© INHA / Ophrys / Collège International de philosophie, 2013
66 p., 8,50 €
ISBN : 9782708013407

Entre 1903 et 1905, l’ingénieur et industriel français Ferdinand Arnodin (1845-1924), contemporain de Gustave Eiffel, construit un pont transbordeur au-dessus du Vieux-Port de Marseille (il sera détruit par les Allemands en 1944). Arnodin fut l’inventeur de ce système qui permettait de faire rapidement passer des marchandises d’un quai à l’autre sans avoir à interrompre le trafic maritime : avant celui de Marseille, il avait construit plusieurs ponts transbordeurs, notamment ceux de Rouen, de Bizerte (démonté puis remonté à Brest) et à Nantes. D’une longueur de 239 mètres, le tablier du pont transbordeur de Marseille était tenu par deux pylônes métalliques de 86 mètres de haut : une nacelle de 120 m² y faisait l’aller et retour en moins de deux minutes. Un café restaurant s’y trouvait également.

Cette installation audacieuse, qui modernisait d’un coup le paysage traditionnel du Vieux-Port, suscita évidemment une polémique. Parmi ses admirateurs, on compte, outre Walter Benjamin, le peintre, sculpteur, cinéaste et photographe hongrois Làszlo Moholy-Nagy (1895-1946) qui, en 1929, après son départ du Bauhaus, réalisa une série de photogrammes du pont transbordeur qu’il qualifia de « véritable miracle de la technique, d’une précision et d’une finesse exceptionnelles ».

Trois auteurs – l’écrivain et dramaturge François Bon, le spécialiste de l’histoire de la photographie allemande et américaine de l’entre-deux-guerres Olivier Lugon, professeur à l’université de Lausanne, et le philosophe de l’architecture et de l’urbanisme Philippe Simay, professeur à l’École nationale supérieure d’architecture de Saint-Étienne – proposent ici trois approches de l’une des plus célèbres photographies de cette série.