalisés

    • Indexation des catalogues de ventes à Paris au XVIIIe siècle

      Frontispice du catalogue de vente de la collection de tableaux de Pierre André Joseph Knyff,  vente du lundi 18 juillet 1785, à Anvers, rédigé par J. Grange, 1785.

      Indexation des catalogues de ventes à Paris au XVIIIe siècle

    • Les collections du cardinal Fesch, histoire, inventaire, historiques

      Il s’agit d’une enquête de grande ampleur sur la collection du cardinal Joseph Fesch (1763-1839), sans doute la collection la plus conséquente de l’histoire du collectionnisme avec environ 16000 tableaux.

    • Les collections Rothschild dans les institutions publiques françaises

      Ce programme a pour but de recenser, documenter et valoriser l’ensemble des dons et legs d'œuvres d'art faits par la famille Rothschild aux institutions publiques françaises.

    • Les Envois de Rome en peinture et sculpture, 1804-1914

      Hippolyte Flandrin, Jeune homme nu assis au bord de la mer – Étude, envoi de Rome, 1837, Paris, musée du Louvre, inv. MI 171, Photo © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado

      Le programme sur les envois de Rome concerne les travaux annuels des élèves de l’Académie de France à Rome, peintres et sculpteurs, pour la période 1804-1914.

    • Les Salons en France (XVIIe-XIXe siècles)

      Henri Gervex, Une séance du jury de peinture au Salon des artistes français, vers 1880, Paris, musée d'Orsay, cliché RMN.

      Les Salons en France (XVIIe-XIXe siècles)

    • Les Sociétés des Amis des Arts, de 1789 à l’après-guerre

      Affiche de l'exposition annuelle de la Société des mis des rts de Seine-et-Marne, exposition annuelle, 1890 (BNF Galica).

      Ce programme vise à établir un répertoire des sociétés d’amateurs dont le but était l’encouragement de l’art contemporain à l’échelle locale. Il ambitionne de reconstituer leurs structures administratives, leurs réseaux et leurs activités et de recenser les archives, la bibliographie et l’iconographie s’y rattachant.