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Autour Utamaro
Il arrive que des livres sommeillent dans un lieu secret, connus des seuls spécialistes. C’est le sort de ces ouvrages. Leur intérêt est d’autant plus grand qu’on connaît peu cet Utamaro-là. Ce n’est plus l’estampeur de ces femmes à la nuque de cygne et des acteurs du quartier des plaisirs, ni le peintre des manuels de l’oreiller, mais un homme qui a pris le parti – un temps – d’aller contempler la neige ou la lune ou, encore, d’inventorier ce qu’une mer néglige à son retrait.
Dans ces trois recueils (Paysages de neige, La Lune folle, À marée basse) publiés en 1789 et 1790 par le célèbre imprimeur Tsutaya Jûzaburô, Utamaro abandonne une société raffinée, celle d’Edo, et retourne à la brutalité de la nature et de ses saisons. Ce délaissement de la communauté des villes fait sens dans l’assemblage hasardeux de ces trois œuvres. Le peintre regarde une grève, une lune vagabondant dans le ciel nocturne, de la neige. Il regarde et traite ce qu’il voit en paysagiste virtuose, formé à l’école de Kano. La touche précise et délicate évoque aussi bien la matière du proche que le rêve du lointain. Les poèmes (traduits par Jean Cholley) souvent burlesques qui furent prétextes aux gravures jettent une lumière crue sur l’extrême raffinement de ces images de brocart.
Afin de respecter la forme originelle de ces albums, les estampes sont reliées en accordéon, reliure réservée à l’époque d’Utamaro aux albums précieux.