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Les marques de collection à la bibliothèque de l’INHA
Si vous venez consulter des ouvrages ou des documents patrimoniaux à la bibliothèque de l’INHA, vous avez certainement déjà remarqué ce petit cadre rouge en bas des pages, dans lequel figure en lettres majuscules le sigle de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA). Quelle est la signification de cette marque rouge sur les documents de la bibliothèque ?
Définitions et généralités
Il existe plusieurs termes dans la langue française pour qualifier ce type de marque, allant de la plus courante : « tampon », à l’appellation « timbre » dans les notices d’autorité. Ce terme de timbre désigne dans le Larousse un « instrument qui sert à imprimer une marque, un cachet sur un document ».
Dans les collections patrimoniales des bibliothèques, le mot « estampille » est le plus usité, comme c’est le cas à l’INHA. Dans le dictionnaire Larousse, l’estampille est définie comme une « marque apposée sur un objet, un produit, un document, qui atteste son authenticité, son origine » ou encore comme une « empreinte particulière, distinctive, cachet ». Deux types d’estampilles sont à distinguer : l’estampille humide et l’estampille sèche.
En pratique, l’estampille est une marque plane ou en relief qui a été apposée par une entreprise ou une administration sur un document et qui permet d’indiquer son propriétaire actuel. Chaque nouveau propriétaire peut apposer son timbre, ce qui permet de suivre le parcours d’un document.
L’estampille humide
Les estampilles humides sont les plus courantes. Elles sont réalisées dans des matériaux très divers suivant l’encre utilisée ou l’effet désiré : métal – cuivre et laiton notamment – mais aussi bois, plastique, feutre, etc. La tradition veut que ces estampilles soient plus couramment réalisées en laiton.
L’encre employée pour une estampille humide dépend du type de papier sur lequel elle est appliquée. Une encre volatile est préférable pour des documents plastifiés, car elle sèche plus rapidement, alors que pour des documents plus « bruts », type papier, carton etc., on utilise une encre grasse. Pour des raisons de conservation des documents, cette encre doit être pérenne, tout en ne détériorant pas les documents. Les couleurs couramment utilisées pour estampiller des documents de collections patrimoniales sont le noir et le rouge.
L’estampille sèche
L’estampille sèche est une marque imprimée en relief sur le papier. Elle est réalisée à l’aide d’une pince à gaufrer. Ce type d’estampille peut être pratique, car elle permet de marquer plus rapidement les documents qui arrivent massivement dans les collections, sans attendre que l’encre sèche. Son utilisation nécessite en revanche une attention particulière.
Ce type de marquage se retrouve sur les documents officiels de l’État, permettant d’attester de leur originalité et de les protéger de la fraude. Cependant, ce marquage est beaucoup moins courant dans les bibliothèques car l’empreinte en relief déforme le support, ce qui peut être problématique, par exemple avec des documents dont les supports sont pelliculés. C’est le cas notamment pour les épreuves photographiques : la surface sensible est déformée, voire fracturée à cause de la presse du timbre.
Les estampilles à l’INHA
Selon le type de document traité, diverses estampilles peuvent être rencontrées sur un document de la bibliothèque de l’INHA. L’estampille sèche est adoptée à titre exceptionnel. On la rencontre uniquement pour la collection des cartons verts car elle permet un gain de temps considérable dans le traitement de ces collections, mais aussi car les cartons les plus récents sont souvent imprimés sur des papiers plastifiés ; l’encre y sèche donc difficilement.
Estampille sèche de l’INHA. Cliché INHA
À l’inverse, la bibliothèque de l’INHA utilise de manière très régulière l’estampille humide. Vous pourrez donc rencontrer divers tampons suivant la ou les collections dans lesquelles le document a été conservé. Le rouge est la couleur la plus présente, mais quelques estampilles noires apparaissent également sur certains documents.
Les premières estampilles
Les premières estampilles utilisées sont assez grandes : elles indiquent les adresses des lieux de conservation successifs de la collection de la Bibliothèque d’art et d’archéologie (BAA), depuis sa création en 1908 par Jacques Doucet.
Utilisée de 1908 à 1912, la première estampille indique l’adresse « 19, rue Spontini – Paris », immeuble situé en face de l’hôtel particulier de Jacques Doucet, qui fut le premier lieu d’accueil de la BAA. Il se trouve par exemple sur une planche de la Finta pazza de Giovanbatta Balbi.
Puis, de 1918 à 1935, la bibliothèque, donnée par Jacques Doucet à l’université de Paris, s’installe temporairement dans l’hôtel Salomon de Rothschild. Une nouvelle estampille porte donc l’adresse « Rue Berryer – Paris ».
Estampille de l’ancienne bibliothèque et collection Jacques Doucet. Cliché INHA
L’estampille « BAA »
La majorité des collections de livres imprimés comporte l’estampille de la Bibliothèque d’art et d’archéologie, sur leur page de titre. Ce cachet est rond, rouge et comporte un D au centre, rappelant au lecteur que l’ouvrage provient des collections Doucet. Depuis le rattachement de la Bibliothèque d’art et d’archéologie à l’INHA, en 2003, cette estampille n’est plus utilisée.
Tampon de l’estampille BAA. Cliché INHA
Estampille de la BIbliothèque d’Art et d’Archéologie. Cliché INHA
L’estampille « Jacques Doucet »
Les collections patrimoniales de la bibliothèque, notamment les documents en feuilles, portent quant à elles un autre type de marque : il s’agit d’un D majuscule dans un petit ovale. On trouve ainsi ce « D » sur les estampes, quelques cartons d’invitation aux vernissages d’expositions, ou encore, les photographies de la photothèque Jacques Doucet.
Tampon de l’estampille des collections Jacques Doucet. Cliché INHA
Estampille des collections Jacques Doucet. Cliché INHA
L’estampille « INHA »
Il s’agit de l’estampille la plus couramment utilisée aujourd’hui à la bibliothèque puisqu’elle est apposée sur tous les documents des collections courantes acquis depuis 2003. Elle se présente sous la forme d’un timbre carré rouge avec les lettres « INHA » en majuscules, dont la typographie s’inspire du logo de l’institut, conçu par le graphiste Philippe Apeloig. Il s’agit donc du même logo que vous retrouvez pour l’estampe sèche.
Tampon de l’estampille INHA. Cliché INHA
Estampille INHA. Cliché INHA
Pourquoi estampiller les documents ?
Ces timbres permettent de dater l’entrée des documents dans les collections de la bibliothèque. Mais avant tout, l’estampille est un moyen de protection de l’œuvre, notamment en cas de vol. Elle permet d’identifier ses propriétaires et joue un rôle dissuasif.
L’application d’une estampille permet aussi d’apprécier les caractéristiques des papiers. Avec le timbre humide, on se rend compte de la texture (plastifiée, rugueuse, lisse, spongieuse etc.), du grammage et des couleurs des documents, dont la lisibilité du timbre dépend. Avec le timbre sec, c’est l’épaisseur du papier qui est appréciée et qui oblige à doser la pression exercée sur la pince pour gaufrer le timbre. En effet, plus le papier est épais, plus la pression doit être importante.
Mes remerciements à Jérôme Delatour pour les précisions sur les collections d’estampilles de l’INHA.
En savoir plus
Depuis janvier 2016, les collections de la BCMN ont rejoint la bibliothèque de l’INHA. Elles sont naturellement dotées d’autres estampilles, que vous aurez aussi l’occasion de découvrir bientôt.
- « L’estampillage », fiche pratique de l’Enssib [consulté le 18/10/2016]
- « Marquage des collections publiques », guide méthodologique du Ministère de la Culture et de la Communication [consulté le 18/10/2016]
Sylvaine Pierre, service du patrimoine