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Rodin graveur
Le fonds d’estampes d’Auguste Rodin (1840-1917) conservé à la bibliothèque vient d’être mis en ligne sur la bibliothèque numérique et nous permet ainsi de découvrir un aspect moins connu du talent du sculpteur.
C’est en 1881, lors de son premier voyage en Angleterre, que Rodin fait l’apprentissage de la gravure. Son ami Alphonse Legros (1837-1911), peintre et graveur français installé à Londres, l’initie à la technique de la gravure sur cuivre, et plus précisément à l’eau-forte et à la pointe sèche.
Bien que Rodin ait vite acquis une véritable maîtrise dans ce domaine, son œuvre gravé ne comporte que peu de pièces. Dans le second tome de son Manuel de l’amateur d’estampes des XIXème et XXème siècles, Loÿs Delteil décompte seulement 12 pointes-sèches et 5 lithographies. Mais, ajoute-t-il, « L’importance n’est pas en raison du nombre, mais de la qualité des œuvres, et les pointes-sèches de Rodin, grandes comme la main, comptent cependant parmi les plus belles œuvres gravées pendant tout le cours d’un siècle ».
Si ses premières gravures, comme Les Amours conduisant le Monde ou Le Buste de Bellone, laissent encore transparaître l’influence de Legros, la personnalité de Rodin va rapidement s’affirmer.
Ainsi, son sens sculptural s’impose dans La Ronde, qui semble traitée et modelée comme un bas-relief, ou dans le portrait d’Henry Becque , dans lequel Rodin multiplie les points de vue et recrée, en quelque sorte, une vision en trois dimensions en réalisant sur une même plaque de cuivre la face et les deux profils de l’écrivain. Tout aussi remarquable, le portrait de Victor Hugo pour lequel Rodin a su restituer sur le visage de l’écrivain une expression particulièrement vivante, comme saisie sur le vif. Ceci s’avère d’autant plus impressionnant lorsqu’on sait que Rodin grava ce portait d’après le buste qu’il modela en 1883, sans qu’Hugo ait jamais consenti à poser pour lui. Cette impression de spontanéité se trouve encore renforcée par la présence d’un second portrait gravé au bas, orienté différemment, comme esquissé par l’artiste.
Aux facultés de réalisation plastique développées par Rodin, s’ajoutent donc un don de l’expression graphique et une virtuosité dans le maniement de la pointe d’acier. Les estampes de Rodin suscitent l’admiration y compris des graveurs comme Charles Albert Waltner (1846-1925) qui le pousse à exposer ses premières réalisations, Bellone, Le Printemps et La Ronde, alors inédites, au salon de la Société nationale des Beaux-Arts en 1901.
Auguste Rodin, Henry Becque, pointe sèche, bibliothèque de l’INHA, EM RODIN 6. Cliché INHA
Élodie Desserle, service de l’Informatique documentaire et de la numérisation
En savoir plus
- Roger Marx, Les Pointes sèches de M. Rodin dans la Gazette des Beaux-arts (1er mars 1902, Tome 27, 3ème période, 537ème livraison, p. 203-208). Disponible en ligne : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2031554/f238.image
- Loÿs Delteil, Manuel de l’amateur d’estampes des XIXème et XXème siècles (1801-1924). Tome 2. Disponible en ligne : http://www.purl.org/yoolib/inha/4425