Vous en quelques mots ?

Je suis guide conférencière et doctorante en histoire de l’art britannique sous la direction du professeur Laurent Châtel. Ma thèse porte sur le rôle qu’Elizabeth Siddal (1829 – 1862) a eu sur le mouvement préraphaélite en tant qu’artiste, poète et modèle. De retour à Paris après des études à l’étranger, j’ai vécu en Afrique du Sud et en Angleterre. Si le 19e siècle s’est imposé comme ma période de prédilection, mes centres d’intérêt reflètent des goûts assez éclectiques, comme la littérature hispanophone, la comédie musicale ou les légendes macabres.

A gauche : Dante Gabriel Rossetti, Beata Beatrix, c.1864-70. Cliché Sailko, source Wikimedia Commons. A droite : Elizabeth Siddal, Clerk Saunders, 1857. Source Wikimedia Commons.
A gauche : Dante Gabriel Rossetti, Beata Beatrix, c.1864-70. Cliché Sailko, source Wikimedia Commons. A droite : Elizabeth Siddal, Clerk Saunders, 1857. Source Wikimedia Commons.

Votre fréquentation de la bibliothèque ?

Comme je travaille à la demande et qu’on me trouve souvent au Louvre ou au musée d’Orsay, c’est assez pratique de passer à la bibliothèque avant ou après mes visites. J’y suis régulièrement d’octobre à mars, parfois presque tous les jours, beaucoup moins pendant la haute saison.

Plutôt salle Labrouste ou magasin central ?

Salle Labrouste, sans hésitation ! J’aime m’asseoir au fond à gauche, entre les étagères dédiées aux études de genre et à l’art anglais. Le magasin central m’oppresse quelque peu avec son plafond bas et les bruits de pas sur les caillebotis. La salle Labrouste, elle, m’inspire et convoque tout un imaginaire ! C’est un peu ainsi que j’imagine les élèves de Poudlard réviser dans Harry Potter. Son architecture me rappelle aussi la bibliothèque dans le dessin animé de Disney La Belle et la Bête.

Une grande trouvaille dans les collections ?

La bibliothèque de l’INHA est un lieu incontournable pour les publications relatives à l’histoire de l’art féministe (de grands noms comme Norma Broude et Mary Garrard, Linda Nochlin, Griselda Pollock) et les dictionnaires d’artistes femmes, la plupart en version originale.

Ma dernière perle a été le dépouillement de documents du fonds préraphaélite : correspondance, journaux intimes et mémoires de Dante Gabriel Rossetti, Ford Madox Brown, Georgiana Burne-Jones, John Ruskin, William Holman Hunt… Avoir accès aux écrits de personnages que j’ai l’impression de connaître depuis mon Master, est très émouvant !

Je suis toujours fascinée de voir à quel point la bibliothèque est réactive dans l’acquisition de catalogues d’expositions : j’ai ainsi eu l’opportunité de consulter celui de « Pre-Raphaelite Sisters » il y a quelques mois, dont je venais de voir l’accrochage à la National Portrait Gallery.

Votre sujet du moment ?

Pour un séminaire doctoral en 2017, j’avais préparé une conférence sur les artistes femmes dans les collections publiques françaises. Cet exposé s’est déroulé comme sur des chapeaux de roue. Je me suis dit qu’il était dommage de laisser en plan le travail de recherche effectué à partir des ouvrages conservés à l’INHA. D’où l’idée de fonder Women’s Art Tours, une agence de visites guidées consacrée à la représentation et à la création féminines dans les musées.

Laure Nermel, cliché Christophe Leonardi
Laure Nermel, cliché Christophe Leonardi

Des souhaits de nouveaux services à la bibliothèque ?

Je suis consciente des efforts faits pour rendre la salle Labrouste plus agréable, mais étant très frileuse, les plaids  en libre service ne parviennent pas toujours à me réchauffer. C’est d’autant plus frustrant en été lorsque le soleil est au zénith et qu’on ressent la grande différence de température avec l’extérieur.