Paccoud, Stéphane Cconservateur au musée des Beaux-arts de Lyon (juin et octobre-novembre 2012)

Biographie

Diplômé en histoire de l'art à l'École du Louvre et à l'université de Paris 4-Sorbonne, Stéphane Paccoud est lauréat en 2002 du concours de conservateur territorial du patrimoine. À la suite d'une formation à l'Institut national du patrimoine, il assure la direction du musée Boucher-de-Perthes d'Abbeville, avant d'intégrer en 2007 le musée des Beaux-Arts de Lyon en tant que responsable scientifique des collections de peintures et de sculptures du XIXe siècle.
Dans le cadre de ces fonctions, il a assuré le commissariat de plusieurs expositions, parmi lesquelles Juliette Récamier, muse et mécène en 2009 et Un Siècle de paysages, les choix d'un amateur en 2010. Il prépare actuellement sous la coordination scientifique de Catherine Chevillot le catalogue de la collection de sculptures du XIXe siècle du musée. Ses recherches personnelles portent sur le peintre Alexandre Hesse (1806-1879), ainsi que sur les transferts artistiques entre la France et la Pologne au XIXe siècle.

Bibliographie

  • « Quel style pour représenter les maîtres anciens. L'exemple des Honneurs funèbres rendus au Titien d'Alexandre Hesse », dans L'Artiste en représentation, catalogue d'exposition, La Roche-sur-Yon, musée municipal, 2012-2013, à paraître.
  • « Géricault, Vernet, Delaroche : trois modèles français pour la création d'une peinture d'histoire nationale polonaise », dans Małgorzata Grąbczewska (dir.), Les Artistes polonais en Europe, actes de colloque, Paris, Bibliothèque polonaise, à paraître.
  • « The “Historical Genre” as an International Style : the Influence of Paul Delaroche on Józef Simmler and Polish History Painters », dans Wojciech Bałus, Rafał Ocheduszko, Barbara Ciciora-Czwórnóg (dir.), European History Painting of the 19th century : Mutual Connections, Common Themes, Differences, actes de colloque, Cracovie, Uniwersytet Jagielloński, Instytut Historii Sztuki, 2010, p. 155-175.
  • Un Siècle de paysages, les choix d'un amateur, catalogue d'exposition, Lyon, musée des Beaux-Arts, 2010, Paris, 2010.
  • Juliette Récamier, muse et mécène, catalogue d'exposition, Lyon, musée des Beaux-Arts, 2009, Paris, 2009.
  • « Alexandre Hesse (1806-1879) », dans Bruno Centorame (dir.), Autour de la Madeleine, art, littérature et société, Paris, 2005, p. 163-164.
  • Notices d'œuvres dans Carolus-Duran, catalogue d'exposition, Lille, Palais des Beaux-Arts, Toulouse, musée des Augustins, 2003, Paris, 2003.

Résumé du projet de recherche

Le musée des Beaux-Arts de Lyon et le musée de Brou à Bourg-en-Bresse s'associent pour organiser au printemps 2014 une exposition qui s'attachera à illustrer comment naît dans la première moitié du XIXe siècle une nouvelle appréhension du passé national, qu'il s'agisse du Moyen Âge, de la Renaissance ou du XVIIe siècle.
L'événement programmé à Bourg-en-Bresse s'intéressera à l'étude du renouveau d'intérêt pour l'architecture de ces périodes à travers ses représentations, tandis que celui proposé à Lyon se concentrera sur l'illustration des faits historiques, qui désormais abordent des champs extérieurs à la tradition du Grand Genre, délaissant les sujets mythologiques, antiques, religieux ou allégoriques, et engendrent une confusion dans la traditionnelle hiérarchie académique.
Cette nouvelle approche de la représentation de l'Histoire est initiée dans les années 1800 par un groupe d'artistes élèves de David, conduit par les Lyonnais Fleury Richard et Pierre Révoil, plus tard regroupés sous le vocable de « troubadours ». Leur intérêt se porte vers des épisodes inédits, illustrant non plus de grands exemples de vertu mais des faits mineurs, proches de la scène de genre, dans de petits formats à la facture léchée inspirés de la manière des Hollandais du XVIIe siècle. La critique propose une nouvelle catégorie afin de les classifier : le « genre anecdotique », dénoncé comme un abaissement de l'Histoire. Ce nouveau style remporte cependant un certain succès public, en particulier auprès de collectionneurs aussi illustres que l'impératrice Joséphine et ses enfants. Celui-ci s'essouffle néanmoins peu à peu dans une reprise des mêmes schémas de composition et se voit concurrencé par une nouvelle génération qui reprend certains de ces principes tout en les alliant à un esprit plus classique, à travers des formats plus imposants et un sens de l'effet dramatique, privilégiant l'émotion. Un nouveau vocable voit alors le jour, celui de « genre historique », personnifié par Paul Delaroche qui l'impose par ses succès dans les années 1820-1830. Ses réalisations font écho au goût pour la « couleur locale » tranmis par les romans de Walter Scott et aux travaux des jeunes historiens libéraux comme Barante, Guizot ou Thierry.
Diffusées à large échelle par le biais de la gravure, puis de la photographie à compter des années 1850, ces œuvres connaissent une importante célébrité. Celle-ci est à l'origine d'une véritable influence de Delaroche et du genre historique sur les développements de la peinture d'histoire en Europe. De nombreux artistes reprennent ce modèle, tant en Belgique qu'aux Pays-Bas, en Allemagne et en Europe Centrale. Jean Lacambre évoque ainsi dans un article pionnier sur cette question l'hypothèse d'un véritable « style international » autour de 1850.
À la lumière des nombreux travaux récents sur cette question et plus de quarante ans après l'exposition fondatrice intitulée Le Style troubadour organisée en 1971 par le musée de Brou, cette exposition réalisée en collaboration avec Stephen Bann, professeur émérite à l'université de Bristol, et avec le concours d'un comité scientifique, s'attachera à illustrer la naissance de cette nouvelle approche de l'Histoire, son développement et sa diffusion.