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L’inventaire du fonds Lenoir est achevé
En 1938, André Lenoir donna à la Bibliothèque d’art et d’archéologie une partie des archives de son grand-père Albert Lenoir (1801-1891), architecte du musée de Cluny et fils du créateur du musée des Monuments français, Alexandre Lenoir (1761-1839). Outre un recueil de croquis de voyages, le manuscrit préparatoire des Oeuvres complètes d’André Palladio (1842)et le petit fonds de Louis Boitte (1830-1906), gendre d’Albert Lenoir, ce don comprenait 2515 pièces réparties sur 2252 feuilles – dessins essentiellement, mais aussi gravures et plus rarement photographies, offrant relevés d’architecture, projets, copies, souvent accompagnés de notes.
Aujourd’hui conservé avec les dessins en feuilles sous la cote OA 716, ce fonds est un des fleurons de la bibliothèque. Malheureusement, il a attendu bien longtemps avant d’être aisément consultable. Ce n’est qu’en 2004 en effet, grâce à l’impulsion donnée par le jeune Institut national d’histoire de l’art, que furent entrepris son classement et son catalogage.
Pour marquer cette étape, l’INHA organisa une exposition du 31 août au 25 novembre 2005. Elle présentait un choix des dessins les plus remarquables du fonds (voir Albert Lenoir : historien de l’architecture et archéologue, [Paris] : Institut national d’histoire de l’art, 2005). Mais il fallut encore neuf années et bien des collaborations pour qu’enfin l’ensemble soit reclassé, identifié et décrit en ligne (plan établi sur les directives d’Alice Thomine-Berrada, notices d’Annabelle Martin et Olivier Boisset (2004-2006), Nicolas de Almeida (2010), Éloïse Letellier (2013) et Élodie Biteau (2013-2014)). C’est chose faite aujourd’hui.
On ignore dans quel état se trouvait le fonds en 1938. Actuellement réparti en 21 boîtes de grand format, il a été réorganisé en quatre ensembles thématiques.
1. Musée de Cluny (boîtes 1 à 3 ; 238 pièces)
Albert Lenoir fut l’architecte du musée des Thermes et de l’hôtel de Cluny, dont il présenta le projet en 1833. L’inauguration eut lieu le 17 mars 1844. Lenoir continua jusqu’à sa retraite, en 1884, à aménager les salles et les abords du musée. D’autres dessins des lieux sont conservés au musée de Cluny même.
Albert Lenoir, Hôtel de Cluny, projet d’aménagement de la chambre des abbés de Cluny, aquarelle, 1843-1844, bibliothèque de l’INHA, OA 716 (2, 75). Cliché INHA
2. Documentation pour la Statistique monumentale de Paris (boîtes 4 à 13 ; 1 166 pièces)
En 1835, Lenoir fut nommé membre du Comité des arts et monuments historiques créé par François Guizot. Chargé de diriger la publication de la Statistique monumentale de Paris, il rassembla d’innombrables plans et dessins, copies de documents existants ou relevés effectués sur le terrain, mettant à contribution plus d’une trentaine de collaborateurs tels que Théodore Vacquer, Eugène Leblan, Alexandre Bourla, Adolphe Berty.
Mais le fonds s’est enrichi à d’autres sources encore. On y trouve, notamment, une quinzaine de dessins du père d’Albert, Alexandre, ainsi que des copies de dessins de tombeaux du fonds Gaignières. Albert Lenoir posséda en effet un volume de cette célèbre collection, issu d’un vol commis à la Bibliothèque du roi en 1784. Il le vendit à la Bibliothèque nationale en 1883 (BnF, Pe11a ; Henri Bouchot, Inventaire des dessins exécutés pour Roger de Gaignières, 1891, p. xxiii).
Publiée en livraisons de 1840 à 1867, La Statistique monumentale dressait un inventaire inédit du patrimoine bâti de Paris de l’Antiquité au 18e siècle.
Anonyme, Paris, choeur de Saint-Eustache, relevé d’un vitrail d’Antoine Soulignac (1631), aquarelle, s. d., bibliothèque de l’INHA, OA 716 (8, 53). Cliché INHA
3. Voyages (boîtes 14 à 18 ; 643 pièces)
Dans sa jeunesse, Albert Lenoir voyagea en France et sur le pourtour du bassin méditerranéen.
En 1824, il visita le Midi avec Charles Téxier et Adolphe Périaux. De 1830 à 1833, il accompagna Alexis Cendrier en Italie. En 1836, il parcourut le Proche-Orient pour étudier l’art byzantin, passant par la Suisse, Venise, l’Adriatique, Athènes, les Cyclades et Constantinople.
De ses voyages, il rapporta de très nombreux dessins pris sur des petits carnets aujourd’hui démembrés, parfois remontés sur des feuilles de grand format, ainsi que des dessins plus aboutis et de plus grand format, auxquels se mêlent aujourd’hui des dessins divers, des croquis et des notes pris dans des livres.
Albert Lenoir, Façade de l’église de Sainte-Sophie, aquarelle, s. d., bibliothèque de l’INHA, OA 716 (18, 98). Cliché INHA
4. Divers (boîtes 19-21 ; 205 pièces)
La boîte 19 rassemble des dessins qui n’ont pas pu être identifiés précisément : plans, ornements, croquis d’architecture, dessins d’observation (minéraux, végétaux, animaux), ainsi que des notes diverses.
La boîte 20 contient d’anciennes chemises et la 21 des dessins de grand format qui ne pouvaient tenir dans les autres boîtes.
Albert Lenoir, Smyrne, café Pacha, mine de plomb, [1836], bibliothèque de l’INHA, OA 716 (18, 111). Cliché INHA
En août 2012, un descendant des Lenoir, M. Froissart, a donné à la bibliothèque une petite collection de documents concernant la famille. Dans la liasse concernant Albert, on remarque une belle correspondance de quelques dizaines de lettres adressées par Lenoir à sa femme Laure, des années 1850 à 1880.
Le catalogage intégral du fonds Lenoir permet d’envisager à court terme sa numérisation, qui viendra clore la numérisation des dessins en feuilles de la bibliothèque (cote OA), déjà disponible sur la Bibliothèque numérique. Devançant cette opération, l’École nationale des Chartes vient de faire numériser la boîte concernant Saint-Germain-des-Prés (boîte 9) pour son projet de base de données des sources concernant l’abbaye et sa restauration au XIXe siècle.
Jérôme Delatour, service du Patrimoine