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André Chastel (1912-1990). Histoire de l’art et action publique
L’aura d’André Chastel flotte encore sur l’histoire de l’art. Un siècle après sa naissance et plus de vingt ans après sa disparition, l’engagement pour la discipline de ce professeur charismatique reste un modèle pour les générations de chercheurs qu’il a influencées.
Scientifiquement, cet ancien élève de Focillon dénonce la tradition qu’il juge « trop littéraire » de l’histoire de l’art et se détache de l’étude de « la vie des formes » pour se pencher sur celle des œuvres. Il revisite ainsi d’un point de vue neuf la Renaissance italienne dont il est un éminent spécialiste. Sa soif de savoir va de pair avec son combat pour une meilleure connaissance et protection d’une notion appelée à devenir centrale : le patrimoine. Il est ainsi l’initiateur avec André Malraux, alors ministre de la culture, du projet d’« inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France » (1964). Le but est de « recenser et décrire l’ensemble des constructions présentant un intérêt culturel ou artistique ainsi que l’ensemble des œuvres et objets d’art créés ou conservés en France depuis les origines », « de la cathédrale à la petite cuillère » selon son expression. Institutionnellement, il défend certains projets auprès des différents pouvoirs politiques, tels l’enseignement de l’histoire de l’art dès le secondaire et la création d’une agrégation spécifique. Sous son impulsion, une section d’histoire de l’art est créée à la Villa Médicis lors de la réforme de l’Académie de France à Rome (1971). C’est enfin lui qui posera les préceptes d’un institut national d’histoire de l’art, appelé à rivaliser avec les grands centres de recherche anglais ou allemand.
L’exposition avait pour objectif de rendre hommage et présenter au public son œuvre et son action publique. Un ensemble inédit de documents permettent de mieux saisir l’ambition et le travail de fond de ce grand réformateur. Une bibliothèque dans l’espace même d’exposition permet de découvrir les éditions originales de ses publications tandis qu’un plan de rédaction de l’Art français annonce le projet monumental d’un ouvrage en sept volumes, définissant entre autre ce que pourrait être la « francicité » de l’art. Un ensemble de photographies évoquent, elles, quelques éléments importants de sa vie : ses voyages (on sait combien il lui importait de voir les œuvres in situ), ses amitiés professionnelles (avec Ernst Gombrich ou Francis Haskell) ou encore sa nomination à l’Académie.