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LABORDE, Alexandre (de)
Mis à jour le 5 mars 2013(17 septembre 1773, Paris – 20 octobre 1842, Paris)
Auteur(s) de la notice :
MEDVEDKOVA Olga
Profession ou activité principale
Homme politique libéral, archéologue, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, écrivain, auteur de livres de voyages
Sujets d’étude
Archéologie classique (mosaïque ; céramique grecque etc.), architecture médiévale en Espagne et en France, école de peinture espagnole, art des jardins, histoire de Versailles
Carrière
1773 : 17 septembre, naissance d’Alexandre de Laborde, fils de Jean-Joseph de Laborde, banquier de Louis XV, et de Rosalie Nettine
1789 : envoyé par son père à la cour de Vienne où il sert au régiment des housards de Kinski ; porté en France sur les listes des émigrés
1793 : premier voyage en Italie
1795 : voyage en Suisse et en Angleterre, puis en Allemagne, en Hollande et en Italie
1797 : de retour en France, rentre au ministère des Relations extérieures sous la protection de Charles-Maurice de Talleyrand
1800-1801 : attaché à l’ambassade de Lucien Bonaparte à Madrid, prépare la Description de la mosaïque d’Italica et commence à travailler sur le Voyage pittoresque en Espagne
1807 : suit Napoléon en Autriche où il entreprend de rédiger le récit de cette campagne
1810 : reçoit le titre de comte de l’Empire
1810 : fait partie de l’ambassade du prince de Neufchâtel à Vienne ; idée d’un Voyage pittoresque en Autriche ; étudie la collection des vases grecs du comte de Lamberg
1812 : nommé maître des requêtes, chargé de diriger le service des Ponts et chaussées qui comprenait, pour le département de la Seine, les routes, les ponts, les quais, les canaux et les services des eaux de Paris, poste qu’il conserve jusqu’en 1816 ; publication des Projets d’embellissement de Paris
1813 : publication du premier volume de la collection des vases grecs du comte de Lamberg ; entrée à l’Institut où il remplace François-Emmanuel, vicomte de Toulongeon (1748-1812)
1814 : en tant qu’adjudant-major, traite de la reddition de Paris au nom et pour la part de la garde nationale ; publie des brochures polémiques : Quarante-huit heures de garde et Des aristocraties représentatives, ou du retour à la propriété dans le gouvernement
1816 : nommé membre de l’Académie des inscriptions et des belles-lettres ; éloigné par le gouvernement de la restauration, se retrouve dans l’opposition ; s’occupe de la description des monuments de la France ; séjourne à plusieurs reprises en Angleterre ; popularise en France la méthode d’enseignement mutuel, dite la « méthode de Lancaster »
1818 : publie un essai d’économie politique, De l’esprit d’association
1819 : nommé maître des requêtes en service ordinaire dans le gouvernement de Louis XVIII
1822 : élu député par la ville de Paris
1825 : perd son siège de député
1825-1827 : voyage en Italie, en Grèce et en Orient avec son fils Léon de Laborde (né en 1807) qui donnera lieux à des publications par ce dernier ; à son retour, élu à la chambre des députés, participe à de nombreux débats politiques (notamment contre la conquête de l’Algérie), tout en continuant à alimenter les Mémoires de l’Institut
1830 : participe activement aux événements de la Révolution de Juillet du côté de Louis-Philippe ; ce dernier décidant de transformer Versailles en musée historique, Alexandre de Laborde prépare l’ouvrage Versailles ancien et moderne paru en 1841
1831-1837 : député de Seine, puis de Seine-et-Oise
1832 : élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques
Chevalier de la Légion d’honneur (1809)
Étude critique
« Le plus difficile est d’aimer son sort, quel qu’il soit, et d’y conserver de l’indépendance. », A. de Laborde (Les Jardins de France, 1808)
Des origines
La famille d’Alexandre de Laborde, d’origine modeste, descendait des Dort de Laborde, en Béarn. Son père, Jean-Joseph de Laborde (1724-1794), véritable génie des affaires, bâtit une fortune colossale, entre commerce et finance. Ce fut lui qui, profitant de ses relations familiales en Espagne, négocia les prêts de Louis XV dans ce pays et fut honoré du titre de banquier de la cour. De son père, Alexandre hérita la mobilité spatiale et l’aisance linguistique, le sens de l’entreprise, les idées libérales. Il en hérita également le goût pour les arts : ses châteaux de Méréville en Beauce, de la Fierté-Vidame et de Laborde en Bourgogne, ainsi que les trois grands hôtels de la rue Laffitte, alors rue d’Artois, furent construits et décorés par les meilleurs artistes de son temps. Pour son domaine de Méréville, érigé de 1784 à 1794, Jean-Joseph de Laborde avait embauché l’architecte Bellanger, le sculpteur Pajou, les peintres Joseph Vernet, Hubert Robert et Greuze. C’est là que fut créé l’un des plus célèbres jardins à l’anglaise de la fin du XVIIIe siècle. Il serait tentant d’imaginer Alexandre, futur dessinateur et graveur de ses propres ouvrages, apprenant au contact de ces artistes à dessiner l’architecture et le paysage, ainsi que découvrant le sens même du « pittoresque ».
Élevé chez les oratoriens au collège de Juilly – considéré parmi les meilleurs établissements éducatifs de l’époque –, Alexandre acquis une excellente connaissance du grec et du latin : à en juger par les références de ses ouvrages, la lecture des Anciens était jusqu’à la fin de sa vie l’une de ses occupations favorites. Sa passion pour les méthodes innovantes d’enseignement pourrait également lui venir des oratoriens.
En 1789, Alexandre, âgé de seize ans, fut envoyé par son père – qui profita de ses relations avec l’empereur Joseph II – à la cour de Vienne et servit au régiment des housards de Kinski. Au début de la Révolution, il se garda de rentrer en France (en 1794, son père fut condamné par le tribunal révolutionnaire et exécuté le 18 avril de cette même année) et fut porté sur les listes des émigrés. Après avoir voyagé à travers l’Europe, il se réfugia à son retour auprès de sa mère qui avait réussit à conserver les restes de la fortune de son mari et sut recréer autour d’elle un monde que fréquentaient, entre autres, Chateaubriand, amoureux de la sœur de Laborde, Étienne-Denis Pasquier (dit le chancelier Pasquier) ou encore l’auteur des Essais de morale et de politique, Mathieu Molé. Ce fut surtout l’amitié avec Chateaubriand (1768-1848) qui marqua le jeune Alexandre. Les idées exposées dans le Génie du christianisme (1802) se retrouvent dans ses écrits. Pourtant, cette influence, évidente – et ce d’autant plus que Chateaubriand participa sans doute à la rédaction de ses premiers ouvrages, ne fut ni unique ni dominante. Les écrits de Laborde sont marqués par tout un ensemble d’idées élaborées en même temps en France, en Angleterre et en Allemagne par les hommes de sa génération (en premier lieu Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling, 1775–1854). Représentant de l’« esprit européen » dont parlait madame de Staël, cosmopolite et polyglotte, Laborde avait une grande facilité d’absorber et de faire siennes ces idées.
En tout premier lieu, cela concernait une nouvelle vision de l’architecture médiévale et de l’idée même du paysage national. Dans ces deux domaines, les écrits de Laborde furent, nous semble-t-il, réellement précoces. Ils furent surtout, de manière très originale, liées au domaine de l’archéologie classique. De fait, l’exemple de Laborde nous permet de suivre le passage d’un discours universel à un discours centré sur la nation, ainsi que la transformation de l’antiquaire en historien.
Déjà sa première publication – Description d’un pavé en mosaïque découvert dans l’ancienne ville d’Italica (1802) – témoignait de ce processus. Clairement rattachée à la tradition des études antiquaires et consacrée à une mosaïque romaine, elle était issue du projet du Voyage historique et pittoresque en Espagne que Laborde avait conçu durant son séjour dans ce pays. « Suivi d’une troupe de dessinateurs, artiste lui-même, Laborde parcourut la Péninsule entière, étudia toutes les villes antiques, dessina et mesura tous les monuments arabes, tous les édifices du Moyen Âge et de la renaissance, et classant sa récolte méthodiquement par provinces, par époques et par grandes séries de style ou d’influences, il réunit en quatre volumes une Statistique monumentale de l’Espagne […]. Pendant qu’on terminait les dessins, qu’on dressait les cartes, qu’on gravait les planches, il détacha de son livre, pour le publier séparément avec plus de détails, la Description de la mosaïque d’Italica, qui avait été découverte le 12 décembre 1799. » (Paul Lacroix, Joseph de Laborde et ses fils, 1858, p. 9.)
Entre antiquaire et historien
La Description d’un pavé en mosaïque découvert dans l’ancienne ville d’Italica, aujourd’hui Santiponce, près de Séville, suivie de recherches sur la peinture en mosaïque chez les anciens et sur les monuments en ce genre qui n’ont pas encore été publiés parut donc à Paris en 1802, imprimé par Pierre Didot l’aîné au Louvre. Ce magnifique in plano fut illustré de nombreuses planches tirées et mises en couleur d’après les dessins de Laborde qui avait également gravé lui-même à l’eau-forte la planche d’ensemble. Comme nombre d’antiquaires des XVIIe et XVIIIe siècles, de Bellori à Caylus, Laborde justifiait sa publication par le souci de garder les traces de ce genre de monuments antiques périssables. Pourtant, à la différence de ses prédécesseurs, il insistait déjà sur une autre façon de le faire, par la création des musées d’Etat, domaine dans lequel l’Espagne lui semblait donner une leçon à la France : « Les pavés en mosaïque dont l’usage devint si fréquent chez les Romains dans les derniers temps de la République, ont été de nos jours presque aussitôt détruits que découverts ; il semblait que ces restes précieux de l’Antiquité n’avaient échappés aux invasions des peuples barbares que pour être abandonné, quinze siècles après, à la négligence des peuples civilisés. C’est ainsi que l’on a perdu ceux de Bavay, d’Aix en Provence, de Metz, etc., dont il reste à peine quelques mauvais dessins, qui servent moins à les remplacer qu’à faire sentir leur perte. L’Espagne que les voyageurs ont accusée de plus d’indifférence encore à cet égard, n’en est pas si coupable ; en effet, toutes les villes un peu considérables ont une espèce de Museum ou lieu destiné à renfermer les morceaux d’antiquité qui se découvrent dans les environs […]. Quant aux mosaïques, le gouvernement espagnol a pris soin d’en dessiner une partie, et de les rassembler dans un fort bel ouvrage […] » (Description d’un pavé, p. 1-2).
En antiquaire digne de ce nom attaché à la tradition du genre, Laborde expliquait ensuite que la mosaïque dont il s’occupait était précieuse pour la connaissance des mœurs des Romains de l’Antiquité et tout spécialement de leurs jeux de cirque, domaine qui fut depuis longtemps investi par les antiquaires, de Panvinius (De ludis circensibus, 1642) ou cardinal de Polignac (Circo Agonale di Roma, 1729) à Caylus (Description du théâtre de Curion, 1749). Pour cette raison, sa description de la mosaïque était suivie d’une dissertation sur les cirques des Romains, ainsi que sur leur architecture.
Mais dans l’essai « Recherches sur la peinture en mosaïque chez les Anciens et les monuments en ce genre qui n’ont point encore été publiés », ajouté à la fin de la Description, Laborde changeait de ton : l’historien empiétait ici sur l’antiquaire. Son histoire de la mosaïque ne se résumait plus à la mosaïque antique mais commençait avec la préhistoire et se terminait à la fin du XIIIe siècle quand cet art était presque oublié et quand, selon Laborde, André Taffi – fondateur de la mosaïque moderne – le renouvela en l’apprenant auprès d’Apollonius, un Grec qui travaillait à l’église San Marco de Venise. Ainsi la frontière entre Antiquité et ère chrétienne disparaissait, de même que celle qui séparait l’Orient de l’Occident, pour donner place aux nouveaux objets d’études : de la Sainte-Sophie de Constantinople aux mosaïques paléochrétiennes de Reims où se mélangeaient le zodiaque et le sacrifice d’Abraham. Le temps devenait fluide, les cultes juif, païen et chrétien s’entremêlaient et la Bible prenait place à côté de Pline. Cette même fluidité concernait l’espace : Laborde embrassait son sujet de la façon la plus large et dressait tout un catalogue « européen » des mosaïques conservées à Rome, en Suisse, en Allemagne, en Angleterre, en France et en Espagne.
La deuxième importante publication de Laborde attachée à la tradition antiquaire fut consacrée aux vases. Tout comme la première, elle naquit à l’étranger. En 1807, Alexandre de Laborde suivit Napoléon en Autriche, expédition qui lui valut, en 1809, le titre du comte de l’Empire. En 1810, il y revint avec l’ambassade du prince de Neufchâtel qui allait à Vienne demander la main de l’archiduchesse Marie-Louise. Ce fut durant ces séjours à Vienne que Laborde étudia la collection de plus de 500 vases grecs du comte de Lamberg, qui avait été l’ambassadeur autrichien à Naples et avait entreprit dans les années 1783-1784 des fouilles à côté de Nola, en compagnie d’un savant, l’abbé Vincenzo Mazzola.
Laborde obtint du comte de Lamberg l’autorisation de calquer ses vases et d’en publier une description. Ces calques furent réalisés par Jean-Charles Geslin (1814-1885) : le département des arts graphiques du musée du Louvre en conserve quelques échantillons. Les deux premières livraisons de l’ouvrage parurent en 1813 et ce fut cette publication qui facilita à Laborde l’entrée, la même année, à l’Institut. Ce fut une fois de plus un in plano de grand luxe dont les ouvrages du XVIIIe siècle de Passeri, d’Harcanville ou de Tischbein constituaient des modèles. Pour la reproduction des vases Laborde choisit la gravure au lavis en deux couleurs en justifiant ainsi son choix : « La gravure au lavis qui n’avait point encore été employée à la publication de ses monuments, nous a paru la seule qui puisse en donner une juste idée, et produire cette teinte égale dans les fonds que l’on ne peut obtenir par les couleurs appliquées à la main. Les monuments de l’antiquité sont trop précieux pour qu’on ne cherche pas à retracer leur moindre détail. » (Collection des vases grecs, Introduction, p. XIII-XIV).
La première planche de l’ouvrage représentait l’intérieur « du musée du comte de Lamberg ». Elle s’accompagnait d’une réflexion concernant la manière d’exposer les vases : « La disposition des vases rend facile l’étude et la comparaison de ces précieux monuments, et rappelle même, sous ce point de vue, leur ancienne situation ; car, ainsi que nous l’avons observé, un des côtés des vases destiné à faire face à la muraille, présentait rarement une peinture intéressante. » (Collection des vases grecs, Introduction, p. XVI). Certaines planches montrant des fragments portaient l’indication : « même grandeur que les figures du vase » qui apparaissait déjà dans sa publication de la mosaïque d’Italica. Quant à sa façon d’attribuer ce patrimoine aux Grecs et non plus aux Étrusques et de reconnaître leur usage rituel et non domestique, Laborde renvoyait aux « nouveaux savants », tels Winckelmann, Lanzi, Boettiger, Visconti et Millin.
Dans son « Introduction », il écrivait : « […] l’élégance de leurs formes, la beauté de leur matière, les sujets qu’ils représentent forment une étude intéressante pour l’historien, le peintre et l’antiquaire. C’est par les vases que l’on peut véritablement connaître l’état de l’art chez les Grecs, comme on juge de nos grands maîtres par leurs moindres dessins. Si les peintures des vases n’étaient point toutes l’ouvrage d’artistes distingués, elles étaient au moins la copie des tableaux célèbres retracés par des mains habiles : par elles se trouvent conservées des fables inconnues, des scènes mystérieuses dont aucun auteur n’a fait mention ; elles servent également à éclaircir des passages obscurs de ces même auteurs, et à expliquer des événements que l’on ne connaissait qu’imparfaitement. » (Collection des vases grecs, Introduction, p. I).
Cette comparaison de la valeur épistémologique des vases avec celle les dessins des artistes contemporains et, d’autre part, avec celle des copies des peintures célèbres était particulièrement innovante dans le contexte des études antiquaires traditionnelles. Dans ses descriptions des peintures des vases, Laborde était d’ailleurs tout sauf « néoclassique » : la principale qualité formelle que, en contemporain des artistes romantiques, il y voyait, était la rapidité et la franchise du trait posé sans hésitation.
Une autre innovation concernait le choix des vases à publier. « La science de l’antiquité, écrivait Laborde, consiste dans une suite continuelle d’observations, qui s’appuie l’une par l’autre ; la découverte de chaque monument vient ajouter un anneau à cette chaîne non interrompue ; et il arrive un moment où l’on peut envisager dans son ensemble une branche entière de la science, et la classer avec méthode sans craindre d’être démenti par les découvertes postérieures. Nous sommes peut être arrivés à ce point pour l’explication des vases peints, et l’observation suivie de ces monuments permet de les diviser en deux classes distinctes, du moins quant aux sujets qu’ils représentent. La première ayant rapport aux anciens mystères, aux jeux et aux exercices gymnastiques qui en faisaient partie, aux expiations, purifications, bacchanales et à cette foule de pratiques secrètes appartenant au culte de Bacchus, de Proserpine, de Cérès, et de Vulcain. La seconde comprend les peintures relatives aux temps héroïques ou fabuleux de la Grèce. » (Collection des vases grecs, Introduction, p. III.)
Le parti pris de Laborde consistait donc à ne choisir dans la collection du comte de Lamberg que les vases du premier groupe, ayant rapport aux mystères. En laissant de côté les époques et les styles, c’est à la seule signification des images que Laborde s’attachait. En déchiffrant les sujets il portait une attention tout à fait particulière aux attributs et aux attitudes (expressions corporelles) des personnages. Dans cet exercice, il s’appuyait sur sa vaste connaissance de la littérature grecque, mais aussi sur les recherches de ses prédécesseurs tel Guillaume de Sainte-Croix, auteur des Mémoires pour servir à l’histoire de la religion secrète des anciens peuples ; ou recherches historiques et critiques sur les mystères du paganisme (1784). Or, si pour Sainte-Croix « il est toujours utile de rassembler relativement soit au dogme soit au culte les titres les plus secrets de l’erreur » (Guillaume de Sainte-Croix, Mémoires, p. XI), pour Laborde qui fut un éminent franc-maçon, futur membre du Suprême Conseil de France, les mystères des anciens ne relevaient pas d’erreur. Tout au contraire, le désir d’être initié aux choses secrètes répondait, selon lui, chez les hommes à un profond besoin spirituel.
D’un grand nombre d’exposés consacrées aux antiquités, prononcés par Laborde à l’Institut, l’un des plus intéressants fut consacrée aux obélisques (Description des obélisques de Louqsor figurés sur les places de la Concorde et des Invalides, et précis des opération relatives au transport d’un de ces monumens dans la capitale, lu à la séance publique de l’Institut du 3 août 1832, Paris, Bohaire, 1833). Ce texte montre comment ses recherches d’antiquaire pouvaient influencer ses activités publiques, notamment dans le domaine de l’urbanisme. En remettant les événements politiques contemporains dans une perspective historique, Laborde leur fournissait un « fondement » de prestige. En historien plutôt qu’en antiquaire, il commençait donc par évoquer l’histoire des obélisques : leur emplacement dans l’Égypte ancienne (devant les temples ou les palais), leur transport de l’Égypte à Rome (d’Auguste à Sixte-Quint) et leur nouvel emplacement et fonction à Rome (au milieu de la place). Il utilisait ensuite ces éléments pour décrire le transport de l’obélisque de Louqsor à Paris, ainsi qu’imaginer son emplacement : « Il s’agit actuellement de décider quelle sera la place qu’on assignera à ce chef-d’œuvre de l’antiquité. Cette question a été agitée, même à la tribune législative, et nous avons été d’avis qu’il ne pouvait être mieux que sur la place de la Concorde ; l’opinion est aujourd’hui consultée à ce sujet, et la population entière appelée comme jury à se prononcer : usons donc nous-mêmes de ce droit. Nous pensons que si on possédait le second obélisque, il eût peut-être été convenable de les rendre tous les deux à leur véritable destination, de les placer comme signes indicatifs en avant de quelque grand édifice tel que le Panthéon consacré à nos gloires nationales ou le Louvre qui renferme les chefs-d’œuvre des arts et l’habitation des Rois. Mais si nous ne possédons qu’un seul de ces monuments et il faudra toujours deux ans pour se procurer le second, où pourrait-il être mieux aperçu, mieux étudié que sur la plus grande, la plus belle de nos places où l’on ne devrait chercher à rappeler que de glorieux souvenirs. » (Description des obélisques de Louqsor, p. 13-14).
Sa sensibilité de dessinateur de paysages et de connaisseur d’architecture se manifestait dans la façon dont il décrivait le futur « tableau » que cet emplacement de l’obélisque allait produire : « On voit déjà, par son peu d’épaisseur, que, loin de couper désagréablement ou de cacher les édifices dont il est entouré, il contribuera à leur ensemble, à leur ornement ; qu’il leur servira de centre, de point de mire, d’accompagnement, et sa couleur brillante se détachera de tous côtés sur le fond gris et blanc de l’architecture dans nos climats froids. Il sera surtout à son avantage lorsque la place sera débarrassée des fossés, des mauvais petits pavillons qui l’encombrent, et qu’il s’élèvera entre quatre fontaines monumentales qui compléteront ce bel ensemble. » (Description des obélisques de Louqsor, p.14).
Cette double sensibilité historique et artistique se manifestait clairement dans ses activités d’urbaniste. Ainsi, dans ses Différens projets de travaux extraordinaires concernant le service des ponts et chaussées du département de la Seine et la distribution des eaux dans l’intérieur de Paris (1812), Laborde proposait d’améliorer à Paris la distribution des eaux, et le système des égouts, d’y créer de nouveaux aqueducs, fontaines et lavoirs publics, ainsi que des pavés et des trottoirs. Tout comme ses autres publications, celle-ci était luxueuse comme s’il s’agissait d’un livre d’antiquaire. D’ailleurs, en dépit de sa modernité évidente, on y retrouvait facilement la façon d’appréhender la ville à travers la rhétorique des grands travaux publics, propre à l’un de ses auteurs préférés, Pline l’ancien.
Entre pittoresque et historique
Durant les deux dernières décennies du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, le genre du « voyage pittoresque » fleurit grâce aux publications de Jean-Claude Richard de Saint Non (Voyage pittoresque ou description des royaumes de Naples et de Sicile, 1781-1786), de Jean-Pierre-Laurent Houël (Voyage pittoresque des isles de Sicile, de Malte et de Lipari, 1782-1787), du comte Choiseul-Gouffier (Voyage pittoresque de la Grèce, 1782-1822), de Louis-François Cassas (Voyage pittoresque de la Syrie, de la Phoenicie, de la Palestine, et de la Basse-Egypte, 1796 ; Voyage pittoresque et historique de l’Istrie et Dalmatie, 1802) et d’autres (on peut y associer les voyages de Robert Wood, de Charles-Louis Clérisseau, de Robert Adam etc., qui n’avaient pas le mot « pittoresque » dans le titre). Ces luxueux in folios illustrés de multiples « vues » gravées étaient destinés aux bibliothèques aristocratiques qui faisaient souvent partie des cabinets et accompagnaient les collections de curiosités, d’art et d’antiquités.
Avec son Voyage historique et pittoresque de l’Espagne, Laborde avançait dans la même direction. En annonçant (dans le volume 29 de l’année 1807) la parution de sa quatrième livraison le Mercure de France insistait sur la qualité des illustrations : « Ces magnifiques paysages sont d’une exécution supérieure, et formeront, isolés dans les cadres, des tableaux d’un grand prix. » Plusieurs dessinateurs reconnus en signaient les gravures, comme Charles Percier qui dessina la page de titre, l’élève de David Constant Bourgeois, l’élève de Clérisseau Jacques Moulinier, François Liger, Jean-Lutin Vauzelle, enfin, Laborde lui-même, ainsi que Vivant-Denon.
Mais à la différence de ses prédécesseurs, le Voyage de Laborde ne se limitait pas – dans le domaine des arts – à l’antiquité classique : il comprenait, en revanche, l’ensemble des vestiges du passé en accordant une place très importante au Moyen Âge. La plupart des gravures (en tout 349, de plein-page ou deux par page), classées par régions et légendées en espagnol, français et anglais, montraient les monuments médiévaux, « gothiques » et « moresques ». Dans ses descriptions, Laborde exprimait sa fascination pour ces monuments. La cathédrale de Burgos lui paraissait, par exemple, comme « une montagne entière découpée en une infinité de pointes… » (Voyage historique et pittoresque de l’Espagne, « Castille », pl. X, p. 17) Le caractère « impur » de ces édifices ne lui faisait pas peur : tout au contraire, trouvait-il « ce mélange du gothique et de l’arabe » très élégant. Cette attitude face aux monuments médiévaux était tout sauf un caprice de goût. Ou, s’il s’agissait quand même d’un certain goût, c’était celui d’un historien.
De fait, le voyage de Laborde n’était pas seulement pittoresque, il était aussi historique et comportait de multiples « précis de l’histoire » de l’ensemble du pays et de chacune de ses régions. Ces précis commençaient inévitablement par l’histoire de l’Église car, pour Laborde, la gloire de l’Espagne était inséparable de la gloire de la religion catholique : « En effet chez aucune autre nation on ne vit la religion chrétienne se conserver plus brillante et plus pure, et, à l’exception de peu d’intervalle, plus généralement vénérée. » (Voyage historique et pittoresque de l’Espagne, t. II, p. XXV). Les institutions, les arts et les lettres espagnols que Laborde admirait, de même que généralement le « caractère national espagnol », découlaient de ce fait. Ainsi, sous la plume de Laborde, l’Espagne devenait l’incarnation même du « génie du christianisme ».
Les vues d’Espagne qu’il publiait montraient un mélange d’églises et d’abbayes, de montagnes, de forets et de grottes, les uns ressemblant aux autres, de telle sorte que l’artificiel semblait pousser naturellement du sol espagnol, alors que le naturel paraissait imprégné d’histoire.
La peinture espagnole du XVIIe siècle dérivait elle aussi du « génie du christianisme ». Le « voyage » se terminait par un essai intitulé Coup d’œil sur l’état des arts en Espagne dans lequel Laborde, parmi les premiers, faisait un véritable éloge de Velasquez, de Zurbaran, de Ribera, qu’il traitait de réalistes. Leurs tableaux, conservés en Espagne, gravés au trait accompagnaient son étude.
Des jardins de France …
« Le peintre Bourgeois rapportait d’Espagne des portefeuilles tout remplis de dessins que la gravure mettait autant d’années à reproduire qu’il avait mis de jours à les faire. Son crayon facile, fidèle quoiqu’un peu lâche, esquissa une suite de vue de Méréville et de quelques campagnes environnantes ; c’était assez pour donner à Laborde l’idée de la Description des nouveaux jardins de la France et des anciens châteaux. Un prospectus spirituel fut improvisé aussitôt, on grava les planches, on décrivit les plus belles résidences, et voilà un volume in-folio mis au monde. » (Paul Lacroix, op.cit., p. 9)
C’est donc en revenant d’Espagne que Laborde publia, en 1808, un livre consacré aux jardins. Là encore le cadre hérité du siècle précédent fut rempli d’un contenu résolument moderne lié, tout comme dans le Voyage en Espagne, au contexte politique de l’époque : « Il semble que la vie de la campagne acquiert un nouveau charme après les grandes révolutions, lorsque les hommes, fatigués des événements, aiment à se reposer quelque temps dans le calme de la retraite. Un beau pays est alors pour eux un être animé qui les console sans les plaindre, qui leur fait partager ses richesses sans les humilier de ses dons. S’ils y portent les peines de l’âme, les plaisirs des champs adoucissent leurs maux, et remplacent leurs affections ; s’ils y portent le regret de la puissance ou de la richesse, ils croient y retrouver ces deux avantages, parce qu’ils vivent au milieu des faibles et des pauvres. » (Description des nouveaux jardins de la France, p. 1.)
Ce retour au pays après les tempêtes révolutionnaires s’accompagnait chez Laborde de la découverte du paysage français qui, tout comme celui de l’Espagne, était à la fois historique et pittoresque : « Cet ouvrage d’ailleurs comprenant la description de nos anciens châteaux, doit rappeler autant les souvenirs historiques que les vues pittoresques du pays ». (Description des nouveaux jardins de la France, p. 3)
En dressant le schéma des différents types de paysages qui correspondaient aux différents tempéraments, Laborde caractérisait le paysage français comme celui qui était propice à la contemplation artistique et religieuse. Il faisait ainsi des Français, les héritiers lointains des Grecs et des Hébreux, ces « peuples d’Orient » attachés à ce genre d’exercices spirituels. Mais c’est ensuite le monde romain qu’il posait en fondement de sa construction nationale. Selon lui, l’ordre féodal, ce « système singulier, unique dans l’histoire des hommes », était directement issu du monde romain. En renvoyant aux écrits de Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye (1697-1781), Laborde parlait des origines de la chevalerie, déterminante pour l’histoire de la France, « à laquelle nous devons la splendeur de nos faits d’armes, la grâce de nos mœurs et le charme de notre littérature ; âge d’or des temps modernes, nobles jouets de l’enfance de la Société, et dont le souvenir console encore l’aridité des temps modernes. » (Description des nouveaux jardins de la France, p. 25).
De fait, les jardins de France étaient avant tout pour Laborde ses châteaux médiévaux comme ceux de la Renaissance, vrais porteurs et conservatoires de la meilleure époque de l’histoire française marquée par l’unité nationale : « Tout dans ces temps paraissait être sorti de la même idée ; et non point, comme de nos jours, un mélange bizarre du grec et du moderne dans les costumes et l’architecture. » (Description des nouveaux jardins de la France, p. 27).
Cette unité politique, morale et culturelle, issue de l’unité de son Église, était précisément ce qui manquait à la France de son époque, plongée dans l’égoïsme des particuliers. Retrouver les jardins de France était donc pour Laborde une façon de retrouver cette unité nationale. De fait, il s’agissait pour lui non tant des jardins de France que de la France toute entière comme d’un seul et même jardin. Pour cultiver ce jardin, il fallait reconstruire les anciens châteaux et abbayes. Ainsi pouvait-on recréer le paysage français parsemé de reliques de son histoire. C’est en prenant en compte le caractère de ce paysage qu’il fallait ensuite construire des bâtiments nouveaux en suivant, dans le domaine de l’architecture, le modèle gothique et, dans le domaine des jardins, le modèle anglais. En accord avec ces principes Laborde terminait son livre par les Observations sur la théorie des jardins, véritable traité du jardinage à l’anglaise.
Une vingtaine d’années plus tard, en répondant au désir de Louis-Philippe de faire du château de Versailles un musée d’Histoire de France, Laborde publiait son Versailles ancien et moderne que l’on peut considérer comme le second volet des Jardins de France. Le livre s’achevait par deux chapitres historiques consacrés à la peinture historique et à la sculpture iconographique en France. Fidèle à sa démarche, il commençait par les Grecs et les Romains, puis affirmait que la peinture d’histoire avait déjà existé dans la France médiévale, dans ses vitraux, ses manuscrits et ses tapisseries. Il faisait ensuite de Callot son véritable créateur. Après la décadence qui avait suivi l’époque de Le Brun, il en voyait la renaissance dans les œuvres de David.
… aux Monuments de France
Les deux volumes des Monumens de la France classés chronologiquement et considérés sous le rapport des faits historiques et d’étude des arts, parus en 1816 et 1836, furent une fois de plus des folios de luxe illustrés de multiples cuivres, destinés à célébrer la France monumentale, la richesse de son histoire incarnée dans celle de ses monuments. Laborde ne fut pas l’inventeur de ce genre qui remontait encore aux Plus excellents bâtiments de France d’Androuet du Cerceau, tradition qui connut un rebondissement important grâce aux activités éditoriales du compositeur et écrivain Jean-Benjamin de Laborde (1734-1794, sans aucun lien de parenté avec Alexandre), auteur de la Description générale et particulière de la France (vol. 1-4) et du Voyage pittoresque de la France (vol. 5-12), parus entre 1781 et 1796 (The Mark J. Millard Architectural Collection, vol. 1, French Books, p.224-230). Alexandre de Laborde mentionnait lui-même parmi ses prédécesseurs Clérisseau, Montfaucon, Alphonse de Cailleux et Isidore-Justin-Séverin Taylor (Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France).
Comme pour les Jardins de France, les dessins des monuments français furent réalisés par une équipe d’artistes dirigés par Bourgeois. Laborde lui-même avait « visité chacun de ces monuments, et quelquefois à plusieurs reprises, afin de juger de leur caractère, et d’être à portée de joindre aux recherches historiques les documents et les traditions conservés sur les lieux. » (Monumens de la France, vol. 1, p. IV).
Les volumes parus étaient consacrés, le premier, aux monuments des Celtes et des Gaulois, des Grecs et des Romains et, le second, à la France médiévale, à ses cathédrales qui, sans doute pour la première fois, furent gravées avec autant de sensibilité artistique. Dans certaines gravures, comme dans celle qui représente le portail de Chartres, on serait tenté de pressentir les découvertes de Monet.
Comme le titre de l’ouvrage l’annonçait, les monuments étaient classés chronologiquement et considérés sous le rapport des faits historiques et d’étude des arts. L’histoire et celle des arts y étaient intimement liées. La voix de Châteaubriand semblait s’y entendre de nouveau car les deux procédaient du rapport du peuple aux « choses mystérieuses », mystères des païens d’abord et religion des chrétiens ensuite. Ainsi à la longueur des pages il décrivait l’influence des druides sur les structures politiques et sur l’éducation de la jeunesse. Les druides, insistait-il, étaient aussi poètes, savants et philosophes moraux. Ils avaient une double doctrine : celle qu’ils enseignaient publiquement et qui s’appuyait sur l’immortalité de l’âme et celle qu’ils entouraient de mystères. Le rôle que jouaient les druides fut hérité ensuite par les prélats et les moines chrétiens. Ce fut eux qui « conservèrent le génie des arts et le dépôt des sciences pendant les temps intermédiaires de la civilisation ; ils faisaient eux-mêmes les plans, et dirigeaient les travaux que leurs novices ou leurs subordonnés exécutaient sous leurs yeux. » (Monumens de la France, vol. 1, p. II).
Pour le développement de l’architecture médiévale, Laborde considérait comme primordiale l’influence de l’Orient chrétien, de Constantinople et de l’art des croisés : « L’arc ogive, cette innovation heureuse dont on ignore l’auteur, vient de Constantinople, ainsi que toutes les traditions du Moyen Âge. » (Monumens de la France, vol. 1, p. III)
De manière générale, c’est par une sorte d’accumulation progressive et non pas par des « coups d’invention » que l’histoire, y compris celle des arts, avançait : « On a beaucoup écrit pour établir l’origine de ce genre d’architecture. Les uns l’ont attribué aux Goths, aux Arabes, aux Allemand. On l’a voulu trouver dans l’imitation des forêts, dans la copie des mosquées arabes antérieures des croisades, dans l’intersection des courbes. Les divagations auxquelles on s’est livré à cet égard proviennent d’une première erreur, celle de croire que ce genre d’architecture était une invention particulière, un goût nouveau, tandis qu’avec un peu d’attention, on aurait vu qu’il n’était véritablement qu’un perfectionnement graduel du style qui dominait à cette époque, qu’un peu plus de légèreté, de précision, d’élégance, de grâce donnés aux édifices alors existants ; changement, je le répète, opéré dans les arts par le perfectionnement du goût, comme il était dans tout le reste des usages et des institutions. » (Monumens de la France, vol. 1, p. 37).
Bien que la plupart de ses références renvoie aux écrits des Britanniques, ses conceptions historiques générales laissent entendre le grand souffle d’Entviclung des philosophes allemands de cette époque qui, en France, n’allaient faire école qu’au sein de la génération suivante, chez les historiens de l’art tels Alexis François Rio (1797-1874) ou de Montalembert (1810-1870). C’est dans ce caractère précoce de ses idées, associées aux formes éditoriales héritées des générations précédentes, qu’apparaît l’originalité de l’homme et de l’œuvre.
Olga Medvedkova, CNRS, chargée de recherche (CR 1), centre André Chastel.
Principales publications
Ouvrages et articles
- Description d’un pavé en mosaïque découvert dans l’ancienne ville d’Italica, aujourd’hui Santiponce, près de Séville, suivie de recherches sur la peinture en mosaïque chez les anciens et sur les monuments en ce genre qui n’ont pas encore été publiés. Paris : impr. de P. Didot l’aîné, 1802. Il en existe une traduction espagnole parue en 1806.
- Lettre à Madame de Genlis sur les sons harmoniques de la harpe. Paris, 1806.
- Voyage historique et pittoresque de l’Espagne. Paris : chez P. Didot l’aîné et chez Le Normand, 1807-1820. Une contrefaçon réduite de cet ouvrage parut en Belgique.
- Description des nouveaux jardins de la France et de ses anciens châteaux. Paris : chez Lenormand [et] Delance, texte en trois langue et 130 pl., 1808. (comprend le : Discours sur la vie de campagne et la composition des jardins, Paris, 1808).
- Itinéraire descriptif de l’Espagne, et tableau élémentaire des différentes branches de l’administration et de l’industrie de ce royaume, par Alexandre de Laborde. Paris : chez H. Nicolle et Lelormant, 1808 ; seconde édition : Paris, chez H. Nicolle et Lenormant, 1809 ; troisième édition augmentée : Paris, F. Didot, 1827.
- Différens projets de travaux extraordinaires concernant le service des ponts et chaussées du département de la Seine et la distribution des eaux dans l’intérieur de Paris. Paris : de l’imprimerie de A. Belin, 1812.
- Collection des vases grecs de M. le Comte de Lamberg expliquée et publiée par Alexandre de Laborde. Paris : Didot l’Aîné , 1813-1824.
- Des aristocraties représentatives, ou du retour à la propriété dans le gouvernement, par Alexandre de Laborde, membre de l’Institut et du Collège électoral du département de la Seine, etc., etc. Paris : Imprimerie de Le Normant, 1814 (seconde édition : 1815).
- De la représentation de la communauté, ou du système de nomination aux deux chambres, basé sur la propriété. Paris : Nicolles, 1815.
- Plan d’éducation pour les enfants pauvres, d’après les deux méthodes combinées du docteur Bell et de M. Lancaster. Londres, 1815 ; Paris, 1815 ; traduit en espagnol en 1816.
- Quarante-huit heures de garde au château de Tuileries, pendant les journées des 19 et 20 mars 1815 ou précis des événements qui ont eu lieu dans ces deux jours, par un grenadier de la Garde nationale. Paris, 1816 (avec deux planches gravées d’après les dessins de l’auteur).
- Les Monumens de la France classés chronologiquement et considérés sous le rapport des faits historiques et d’étude des arts. Paris : P. Didot l’ainé, 1816-1836.
- De l’esprit d’association dans tous ses intérêts de la communauté, ou Essai sur le complément du bien-être et de la richesse en France par le complément des institutions, par le Cte Alexandre De La Borde, membre de l’Institut (Acad. Des Inscriptions), etc. etc. Paris : chez Gide Fils, 1818 ; seconde édition revue et augmentée. Paris : Librairie de Gide fils, rue Saint-Marc-Feydeau, 1821.
- Observations sur les chapitres IV et V du budget du ministère de l’intérieur, pour 1821, concernant les dépenses relatives aux sciences, belles-lettres, beaux-arts et à l’instruction élémentaire. Tiré à part du Mémorial universel de l’industrie française des sciences et des arts, mars 1821.
- Voyage pittoresque en Autriche. Paris : F. Didot, 1821-1825, trois volumes.
- Opinion de M. Alexandre de Laborde, député de la Seine, sur le projet de loi concernant les canaux. Paris : imprimerie de Cellot, 1822.
- Aperçu de la situation de l’Espagne, par le comte Alexandre de Laborde, député de la Seine, Membre de l’Institut, etc., etc. Paris : chez l’éditeur des Tablettes universelles, 1823.
- Nouveaux renseignements sur la ville de Pétra et le pays des Nabathéens, lus à la séance publique annuelle de l’Académie des inscriptions et belles-lettres de l’Institut le vendredi 23 juillet 1828. Tiré à part de la Revue trimestrielle.
- Observations sur le dernier article de la section V du budget du ministère de l’intérieur, concernant les établissements scientifiques et littéraires. Paris : Didot, 1828.
- Institution Loriol. Plan d’éducation par les voyages mis à exécution sous les auspices de M. le comte de Laborde. Première année, novembre, 1829.
- Au Roi et aux chambres. Sur les véritables causes de la rupture avec Alger et sur l’expédition qui se prépare, par Alexandre Laborde, député de la Seine, etc., etc. Paris : chez Truchy, Libraire, boulevard des Italiens, N° 18, 1830.
- Vœu de la justice et de l’humanité en faveur de l’expédition de D. Pedro, par Alexandre de Laborde, Paris. : Bohaire, 1832.
- Description des obélisques de Louqsor figurés sur les places de la Concorde et des Invalides, et précis des opérations relatives au transport d’un de ces monumens dans la capitale, lu à la séance publique de l’Institut du 3 août 1832. Paris : Bohaire, 1833.
- Paris municipe, ou Tableau de l’administration de la ville de Paris, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, pour servir à l’examen du nouveau projet de loi municipale pour la ville de Paris, volume 64. Paris : Firmin Didot frères, 1833.
- Versailles ancien et moderne. Paris : Imprimerie d’A. Éverat et compagnie, Rue du Cadran, 14 et 16, 1839. (Seconde édition : Imprimerie Schneider et Langrand, rue d’Enfert, 1841).
Bibliographie critique sélective
- Jules Planat.– Histoire de la régénération de l’Égypte. Lettres écrites du Caire à M. le comte Alexandre de Laborde, membre de la Chambre des députés, par Jules Planat, ancien officier de l’artillerie de la Garde Impériale, et chef d’état-major au service du Vice-roi d’Égypte. Paris, 1830.
- Laborde, Léon de (1807-1869).– Voyage de la Syrie, par Mrs Alexandre de Laborde, Becker, Hall et Léon de Laborde, rédigé et publié par Léon de Laborde. Paris : Firmin-Didot frères, 1837.
- Laborde, Léon de (1807-1869).– Voyage de l’Asie mineure, par Mrs. Alexandre de Laborde, Becker, Hall et Léon de Laborde, rédigé et publié par Léon de Laborde. Paris : Firmin Didot frères, 1838.
- Charles Coquelin, Gilbert-Urbain Guimmaumin.– Dictionnaire de l’économie politique, vol. 2. Paris : Guillaumin, 1854 (deuxième édition), p. 12-13.
- Paul Lacroix.– Joseph de Laborde et ses fils, par M. Paul Lacrois, conservateur à la Biblbiothèque de l’Arsenal. Paris : typographie de Henri Pion, 1858 (extrait de la « Biographie universelle », t. XXII, p. 286-302.)
- Guigniaut J.-D.– Notice historique sur la vie et les travaux de M. le comte A. de Laborde. Paris, 1868.
- Franqueville (comte de).– Institut de France. Le premier siècle. 25 octobre 1795 – 25 octobre 1895., t. I. Paris : Académie des Sciences morales et politiques, 1895, p.170.
- Charles Norton Coe.– “Wordworth’s Debt to Laborde’s View of Spain”. Modern Language Notes, Vol. 64, No. 1 (Jan., 1949), p. 29-31.
- Elena Fernández Herr.– Les Origines de l’Espagne romantique. Les récits de voyage, 1755-1823. Paris : Didier, 1973.
- Suzanne Damiron.– « Dessins originaux pour l’illustration du Voyage pittoresque et historique de l’Espagne d’Alexandre de Laborde ». Actas del XXIII Congresso International de historia del arte, Granada editor, 1973.
- Eliane Favrot.– Les Monuments gothiques dans « Le Voyage pittoresque et historique de l’Espagne » d’Alexandre de Laborde, thèse de doctorat. Paris, 1978.
- Dora Wiebenson, Claire Baines ed.– The Mark J. Millard Architectural Collection, vol. 1, French Books. Washington, New-York, 1993, p. 216-220.
- N. Savage, G. Beasley, A. Shell et al.– Early Printed Books 1478-1840, Catalogue of the British Architectural Library Early Imprints Collection. Londres, 1995 ; t. 2, p. 901-904.
- Caroline Becker-Jeanjean.– Les Récits illustrés de voyages pittoresques publiés en France entre 1770 et 1855, thèse soutenue à l’École nationale des Chartes en 1999.
- Jacques Soubeyroux éd., Le Voyage dans le monde ibérique et ibéro-américain. Saint-Étienne : Publications de l’université de Saint-Étienne, 1999. -* Cornelis Boschma.– « Les voyages pittoresques d’Antoine-Ignace Melling ». Revue française d’histoire du livre, n° 116-117, 2000, p. 63.
- Diego Saglia.– Poetic Castles in Spain : British Romantism and Figurations of Iberia. Amsterdam : Editions Rodopi, 2000, p. 321.
- François d’Ormesson et Jean-Pierre Thomas.– Jean-Joseph de Laborde, banquier de Louis XV, mécène des Lumières. Paris : Perrin, 2002.
- Lise Hatton-Fétu.– Recherche et étude des témoignages du passé au XIXe siècle : la contribution d’Alexandre de Laborde, mémoire pour la maîtrise d’histoire de l’art, spécialité histoire du patrimoine ; université de Paris-Sorbonne Paris IV, sous la direction de Françoise Hamon, 2004.
- Nicole Gouric.– « Remarques sur l’interprétation des cadastres : deux exemples du jardin de Méréville (Essonne). Polia, 2004, n° 2, p. 41-61.
- Zenon Mezinsky.– Jacques Moulinier et François Liger. Dessins originaux pour le « Voyage pittoresque et historique de l’Espagne » par Alexandre Laborde, Mémoire de DEA, Montpellier, 2004.
- Francesc Quilez et Jordi Casanovas.– El viatge a Espanya d’Alexandre de Laborde (1806-1820), dibuixos preparatoris. Catalogue en catalan, avec traductions en castillan, anglais et français. Barcelone : Museu Nacional d’Art de Catalunya , 2006.
Sources identifiées
- Barcelone, musée national d’Art Catalan (MNAC)
Collection de vues d’Espagne ; voir l’exposition El viatge a Espanya d’Alexandre de Laborde (1806-1820), dibuixos preparatoris ; Barcelone, Museu Nacional de Catalunya, 30 mai-29 octobre 2006.
- Paris, Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art
Collection de vues d’Espagne par Jacques Moulinier, François Ligier, Florent-Fidèle-Constant Bourgeois de Castelet, Jean Lubin Vauzelle etc., BINHA, Jacques Doucet, 20.
- Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques
Collection de dessins : RF 31967 à RF 31972, montés ensemble ; ce sont des calques d’après les vases du comte de Lamberg, par Jean-Charles Geslin (1814-1885).
En complément : Voir la notice dans AGORHA