Vienne, capitale autrichienne, regorge de bâtiments incontournables pour qui visite la ville, du château de Schönbrunn, au palais du Belvédère, au célébrissime Opéra, en passant par le musée de l’Albertina ou la cathédrale Saint-Étienne…

La Bibliothèque nationale autrichienne possède plusieurs bâtiments : le bâtiment principal sur la Heldenplatz, mais aussi la salle d’apparat et le Globe Museum. Tous se situent dans le même quartier, dans ou à proximité du Hofburg.

Hofburg

Au centre de la ville, un ensemble impressionnant et immanquable celui de la Hofburg : ce palais fut, pendant six siècles, la résidence d’hiver de la dynastie des Habsbourg et le centre du pouvoir impérial.

La Hofburg se compose d’un ensemble de bâtiments, édifiés au fil des siècles et des souverains successifs pour atteindre aujourd’hui une surface qui représente un cinquième de la surface du centre-ville.

Malgré ses styles différents, une harmonie cependant s’en dégage, avec une prédominance du baroque. Les bâtiments se succèdent au rythme d’une vingtaine de cours, et s’y trouvent encore aujourd’hui, outre le palais impérial, le musée Sissi, l’école espagnole d’équitation, les bureaux de la présidence autrichienne et la bibliothèque nationale autrichienne.

Österreichische Nationalbibliothek

La Bibliothèque nationale autrichienne (Österreichische Nationalbibliothek) se trouve sur le côté droit de la Josefsplatz, place réalisée au XVIIIe siècle avec des façades homogènes, influencées par le baroque tardif. Derrière ces façades, le manège d’équitation espagnole sur le côté droit, la bibliothèque impériale (et maintenant nationale) au centre et l’église des Augustins à gauche. Au centre de la place, chevauche Joseph II (1741-1790), habillé en empereur romain.

Hofburg Josefsplatz, Vienne (Autriche). Cliché Hiroki Ogawa / CC BY (https://creativecommons.org/licenses/by/3.0)
Hofburg Josefsplatz, Vienne (Autriche). Cliché Hiroki Ogawa / CC BY (https://creativecommons.org/licenses/by/3.0)

C’est cependant à un autre souverain Charles VI (1685-1740) que l’on doit la construction de la salle d’apparat afin d’y abriter la Hofbibliothek (bibliothèque impériale) ; celle-ci fût construite entre 1723 et 1726 par l’architecte Johann Bernard Fischer von Erlach (1665-1723) et achevée par son fils Joseph Emanuel Fischer von Erlach (1693-1742).

Der Prunksaal

La salle d’apparat (Prunksaal) est la bibliothèque impériale historique. C’est la plus grande bibliothèque baroque d’Europe.

C’est une longue pièce unique qui mesure 77,70 mètres de long, 14,20 mètres de largeur et d’une hauteur de 20 mètres, véritable joyau de l’architecture baroque.

Salle d'apparat de la Bibliothèque nationale d'Autriche. Cliché Oke / CC BY-SA (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/)
Salle d’apparat de la Bibliothèque nationale d’Autriche. Cliché Oke / CC BY-SA (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/)

Salle d'apparat de la Bibliothèque nationale d'Autriche. Cliché Herbert Frank / CC BY-SA (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/)
Salle d’apparat de la Bibliothèque nationale d’Autriche. Cliché Herbert Frank / CC BY-SA (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/)

Le mot « baroque » vient du portugais « barroco » qui signifie « extravagant, imprévu, irrégulier ». Il a été utilisé pour qualifier un mouvement artistique, apparu dans plusieurs villes d’Italie à la fin du XVIe siècle, qui privilégie la liberté et l’exagération des formes, le foisonnement des couleurs, l’opulence dans son ensemble.

Ce style a essaimé dans la plupart des pays d’Europe et arrive tardivement à Vienne, au début du XVIIIe siècle. A cette époque, la menace ottomane est enfin écartée et la ville s’est remise de la grande épidémie de peste de 1679 où 30 000 personnes décédèrent. Les autrichiens vont alors, comme pour tourner la page, favoriser cette forme du baroque appelée « rococo », caractérisée par la profusion des ornements.

Avant même d’entrer dans la bibliothèque, on peut admirer dans l’escalier des statues en marbre et des colonnes.

Les fresques allégoriques de Daniel Gran

La salle d’apparat, qui se devait d’impressionner les diplomates et curieux de l’époque, est ornée de fresques dues au peintre autrichien Daniel Gran (1694-1757). Elles culminent à plus de 30 mètres. Elles représentent, entre autres, l’apothéose de l’empereur Charles VI, ainsi que l’histoire allégorique de la construction de la bibliothèque de la Cour.

Plafond de la salle d’apparat. Source : Wikimedia Commons
Plafond de la salle d’apparat. Source : Wikimedia Commons

La fresque de la coupole représente l’apothéose, la « déification » de l’empereur Charles VI, commanditaire de la bibliothèque. Au milieu, nous voyons Charles VI dans toute sa gloire, avec une pyramide et une couronne de laurier dans les mains, tandis qu’en dessous se trouve un médaillon d’or avec un portrait de l’empereur soutenu par Apollon et Hercule.

La visionneuse ci-dessous vous permet d’admirer les moindres détails de cette fresque.

Les statues de marbre

La statue de marbre située au centre de la salle d’apparat représente l’empereur Charles VI en Hercule Musagète (conducteur des muses). Elle date de 1735 et aurait été réalisée par le sculpteur de la cour impériale Antonio Corradini (1668-1752). Les autres statues en marbre, créées par les frères Pierre (1660-1714), Paul (1648-1708) et Dominik Strudel (1667-1715), représentent les Habsbourg autrichiens et espagnols.

Antonio Corradin, statue de Charles VI, 1735. Source : Wikimedia Commons
Antonio Corradin, statue de Charles VI, 1735. Source : Wikimedia Commons

On note aussi devant les bibliothèques en noyer la présence de quatre globes vénitiens de Vincenzo Coronelli (1650-1718) larges d’un mètre de diamètre.

Vincenzo Coronelli, globe dans la salle d'apparat de la Bibliothèque nationale autrichienne. Cliché Politikaner / CC BY-SA (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)
Vincenzo Coronelli, globe dans la salle d’apparat de la Bibliothèque nationale autrichienne. Cliché Politikaner / CC BY-SA (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)

Les collections

Avec ses fonds historiques, la Bibliothèque nationale autrichienne est l’une des plus importantes bibliothèques au monde. Une partie des collections, quelque 200 000 livres datant de 1501 à 1850, est conservée dans la salle d’apparat.

De 1730 jusqu’au XIXe siècle, la salle de la bibliothèque et ses salles attenantes ont abrité les manuscrits, incunables, documents imprimés, cartes, globes, partitions manuscrites, musique imprimée, autographes, dessins et gravures de la bibliothèque de la Cour.

Il convient de mentionner tout particulièrement la bibliothèque du prince Eugène de Savoie (1663-1736), exposée au centre de la salle, qui contient 15 000 volumes reliés en cuir marocain rouge, bleu et jaune. Elle comporte aussi 8000 incunables ainsi qu’une collection de littérature slave. Le prince Eugène était l’un des plus importants collectionneurs de livres de son temps. En quelques années seulement, il avait accumulé les livres et les manuscrits les plus précieux, dont la plupart provenaient de France et d’Italie et avaient été achetés lors de ventes aux enchères d’art. Ce fonds historique a été numérisé, il est accessible librement via le catalogue en ligne de la bibliothèque.

La salle d’apparat n’est pas seulement utilisée en tant que salle de bibliothèque, mais aussi en tant que musée. Chaque année, deux à trois expositions temporaires y ont lieu dans lesquelles les fonds précieux de la Bibliothèque nationale autrichienne sont présentés.

Vue des collections et des boiseries. Cliché Stéphanie Fournier
Vue des collections et des boiseries. Cliché Stéphanie Fournier

En effet, la bibliothèque comporte aussi quatre musées : les musées de l’espéranto, du papyrus, des globes et de la littérature, riches de manuscrits, de partitions musicales anciennes et d’autographes. Elle peut ainsi puiser dans leurs précieuses collections pour organiser des expositions.

Ainsi, l’été dernier une consacrée aux cartes terrestres, dont celle-ci qui a une seule copie à la Bibliothèque du Congrès de Washington, comme l’indique le cartel.

Carte de Martin Waldseemüller, 1507. Clichés Stéphanie Fournier
Carte de Martin Waldseemüller, 1507. Clichés Stéphanie Fournier

Jusqu’au 19 avril 2020 a lieu une exposition sur le compositeur Ludwig van Beethoven qui aurait eu 250 ans cette année, avec des lettres et des manuscrits de ses œuvres.

Visite virtuelle

En collaboration avec Google Cultural Institute, la Bibliothèque nationale autrichienne a réalisé une visite virtuelle de la salle d’apparat. On peut y observer les moindres recoins.

Informations pratiques

Österreichische Nationalbibliothek

Josefsplatz 1, 1015 Vienna

Heures d’ouverture : tous les jours, 9.00-21.00

L’entrée est payante pour les personnes de 19 ans et plus.

En savoir plus

Stéphanie Fournier, service du Catalogue