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Léon Vaudoyer à la Villa Médicis
Quand l'architecture historiciste prend racine
La bibliothèque numérique vous invite à découvrir le fonds de dessins de l’architecte Léon Vaudoyer (1803-1872).
Léon Vaudoyer s’inscrit dans une lignée d’architectes. Il fit ses études dans l’atelier de son père Antoine-Laurent Vaudoyer (1756-1846), tout comme le fit plus tard son fils Alfred Vaudoyer (1846-1917) dans son propre atelier. Après avoir intégré l’École des beaux-arts, Léon Vaudoyer remporta le Grand Prix de Rome en 1826 avec un projet de Palais pour l’Académie de France à Rome, dessins que conserve l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Nommé membre de la commission des monuments historiques ainsi que de celle des arts et édifices religieux, il mit sa carrière au service de l’État, refusant les commandes de particuliers ou les travaux commerciaux. Il se consacra essentiellement à deux chantiers officiels : la nouvelle cathédrale de Marseille et la restauration du Conservatoire des arts et métiers de Paris, installé depuis la Révolution dans l‘abbaye Saint-Martin-des-Champs.
La bibliothèque de l’INHA conserve plus de cent cinquante dessins de Léon Vaudoyer, la plupart réalisés lors de son séjour en Italie. Profitant de l’opportunité offerte aux lauréats du Grand Prix de Rome de séjourner à la villa Médicis, Vaudoyer arrive à Rome en janvier 1827. Il entame alors avec son père une correspondance régulière que la bibliothèque de l’INHA conserve dans les deux sens. Dès son arrivée, comme il l’écrit à son père le 12 janvier 1827, Léon se rapproche de Félix Duban (1797-1870), Henri Labrouste (1801-1875) et Joseph-Louis Duc (1802-1879) : « Je suis souvent avec Duc, Labrouste et Duban […] Quand il fait beau, Duc et Labrouste me conduisent voir les antiquités. Duban m’a mené lundi au Vatican… ». Dans ses lettres, il déplore la monotonie des soirées hivernales, qu’il occupe en retravaillant en lavis légers les dessins qu’il rapportait de ses expéditions ou en copiant ceux des autres pensionnaires. Ceci explique la présence de dessins quasi identiques signés par des architectes différents, comme cette élévation de l’église Saint-François de Rimini par Vaudoyer que l’on retrouve chez Duban , ou ce relevé du tombeau antique de Faléries également commun à Vaudoyer et à Duban.
Léon Vaudoyer, Salles de bains, Pompéia, 1828, crayon, encre et aquarelle sur papier, bibliothèque de l’INHA, OA 718 (095). Cliché INHA
Présents depuis plusieurs années sur la bibliothèque numérique, les dessins d’Italie de Vaudoyer ont été remis en ligne dans une meilleure définiiion permettant d’en explorer les moindres détails et de mieux apprécier la précision de leur tracé. Les notices descriptives des dessins ont été enrichies notamment de données géographiques, permettant de suivre le parcours de l’architecte et de détecter ses lieux de prédilection. Jusqu’au milieu des années 1840, les pensionnaires de la villa Médicis ne pouvaient proposer à l’envoi des relevés et restaurations de monuments situés hors d’un périmètre de quarante milles autour de Rome avant leur troisième année. Cependant, il apparaît que Vaudoyer ne s’est d’emblée pas limité strictement à la région du Latium, élargissant son terrain de prospection par de nombreuses excursions. À Bologne, il s’intéresse à la richesse de l’architecture médiévale italienne ; à Assise et Palerme, il s’attache à la polychromie des décors ; à Pompéi, il se concentre sur les plans au sol pour étudier la conception de l’espace domestique… Son attention se porte tout particulièrement sur l’évolution des formes et sur la manière dont les types de bâtiments et les motifs s’adaptent au contexte social, politique, culturel et régional. L’architecture historiciste est en germe…
Vue de la bibliothèque numérique. Affichage en cartographie interactive des dessins exécutés par Léon Vaudoyer pendant son séjour à la Villa Médicis grâce aux données de géolocalisation
Léon Vaudoyer rentra à Paris au cours de l’été 1832. Durant ses cinq années de pensionnat, il exécuta plus de trois cents dessins qui furent contrecollés sur carton, classés chronologiquement et numérotés, peut-être à l’occasion de l’exposition posthume que l’École des beaux-arts organisa en 1873. Conservant près de la moitié de ces feuilles d’études faites en Italie, l’INHA dispose de l’ensemble le plus important. Pour l’autre moitié, une cinquantaine de dessins se trouve au musée des Beaux-Arts de Marseille, suite au legs d’Alfred Vaudoyer ; quelques autres figurent à l’Académie d’architecture de Paris et dans des collections privées.
Références bibliographiques
- Barry Bergdoll, Léon Vaudoyer : Historicism in the Age of Industry, Londres, MIT Press, 1994
- Charles Blanc, Les Artistes de mon temps, Paris, Firmin-Didot, 1876 (consulté le 05/03/2018)
- Adolphe Lance, Dictionnaire des architectes français, t. 2, Paris, A. Morel, 1872 (consulté le 27/02/2018)
- Les Vaudoyer : une dynastie d’architectes : exposition, Paris, Musée d’Orsay, 22 octobre 1991-12 janvier 1992, Paris, Réunion des musées nationaux, 1991
Élodie Desserle, service de l’informatique documentaire