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COMTE, Jules
Mis à jour le 10 décembre 2008(17 octobre 1846, Paris – 14 décembre 1912, Paris)
Auteur(s) de la notice : MARTIN Annabelle
Profession ou activité principale
Haut fonctionnaire, éditeur, critique d’art et publiciste
Sujets d’étude
Enseignement du dessin, tapisserie
Carrière
Étudie au lycée Bonaparte, licencié ès lettres
1866 : entre au ministère d’État
1867 : nommé commis de troisième classe au ministère de la Maison de l’Empereur, bureau des Beaux-Arts
1870 : attaché au cabinet du ministre des Beaux-Arts
1870-1872 : nommé commis de première classe
1872 : nommé sous-chef au bureau des souscriptions
1875 : devient conservateur au dépôt légal
1878 : placé à la tête du bureau de l’enseignement à la direction générale des Beaux-Arts
1881 : nommé chef de division des musées et de l’enseignement des arts et du dessin, puis inspecteur général des écoles d’arts décoratifs
1886 : nommé directeur des bâtiments civils et des palais nationaux ; participe à la restauration du palais de Versailles, du domaine de Saint-Cloud et à l’agrandissement de la Bibliothèque nationale
1892 : voyage d’étude en Autriche
1895 : promu commandeur de la Légion d’honneur
1896 : fonde la Revue de l’art ancien et moderne
1897 : termine sa carrière mais ne se retire définitivement qu’en 1901
24 juillet 1909 : élu membre libre de l’Académie des beaux-arts, au fauteuil d’Émile Michel
Étude critique
Issu d’une famille aisée de la bourgeoisie parisienne, Jules Victor Abel Eugène Jean Comte est destiné à faire l’École normale mais le décès prématuré de son père l’oblige à assurer les devoirs d’un chef de famille. Après d’excellentes études au lycée Bonaparte, il se contente de la licence ès lettres et entre au ministère d’État. Dès 1870, il est rattaché au cabinet de Maurice Richard, au ministère des Lettres et des Arts. À son retour de la guerre, il regagne les bureaux de la rue de Valois. En 1874, il obtient de la Sorbonne une mission sur le Péloponnèse, alors fouillé par les Allemands, à propos duquel il veut écrire une thèse qui restera inachevée. En 1875, il est nommé conservateur au dépôt légal et trois ans après il devient chef du bureau de l’enseignement à la direction générale des Beaux-Arts. Il prend alors part à la réforme de l’enseignement du dessin, entreprise par son ami le sculpteur Eugène Guillaume. Il dirige ainsi la réorganisation de toutes les écoles départementales de beaux-arts, d’arts décoratifs et de dessin. Il conçoit un système logiquement constitué dont il est le propagateur le plus zélé. Il multiplie à ce propos les discours et les communications. Pour Comte, la connaissance des monuments et des arts est en effet le complément indispensable aux études classiques et se doit donc d’être convenablement enseignée. L’action administrative de l’État encourage les pouvoirs locaux. Chaque région est ainsi dotée de grandes écoles (Roubaix, Limoges, Aubusson, Bourges, Nice, Alger…), des subventions sont allouées, des programmes sont rédigés, des bourses de travail et d’études sont attribuées. En 1887, il traduit et publie l’ouvrage de Joseph William Comyns Carr, Art in Provincial France, et expose dans la préface les grandes lignes et les bilans des réformes entreprises dès 1878. Il explique ainsi clairement sa volonté de « grouper l’école et le musée, la théorie et la pratique, l’exemple et la leçon » (préface, p. LXI).
Très apprécié et considéré par ses pairs, il est nommé, en 1886, directeur des Bâtiments civils et des Palais nationaux en remplacement de son prédécesseur, M. Paulin. À ce poste à l’équilibre instable, il fait face à des intérêts différents et parfois contradictoires. Il gère notamment les chantiers de restauration du palais de Versailles, du domaine de Saint-Cloud et de l’agrandissement de la Bibliothèque nationale. Lorsque l’emploi de directeur des bâtiments civils est supprimé, il fait valoir ses droits à la retraite et est nommé directeur honoraire.
Parallèlement à ses fonctions officielles, Comte mène de nombreux projets fidèles à ses idéaux. Avec son épouse, il tient salon et accueille des lettrés, des artistes et des hommes de scène auxquels il accorde des donations. Surtout, son activité éditoriale reflète les mesures prises quant à la réforme de l’enseignement du dessin et des arts. Conscient du retard français, il conçoit différents outils et instruments nécessaires à la recherche et à l’étude des beaux-arts. Ainsi, il dirige dès 1880 la publication de la « Bibliothèque de l’enseignement des beaux-arts ». Conçue comme un ouvrage encyclopédique, sans équivalent à l’époque, la collection compte plus d’une soixantaine de volumes écrits par des spécialistes, parmi lesquels Henri Bouchot, Maxime Collignon et Ernest Chesneau, et traite autant de l’architecture gothique, de l’art de la verrerie, des armes, de l’art indien, de l’histoire de la musique que des manuscrits et de la miniature. Adressée à la « jeunesse studieuse » mais aussi à un public intéressé, cette publication cherche à offrir à tous des livres pratiques, élémentaires et peu dispendieux dans lesquels chacun peut facilement apprendre l’histoire et la théorie de l’art de toutes les époques. Des bibliographies complètent chacun des volumes. La « Bibliothèque » est couronnée de plusieurs prix dont la médaille d’or accordée par l’Académie et le prix Bordin. Déjà, en 1878, la publication de l’ouvrage monographique La Tapisserie de Bayeux avait pour but de faire connaître cette œuvre au plus grand nombre. Sans être un ouvrage d’érudition s’ajoutant aux nombreuses études sur le sujet, il offre, grâce à la phototypographie, la première reproduction réduite de moitié et malgré tout exacte de la tapisserie, constituant ainsi un outil de travail fiable.
En 1897, toujours afin de répandre la connaissance et de former un public capable d’apprécier les choses du passé et du présent, Comte fonde la Revue de l’art ancien et moderne. Ce projet, vaste et ambitieux, embrasse encore toutes les époques et toutes les formes artistiques. Outre la qualité des textes écrits par des collaborateurs de renommée (Henri Delaborde, Octave Gréard, Alfred Picard, Gaston Boissier, Auguste Aymard, Marcellin Berthelot), Comte cherche à publier une revue digne de l’érudition moderne pour laquelle un soin particulier est apporté au papier, à la dorure et aux nombreuses images et gravures. Pour certains critiques, même la publicité présente dans les pages est distinguée. En 1899, un supplément hebdomadaire, intitulé Le Bulletin de l’art ancien et moderne, est créé afin de renseigner les lecteurs sur tous les faits courants des mouvements artistiques contemporains. En 1900, tous les comptes rendus publiés dans la Revue à propos de l’Exposition universelle sont réunis dans un seul volume afin de « fixer […] la collaboration d’une élite d’écrivains et de graveurs » dans la forme durable et synthétique d’un livre (introduction de L’Art à l’Exposition universelle de 1900, p. II). À partir de 1904, Comte dirige la publication d’une série intitulée « Les Maîtres de l’art ». Le premier volume, écrit par François Benoît, est consacré au portraitiste britannique Joshua Reynolds. Contenant des biographies d’artistes, des illustrations nombreuses et des catalogues exhaustifs, ces petits livres sont rapidement imités prouvant, si besoin est, leur mérite et leur succès. À l’activité éditoriale de Jules Comte s’ajoute aussi celle de critique d’art. Au cours de sa vie, il collabore régulièrement aux revues L’Illustration, La Chronique, Le Public et Le National, où il succède à Théophile Gautier.
Annabelle Martin, historienne de l’art
Principales publications
Ouvrages et catalogues d’expositions
- La Tapisserie de Bayeux. Paris : J. Rothschild, 1878.
- La Bibliothèque de l’enseignement des beaux-arts. Paris : Quantin : A. Picard & Kaan, 1880.
- L’Art en France. Musées et écoles des beaux-arts des départements. Trad. de l’ouvrage de Joseph William Comyns Carr, Art in Provincial France, complétée par des renseignements statistiques et précédée d’une préface par Jules Comte. Paris : J. Rouam, 1887.
- Comte Jules, dir. – L’Art à l’Exposition universelle de 1900. Collab. de Ernest Babelon, Léonce Bénédite, Henri Beraldi et Fernand Calmettes. Paris : Librairie de l’art ancien et moderne, 1900.
Direction de collection
- « Les Maîtres de l’art ». Sous le haut patronage du ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts. Paris : Librairie de l’art ancien et moderne, 1904-1933.
Articles
- « Les Salons de 1882 ». L’Illustration, 6 mai 1882, 13 mai 1882, 20 mai 1882.
- « Salon de 1884 ». L’Illustration, 3 mai 1884.
Bibliographie critique sélective
- Berthelot Marcellin, dir. – La Grande Encyclopédie. Inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts. Paris : H. Lamirault, 1885-1901, t. 12, p. 286.
- Gubernatis Angelo (de). – Dictionnaire international des écrivains du jour. Florence : L. Niccolai, 1890, t. 2, p. 676.
- Gournier Charles. – Notice historique sur le service des travaux des bâtiments civils, à Paris et dans les départements, depuis la création de ce service en l’an IV (1795). Paris : L. Colas, 1848.
- Enciclopedia universal ilustrada Europea-Americana. Madrid : Espasa Calpe, 1908-1930, t. XIV, p. 860.
- Coutan Jules-Alexis. – « Discours aux funérailles de Jules Comte ». Paris : Publications de l’Institut de France, 1912, n°24.
- Lemonnier Henri. – « Notice sur la vie et les travaux de Jules Comte ». Paris : Publications de l’Institut de France, 1914, n°3, 12 p.
- Caplat Guy. – Les Inspecteurs généraux de l’Instruction publique. Dictionnaire bibliographique 1802-1914. Paris : Institut national de la recherche scientifique, Centre national de la recherche scientifique, 1986, p. 259-260.
- Remond Philippe – Eugène Guillaume (1822-1905) et les institutions artistiques. Thèse, École nationale supérieure des beaux-arts, Paris, 1995.
- Leclant Jean, dir. – Le Second Siècle de l’Institut de France 1895-1995. Paris : Institut de France, 1999, t. I, p. 311.
Sources identifiées
Paris, Archives nationales
- F17/2950 : Comte (Jules), chef de la direction des Beaux-Arts, 1874 : mission en Grèce (Argos), étude sur la vie et les œuvres de Polyclète (11 pièces)
- F17/20458 : anciens fonctionnaires des enseignements primaire, secondaire et supérieur, dossier individuel
- F21/2285, dossier 21 : section des Beaux-Arts, missions artistiques et littéraires, dossier individuel
- F21/5854 : bâtiments civils, palais nationaux, conseil des bâtiments civils (XIXe-XXe siècle), Bibliothèque nationale, dossiers relatifs aux travaux (1856-1916)
- F21/6315-6339 : bâtiments civils, palais nationaux, conseil des bâtiments civils (XIXe-XXe siècle), château et domaine de Versailles (1875-1935)
- F21/6296-6304 : bâtiments civils, palais nationaux, conseil des bâtiments civils (XIXe-XXe siècle), Saint-Cloud, château et parc, (1880-1935)
- L0579021 : dossier de la Légion d’honneur
Paris, Bibliothèque nationale de France, département de la Musique
- RES-2016 (N) : carte de visite annotée par Jules Comte adressée supposément à Hugues Imbert (1842-1905) et insérée dans La Symphonie après Beethoven, réponse à M. Félix Weingartner de Hugues Imbert (Paris, Fischbacher, 1900)
En complément : Voir la notice dans AGORHA