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CAHIER, Charles
Mis à jour le 9 janvier 2009(26 février 1807, Paris – 26 février 1882, Paris). Pseudonyme : ACHERI
Auteur(s) de la notice :
MARTIN Annabelle
Profession ou activité principale
Jésuite, historien de l’art, archéologue
Sujets d’étude
Cathédrale de Bourges, iconographie chrétienne, Jean Fouquet, proverbes et calendriers populaires
Carrière
Fils de Jean-Charles Cahier, célèbre orfèvre du roi Louis XVIII
À partir de 1815 : étudie au collège de Saint-Acheul-lès-Amiens
7 septembre 1824 : entre dans la Compagnie de Jésus
1827-1828 : nommé professeur au collège de Saint-Acheul-lès-Amiens
1830 : part enseigner en Suisse au collège de Brig-en-Valois puis part pour Turin où il enseigne au collège des Nobles
Vers 1840 : s’associe avec le père Arthur Martin
1850 : part pour Rome étudier les archives de la Compagnie de Jésus conservées au Gesù, tombe malade à Marseille, est donc renvoyé à Paris ; est régulièrement obligé de quitter Paris à cause de problèmes de santé, et de s’installer en Belgique
1853 : nommé ministre et préfet des études au collège de Brugelette
Étude critique
En 1898, Émile Mâle écrit, dans L’Art religieux du XIIIe siècle en France : « Personne, au XIXe siècle, n’a mieux connu l’art de notre Moyen Âge que le père Cahier. » Charles Cahier a lui-même avoué que son premier penchant l’avait conduit vers l’étude de « l’histoire ecclésiastique toute pure » (Nouveaux Mélanges, 1874, avant-propos, p. VI) avant de s’orienter finalement vers des études d’archéologie et d’art chrétien. En effet, face à certains opposants tels Jules Michelet ou Victor Hugo, le père Cahier refuse que ces études soient réservées exclusivement à « ces interprètes plus que laïcs » (Nouveaux Mélanges, 1875, p. 224). Son « alliance bénévole », comme il la définit lui-même en 1874, avec le père Martin à partir des années 1840 fut aussi décisive pour l’orientation de ses futurs travaux. Entré dans la Compagnie de Jésus le 7 septembre 1824, ce fils d’orfèvre avait déjà accumulé, dès son plus jeune âge, une riche documentation sur l’art chrétien. La cathédrale de Bourges s’imposa aux deux jésuites qui envisagèrent alors la publication d’une vaste monographie du monument, dont seule l’étude des vitraux du XIIIe siècle fut éditée entre 1841 et 1844. Le choix du très grand format fut retenu afin d’éviter, comme les auteurs l’expliquent clairement dans l’introduction, de fâcheuses réductions des planches qui auraient alors caractérisé leur ouvrage de « pittoresque ». Le père Cahier n’aura de cesse de faire constater l’absence de fonds reversés par le gouvernement, qui préféra le projet d’Adolphe-Napoléon Didron sur la cathédrale de Chartres, rendant plus délicate encore cette vaste entreprise.
Entre 1847 et 1856, les deux collaborateurs publient de nouveau ensemble les quatre volumes des Mélanges d’archéologie, d’histoire et de littérature. Si le père Martin visite et dessine les monuments, le travail de classement, de rapprochement et de commentaire revient largement au père Cahier. Placé dans la lignée des ouvrages de Bingham, Selvaggio, Augusti et Anton Josef Binterim, ce nouveau traité sur les antiquités chrétiennes se justifie, selon le père Cahier, par la présence de reproductions de bonne qualité jugées absentes dans les traités cités. Les images étant nécessaires pour la compréhension des monuments par les textes, il va s’attacher, avec l’aide précieuse du père Martin, d’en fournir un certain nombre dans les différentes livraisons de son ouvrage. En plus des textes écrits par lui-même et par son associé, les deux auteurs s’entourent cette fois de nombreux collaborateurs dont Étienne Cartier, Charles Lenormant, François Lenormant, Paul Durand, Jean de Witte, l’abbé Barraud, ou encore Raphaël Garrucci.
La mort du père Martin en 1856 met fin à la collaboration – parfois chaotique – entre les deux hommes. En 1867, le père Cahier publie seul Caractéristiques des saints dans l’art populaire énumérées et expliquées mais parmi les 5 000 gravures présentes dans son ouvrage un certain nombre d’entre elles sont de la main de son confrère. Si l’iconographie chrétienne est largement étudiée depuis les années 1830 aussi bien en Allemagne – notamment avec travaux de Georg Helmsdörfer publiés en 1838 – qu’en Angleterre, en France, Adolphe-Napoléon Didron édite seulement en 1843 son Histoire de Dieu, inaugurant ainsi le champ de la « science iconographique », alors que le travail des Bollandistes est encore loin d’être achevé. Intrigué par ce sujet depuis plus de trente ans, le père Cahier a conçu plus précisément son projet de publication, comme l’explique le père Daniel, à la suite d’une conversation avec l’architecte Jean-Baptiste Lassus devant le portail de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois (Père Daniel, Études religieuses, 1868, p. 356). Le père Cahier se propose ainsi de combler une lacune qu’il dit voir dans tous les ouvrages antérieurs : celle d’expliquer la caractérisation des saints par tel ou tel attribut qui sont, jusque-là, le plus souvent nommés sans être interprétés. Ainsi pour remédier à cette insuffisance, il recommande certaines lectures religieuses dont celle des bréviaires afin de préciser au mieux, pour chaque saint et pour chaque attribut, sa signification iconographique. Cette attention au milieu liturgique dans lequel les œuvres ont été réalisées ou dans lequel elles sont à considérer renouvelle alors profondément les études iconographiques. Un peu moins d’une décennie plus tard, il complète son ouvrage de 1867 en exprimant encore, dans deux articles, la nécessité et les avantages de l’étude des calendriers, cette matière curieuse et encore pleine de question. Émile Mâle et Louis Bréhier profitent pleinement de cet enseignement.
L’abondante documentation laissée par le père Martin nourrit encore un certain nombre de publications. Ainsi, dans la Suite aux Mélanges d’archéologie, parue en 1868, ne sont publiées que les planches du défunt consacrées à l’ornementation avec pour seul texte l’avant-propos dans lequel le père Cahier explique sa démarche de présenter au public le travail laissé inachevé. Dans l’introduction des quatre volumes des Nouveaux Mélanges d’archéologie, d’histoire et de littérature sur le Moyen Âge (1874-1877), le père Cahier revient encore longuement, parfois sur un ton singulier, sur sa collaboration « malgré l’extrême différence des caractères » avec le père Martin. Si les quatre volumes consacrés aux curiosités mystérieuses, aux ivoires, miniatures et émaux, à la décoration des églises et enfin aux bibliothèques sont encore largement nourris de la matière accumulée par son collaborateur, Jules Tailhan fournit cette fois dans le quatrième volume un texte sur les bibliothèques espagnoles.
Dans le courant des années 1830, Cahier est l’auteur de nombreux articles sous l’anagramme « Achéri », publiés essentiellement dans les Annales de philosophie chrétienne. Le choix de l’écriture sous un autre nom ne semble pas particulièrement s’expliquer par son caractère primesautier, le ton de ces articles n’étant pas plus satirique que celui du reste de ses ouvrages. Dans ces derniers, en effet, Cahier explique toujours ses intentions et ses méthodes, parfois de façon incisive et autoritaire, et fait ouvertement face aux nombreuses critiques émises à son égard. Il fait, cependant, également preuve de sincérité lorsqu’il écrit, pour ne citer qu’un exemple, « la probité m’oblige à dire que je n’y connais à peu près rien ». Si certaines de ses contradictions font l’objet de reproches, son ton plein de verve et d’humour constitue un ensemble attachant fortement apprécié en Grande-Bretagne, en Allemagne et aussi en Italie notamment par Augustus Welby Pugin ou par le commandeur Giovanni Battista de Rossi. En se définissant comme le « disciple du grand maître », Alexandre Du Sommerard, qui offre au père Cahier en 1840 un exemplaire dédicacé de son ouvrage Les Arts au Moyen Âge, prouve d’une certaine manière, par cette louange, l’influence de ses travaux et de ses méthodes innovantes.
Plusieurs projets de publication du père Cahier ne voient jamais le jour. Ainsi, son manuscrit du Dictionnaire de géographie ecclésiastique, sur lequel il travaillait dans les années 1860-1870, disparaît lors des troubles de la Commune, et la publication de sa Vie des saints en quatre volumes fut supprimée suite à la faillite de son éditeur. Si seul le troisième volume fut édité – Jules Tailhan en possédait d’ailleurs deux exemplaires –, l’ouvrage semble aujourd’hui introuvable.
Annabelle Martin, historienne de l’art
Principales publications
Ouvrages et catalogues d’expositions
- Sur quelques points de zoologie mystique dans les anciens vitraux peints. Fragments extraits d’une Monographie de la cathédrale de Bourges. Collab. du père Arthur Martin. Paris : impr. de Firmin-Didot frères, 1842.
- Monographie de la cathédrale de Bourges. Collab. du père Arthur Martin. Paris : Poussielgue-Rusand, 1841-1844.
- Des jésuites par un jésuite. Collab. du père Cahour. 1re partie, Examen des textes ; 2e partie, Examen des faits historiques. Paris : Poussielgue-Rusand, 1843-1844.
- 2 228 proverbes, rassemblés en divers pays, par un voyageur paroemiophile. Bruxelles : C. J. A. Greuse, 1854.
- Quelque six mille proverbes et aphorismes usuels et empruntés à notre âge et aux siècles derniers. Paris : Julien, Lanier et Cie, 1856.
- Jehan Foucquet. Heures de maître Estienne Chevalier, trésorier général de France sous les rois Charles VII et Louis XI. Repr. des miniatures avec un texte par M. l’abbé Delaunay, notices descriptives des miniatures par le révérend père Cahier. Paris : L. Curmer, 1866.
- Caractéristiques des saints dans l’art populaire énumérées et expliquées. Paris : Poussielgue frères, 1867.
- Suite aux Mélanges d’archéologie. Collab. du père Arthur Martin. Paris : Morel, 1868.
- Nouveaux Mélanges d’archéologie, d’histoire et de littérature sur le Moyen Âge. Collab. du père Arthur Martin. Paris : Firmin-Didot frères, 1874-1877.
- Ébauche d’études à faire sur les calendriers chrétiens du temps passé. Arras : impr. de la Société du Pas-de-Calais, 1878.
Traduction
- Cavedoni C. – Souvenirs de l’ancienne église d’Afrique, ouvrage traduit en partie de l’italien par un père de la Compagnie de Jésus (le père Charles Cahier). Paris : impr. Raçon et Cie, 1862.
Articles
- « Sur quelques points de zoologie mystique dans les anciens vitraux peints ». Annales de philosophie chrétienne, t. VII, p. 199.
- « Monographie de la cathédrale de Bourges, vitraux peints. Verrerie du XIIIe siècle ». Annales de philosophie chrétienne, t. VII, p. 303 ; t. VIII, p. 66, 143.
- « L’Idée des basiliques chrétiennes ». Annales de philosophie chrétienne, t. XIX, 1839, p. 344 et 421.
- « Le Jour de Noël ». L’Ami de la religion, journal ecclésiastique, politique et littéraire. Paris, 1848, p. 978-882.
- « Le Jour des Rois ». L’Ami de la religion, journal ecclésiastique, politique et littéraire. Paris, 1849, p. 68-71.
- « Lettre sur des bas-reliefs de Notre-Dame de Poitiers et de Saint-Nicolas de Civray ». Collab. de M. de Chergé. Bulletin de la Société des antiquaires de l’Ouest, 4e bulletin, 1857.
- « À propos d’un article du Bulletin du Bouquiniste ». Bulletin du bouquiniste, 4e année, 1er semestre, t. VII, 1860.
- « Jehan Quentin. – Lettre à M. Aubry, éditeur du Bulletin ». Bulletin du bouquiniste, 5e année, 2e semestre, t. X, 1861.
- « Monuments scandinaves du Moyen Âge avec les peintures et les ornements qui les décorent dessinés par M. Mandelsen ». Études historiques, 1862.
- « Notices sur les miniatures du Livre d’Heure ». Études historiques, t. II, 1866.
- « Un mot au sujet des Nouveaux Mélanges d’archéologie. Réponse à une note du cardinal Pitrac ». Études religieuses, 1874.
- « Le Petit Office de l’Immaculée Conception ». Études religieuses, 1880.
- « Iconographie de la Sainte Vierge ». Études religieuses, 1880.
- « Calendrier populaire du temps passé ». La Revue de l’art chrétien. Paris, 1878, avril-juin, p. 5-30 et 344-375.
Sous l’anagramme Achéri
- « Réfutation des assertions de M. Letronne sur la cosmographie des Pères ». Annales de philosophie chrétienne, t. XVII, 2e série, p. 260.
- « Réfutation de l’assertion de M. Libri, que le christianisme a nui au développement des connaissances ». Annales de philosophie chrétienne, t. XVII, 2e série, p. 347.
- « Notice sur les bibliothèques des églises et des monastères au Moyen Âge ». Annales de philosophie chrétienne, t. XVII, 2e série, p. 399.
- « Suite de la précédente notice ». Annales de philosophie chrétienne, t. XVIII, 2e série, p. 147.
- « Sur la science des femmes au Moyen Âge ». Annales de philosophie chrétienne, t. XVIII, 2e série, p. 215.
- « Sur l’édition d’Hugues Métel ». Annales de philosophie chrétienne, t. XVIII, 2e série, p. 240, 400.
- « Des écoles au Moyen Âge ». Annales de philosophie chrétienne, t. XVIII, 2e série, p. 355.
- « De la calligraphie au Moyen Âge ». Annales de philosophie chrétienne, t. XVIII, 2e série, p. 434.
- « Sur la miniature du Moyen Âge, les différentes écoles, les différents peintres ». Annales de philosophie chrétienne, t. XIX, 2e série, p. 47, 114.
- « Du luxe bibliographique du Moyen Âge ». Annales de philosophie chrétienne, t. XIX, 2e série, p. 201, 306.
Bibliographie critique sélective
- Daniel (père). – « L’Art et l’Archéologie dans l’iconographie chrétienne ». Études religieuses, Paris, 1868, p. 353-377 et 729-750.
- Chauvel Charles. – « L’Art et l’Archéologie dans l’iconographie moderne ». Études religieuses, 1868, t. II, col. 2334-2354.
- Querard Jean-Marie. – « Achéri ». In Les Supercheries littéraires dévoilées. Paris : Paul Daffis, 1869-1870, t. I, A-E, col. 179.
- Polybiblion. 1882, t. XXXIV, p. 264-266.
- Lettres des scolastiques de Jersey. Saint-Hélier, 1883, vol. 2, 3 décembre, p. 643-661.
- Backer Augustin (de) et Sommervogel Carlos. – Bibliothèque de la Compagnie de Jésus. Bruxelles, 1890, t. I, p. 264-265.
- Dictionnaire de théologie catholique : contenant l’exposé des doctrines de la théologie catholique, leurs preuves et leur histoire. Commencé sous la dir. d’Alfred Vacant, continué sous celle d’Eugène Mangenot. Paris : Letouzey et Ané, t. II-2, 2e tirage, 1910, col. 1303-1304.
- Burnichon Joseph. – t. I, [1814-1830]-1914, p. 249 ; t. III, [1845-1860]-1919 et t. IV, [1860-1880]-1922.
- Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastique. Commencé sous la dir. du cardinal Alfred Baudrillart ; continué par Albert de Meyer et Étienne Van Cauwenbergh. Paris : Letouzey & Ané, 1949, t. XI, col. 177-178.
- Prevost Michel et Roman d’Amat Jean-Charles, dir. – « Bournonville-Cayrol ». In Dictionnaire de biographie française. Paris : Letouzey et Ané, 1956, t. VII, n° 2, col. 830.
- Grente Georges (cardinal), dir. – Dictionnaire des lettres françaises. T. V, I : Le Dix-neuvième siècle, A-K. Collab. de Pierre Moreau et Mgr Louis Pichard. Paris : A. Fayard, 1971.
- Hilaire Yves-Marie et Mayeur Jean-Marie, dir. – Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine. Paris : Beauchesne, 1985, vol. 1. « Les Jésuites », p. 236-237.
Sources identifiées
Pas de sources recensées à ce jour