Whyte, RyanChercheur invité dans le domaine "Pratiques de l’histoire de l’art" (mars-avril 2014)

Biographie

Ryan Whyte a reçu son doctorat de l’Université de Toronto en 2008. Il est à présent professeur adjoint en histoire de l’art à OCAD University (Université de l’École d’art et de design de l’Ontario), Toronto. Spécialiste de la culture de l’imprimé du XVIIIe siècle, il achève actuellement un manuscrit intitulé The Triumph of Space : Printed Matter and Spectatorship in the Salon du Louvre (Le triomphe de l’espace : l’imprimé et le spectateur au Salon du Louvre) qui traite du rôle de l’imprimé dans l’émergence de la culture de l’art, du spectateur et des pratiques modernes d’expositions dans le cadre des expositions du Salon du Louvre au XVIIIe siècle. Il a d’ailleurs publié des articles à ce sujet qui ont parus dans les revues Eighteenth-Century Studies et RACAR–Revue d’art canadienne/Canadian Art Review.

Il travaille également à un manuscrit intitulé provisoirement Culture of Taste : Art and Gastronomy in France from the Ancien Régime through the Restoration (La culture du goût : l’art et la gastronomie de la France, de l’Ancien Régime jusqu’à la Restauration) qui explore la relation entre les beaux-arts et la culture visuelle contemporaine de la gastronomie, tout en portant une attention particulière au rôle des imprimés. Culture of Taste explique la façon dont les nouvelles formes d’affichage, l’art du dîner et les objets imprimés de la culture visuelle, dans une culture naissante des imprimés traitant de la table, ont eu préséance sur les travaux des beaux-arts, lesquels avaient établi les règles quant à la forme et au sens.

Ses plus récents travaux portent sur la matérialité, la temporalité et les échanges culturels dans la culture de l’imprimé du XVIIIe siècle. Il a aussi écrit des critiques d’art et des essais pour des revues spécialisées telles Artext, Artichoke, Border Crossings, C Magazine, Lola, New Observations et Parachute.

Bibliographie

  • “Pocket Museums : The Display of Art in Women’s Almanacs During the First French Empire,” in Heidi Strobel and Jennifer Germann, eds., Enlightened Objects : Essays on Material Culture and Gender in Early Modern Europe, 1500-1800 (Ashgate, à paraître 2014)
  • “Exhibiting Enlightenment : Chardin as tapissier,” Eighteenth-Century Studies, vol. 46, no. 4 (2013) : 531–54.
  • Review of Simon Gikandi, Slavery and the Culture of Taste, in Journal of Curatorial Studies, vol. 2, no. 1 (2013) : 125-127.
  • “Jean Locquin,” in Philippe Sénéchal and Claire Barbillon, eds,Dictionnaire des historiens de l’art actifs en France de la Révolution française à la Première Guerre mondiale (Paris : Institut national d’histoire de l’art, 2012)
  • “Repeat Performance : Chardin’s Aesthetics of Repetition in the Paris Salons,” RACAR–Revue d’art canadienne/Canadian Art Review, XXXVI/1, (2011) : 51-62.
  • “Understanding Painting, Print and Verse : Chardin’s Le Négligé ou Toilette du Matin,” Christina Ionescu and Renata Schellenberg, eds., Word and Image in the Eighteenth Century : An Interdisciplinary Dialogue (Newcastle : Cambridge Scholars Publishing, 2008).
  • Studio As History, (Elmwood CT : Potes & Poets Press, 1998), 32 pages.

Projet de recherche

Je me propose de mener des recherches à l’INHA pour le manuscrit de mon livre, dont le titre provisoire est Culture of Taste : Art and Gastronomy in France from the Ancien Régime through the Restoration (La culture du goût : l’art et la gastronomie de la France, de l’Ancien Régime jusqu’à la Restauration). Ce livre explore, dans une perspective d’histoire de l’art et au-delà de l’exploration des relations symbiotiques et synesthésiques entre l’art et la table unis par l’idée du goût, le dialogue entre les beaux-arts, par exemple la nature morte qui représente les aliments de la table, et la culture visuelle de l’époque, par exemple les images créées pour la promotion de la gastronomie, tout en portant une attention particulière au rôle de l’imprimé. En mettant l’accent sur l’émergence à la fin du XVIIIe siècle du discours esthétique de la gastronomie, mon livre se penche sur la façon dont les cultures de l’art, du spectateur, et de la médiation de l’objet d’art dans le monde de l’imprimé, tels qu’établis par les pratiques muséologiques modernes des Salons du Louvre et du musée du Louvre, se sont réinventés en une culture visuelle artistique de la gastronomie.

Je projette entreprendre des recherches pour appuyer des chapitres de mon livre qui examinent le rôle de la nature morte dans les relations entre la pratique des beaux-arts et la culture visuelle de la gastronomie. Le manque de goût pour les imprimés reproduisant des peintures individuelles où figure une nature morte n’a pas empêché la reproduction de peintures de natures mortes dans une variété de médias, dont les textiles, les imprimés dans les recueils, les galeries, les almanachs et les catalogues. Au cours de la même période, la multiplication des imprimés en lien avec la table (livres de cuisine, almanachs, menus, factures, cartes de visite, etc.), en parallèle avec l’émergence des restaurants et du discours de la gastronomie, a contribué à une nouvelle raison d’être de la nature morte. Cette partie du livre, ainsi, fera le lien entre la nature morte et une nouvelle culture commerciale de la cuisine en montrant la façon dont la nature morte a légitimé la culture commerciale, la positionnant en accord avec le discours public et la culture visuelle de l’art émergeant des expositions du Salon du Louvre et, depuis son ouverture en 1793, du Musée national du Louvre.

Je serai rattaché au programme "L’objet de la nature morte" piloté par Frédérique Desbuissons, conseiller scientifique pour le domaine "Pratiques de l’histoire de l’art".