Doctorante en histoire de l’art moderne, Chloé Perrot prépare une thèse sur l’iconologie au XVIIIe siècle. Celle-ci est définie ainsi par Roland Recht : « Dans la Kunstliteratur ancienne, l’ « iconologie » désigne deux sortes de recueils. Ceux qui réunissent des modèles allégoriques destinés aux beaux-arts [et] les ouvrages qui contiennent les représentations de dieux, de héros ou encore de personnages historiques ». Elle est également spécialisée dans le domaine des humanités numériques.

Lectrice régulière, elle nous explique ses présentes recherches et ses projets, et en quoi la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art l’aide à les concrétiser.

Vous en quelques mots ?

Je suis doctorante en histoire de l’art moderne à l’Université de Lille 3 et à l’École du Louvre, sous la direction du professeur Patrick Michel et de Guilhem Scherf, conservateur en chef au Département des sculptures du musée du Louvre. Je travaille sur les iconologies françaises du XVIIIe siècle, des ouvrages qui s’inscrivent dans la continuité de l’Iconologia de Cesare Ripa, avec toutefois quelques particularités qui en font tout l’intérêt.

Le corpus sur lequel je travaille est très volumineux et je me suis très vite intéressée aux outils numériques susceptibles de m’aider pour l’analyse. Après une formation en autodidacte, j’ai souhaité compléter mes savoirs par un Master « Technologies numériques appliquées à l’histoire » à l’École nationale des chartes. Je souhaite à présent pouvoir contribuer à la diffusion de l’enseignement des humanités numériques, dans ma discipline en particulier.

En parallèle de mon cursus, je travaille comme contractuelle au service d’Histoire de la santé de la BIU Santé où je suis chargée de travaux numériques.

Votre fréquentation de la bibliothèque ?

Je me rends à la bibliothèque de l’INHA plusieurs fois par mois, parce que je dois y consulter les monographies mais aussi les recueils d’estampes utiles à mes recherches. La plupart des monographies sont maintenant en libre-accès mais il m’arrive également de demander des documents en magasin voire des documents dont la consultation n’est possible que sur demande.

Mais je ne me rends pas à l’INHA uniquement motivée par mes recherches mais aussi pour le plaisir d’y travailler en profitant du cadre architectural.

Plutôt salle Labrouste ou magasin central ?

J’ai testé la salle Labrouste à la réouverture. Mais je préfère travailler dans le magasin central, pour moi plus propice à la concentration. Il faut simplement savoir y choisir sa place et éviter de se trouver sous une passerelle métallique.

Un détail insolite de la salle de lecture ?

Les poêles ! S’ils pouvaient encore fonctionner ce serait formidable, mais peut-être pas pour la sécurité !

Note : les calorifères sont encore utilisés, à l’heure actuelle, pour faire passer de l’air chaud.


Calorifère de la salle Labrouste. Cliché INHA / Olivier Ouadah 2016

Une grande trouvaille dans les collections ?

Pas vraiment une trouvaille mais plutôt un document peu connu que j’ai eu le plaisir de pouvoir feuilleter, mesurer, analyser : les Iconologies de Gabriel Huquier (1767-1769). Ce recueil n’est pas numérisé et même s’il l’était, c’est le contact avec le papier, avec les planches, bref, avec le document physique qui m’en a appris le plus à son sujet.

J’ai par ailleurs eu la chance de trouver un autre exemplaire, avant la lettre, et tout à fait singulier à bien des égards, chez une collectionneuse. La comparaison avec celui de l’INHA a été très fructueuse.

Votre sujet du moment ?

L’iconologie, l’allégorie, l’emblème… pour encore quelques années je pense, dans le cadre de mon sujet de thèse et pour le plaisir aussi. Je participe d’ailleurs prochainement au 11e Congrès international des études emblémistes organisé sous l’égide de la Society for Emblem Studies et des Amis des études Emblémistes en France (AEEF) qui se tiendra à Nancy du 3 au 7 juillet 2017. J’y parlerai de l’Essay d’un dictionnaire contenant la connaissance du monde de Daniel de la Feuille, une iconologie particulière qui me permettra d’interroger la relation qui unit livre d’emblèmes et iconologie.


Gabriel Huquier, Iconologies, eau-forte, vers 1767-1769, bibliothèque de l’INHA, collections Jacques-Doucet, 8 Res 54, f. 1 et f. 61. Cliché INHA

Des souhaits de nouveaux services à la bibliothèque ?

Il serait souhaitable que le wifi fonctionne dans le magasin central ce qui n’est pas le cas actuellement.

Et comme je suis un peu frileuse, si la salle Labrouste pouvait être un peu plus chauffée en hiver… le froid tombe vite sur les épaules quand on travaille.

Malheureusement, le wifi ne peut pas être déployé dans le magasin central en raison des rayonnages en fonte qui parasitent les ondes… En revanche, les places sont équipées de prises réseaux et de câbles ethernet.

Propos recueillis par Sabine Roulleau, service de l’informatique documentaire