Parution de « Le rêve de Kupka » de Pascal Rousseau

Entre 1906 et 1909, František Kupka peint un tableau intitulé Le Rêve. L’artiste s’y représente allongé, nu aux côtés de sa femme, Eugénie. Dans la partie supérieure, leurs deux corps superposés en transparence semblent flotter dans l’espace, baignant dans une séquence de plans colorés.

Pascal Rousseau y lit le rôle joué par la rêverie dans l’anticipation d’un devenir abstrait de la peinture. Sous l’influence de la pensée théosophique, qui se répand dans les milieux artistiques et intellectuels du tournant des XIXe et XXe siècles, Kupka représente là un avenir idéalisé, où se lit la prémonition d’un « futur télépathique » de l’espèce humaine. Mais, et c’est peut-être là toute l’originalité de la thèse de Pascal Rousseau, cette œuvre est aussi l’une des premières expressions de la pensée anarchiste de l’artiste. L’auteur l’étudie à la lumière du motif iconologique de l’allégorie de la Vérité nue, que Kupka a notamment repris dans ses dessins pour la presse, et y décèle l’annonce d’une peinture non figurative comme fin du « grand mensonge » de l’art et de la société marchande, qui trouverait sa résolution dans la transparence absolue des consciences.

 

L’auteur

Pascal Rousseau est professeur d’histoire de l’art contemporain, spécialiste des avant-gardes historiques et des débuts de l’abstraction, ainsi que des liens entre imaginaires, sciences et technologies dans la culture contemporaine. Il enseigne à l’École nationale supérieure des beaux-arts et à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne. Il a été le commissaire des expositions Robert Delaunay. De l’impressionnisme à l’abstraction (Centre Pompidou, 1999), Aux origines de l’abstraction. 1800-1914 (musée d’Orsay, 2003), Sous influence. Résurgences de l’hypnose dans l’art contemporain (musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, 2006) et Cosa mentale. Les imaginaires de la télépathie dans l’art du XXe siècle (Centre Pompidou-Metz, 2016).

 

Sur la collection « Dits »

La collection « Dits » rassemble des textes d’historiens de l’art produits sur une invitation de l’INHA. Le plus souvent dits et adressés à un public, ils conservent la force de leur énonciation première ; formes brèves, leur argumentation exprime l’idée au plus proche du mouvement de la pensée qui l’a fait naître.

Déjà parus dans cette collection :

  • À livres ouverts par Georges Didi-Huberman,
  • Piranèse ou l’Épaisseur de l’histoire par Alain Schnapp,
  • Apparition et disparition du bibliothécaire. Une lecture d’Arcimboldo par Yann Sordet,
  • La Maison du Sommeil par Jean-Claude Lebensztejn,
  • Caravage, juste un détail par Jérémie Koering,
  • Une Africaine au Louvre en 1800. La place du modèle par Anne Lafont.

Éditions de l’INHA, collection « Dits »
ISBN : 978-2-917902-57-8
64 pages, 12 illustrations en couleurs
Prix de vente : 8 €
Disponible en librairie via FMSH Diffusion et en ligne sur www.lcdpu.fr

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