La Bibliothèque nordique

Opération nationale du ministère de la Culture mise en œuvre par le château de Fontainebleau et l’INHA, le Festival de l’histoire de l’art a lieu les 7, 8, et 9 juin 2019. Cette édition a pour thème le peuple et met parallèlement à l’honneur les pays nordiques.

À cette occasion, c’est avec curiosité que nous mettons le cap, au sein de la bibliothèque Sainte-Geneviève, à Paris, vers la Bibliothèque nordique qui est actuellement la bibliothèque la plus riche du monde dans les domaines des langues et cultures scandinaves et finno-ougriennes en dehors des pays nordiques !

Origine de la bibliothèque

La Bibliothèque nordique est une section de la bibliothèque Sainte-Geneviève. Son origine remonte au legs, en 1868, de la collection de Jean-Bernard-Marie-Alexandre Dezos de La Roquette (1784-1868), consul de France à Elseneur au Danemark puis à Christiania (actuelle Oslo) en Norvège et ancien vice-président et président honoraire de la Société de Géographie, qui était ami de Ferdinand Denis (1798-1890), conservateur (1841?-1865) puis administrateur (1865-1883) de la bibliothèque Sainte-Geneviève.

Ce legs a marqué la naissance du fonds fenno-scandinave de la bibliothèque Sainte-Geneviève. Ce don fondateur comporte 129 cartes marines, 64 volumes reliés de manuscrits mais également 2250 volumes imprimés sur le Danemark et la Norvège, parmi lesquels la première édition de la Bible en danois parue en 1550. Parmi ces imprimés, on note également la présence du Don le Tellier, issu de Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, qui fut proviseur de  la Sorbonne en 1695 et qui s’était affirmé comme l’un des plus grands bibliophiles d’Europe. À sa mort, en 1710, la bibliothèque Sainte-Geneviève de Paris avait hérité de sa bibliothèque, dont 500 volumes concernant les pays du Nord.

En 1873, Xavier Marmier, conservateur à la bibliothèque Sainte-Geneviève, rédige le catalogue auteurs et matières, de cette collection scandinave déjà importante.

Exemplaire du « Catalogue du fonds scandinave de la Bibliothèque Sainte-Geneviève », cliché Stéphanie Fournier
Exemplaire du « Catalogue du fonds scandinave de la Bibliothèque Sainte-Geneviève », cliché Stéphanie Fournier

En 1885, Henri Lavoix (1820-1892) administrateur de Sainte-Geneviève, est chargé d’une mission en Scandinavie et établit des contacts avec des éditeurs, des bibliothèques scandinaves qui permettent un accroissement régulier du fonds qui prend alors le nom de Fonds Scandinave. En 1903,la bibliothèque nordique, riche de 40000 volumes, se voit attribuer une petite salle de lecture au 8, place du Panthéon.

« Liste des donateurs et bienfaiteurs de la Bibliothèque Sainte-Geneviève », cliché Stéphanie Fournier
« Liste des donateurs et bienfaiteurs de la Bibliothèque Sainte-Geneviève », cliché Stéphanie Fournier

Un fonctionnement lié à la Scandinavie

En 1909 la création d’une chaire de langues et littératures scandinaves à la Sorbonne lui donne une nouvelle impulsion.

Un arrêté ministériel, de 1920, crée le Comité de patronage de la section scandinave avec le Danemark, la Norvège et la Suède (plus la Finlande en 1921) qui prend alors le nom de Section finno-scandinave de la bibliothèque Sainte-Geneviève.

Ce patronage des pays nordiques se traduit par la nomination d’un bibliothécaire délégué issu de Scandinavie qui est nommé pour une durée de 3 ans (puis 2) à la Section finno-scandinave parisienne et rétribué par son pays respectif. Ceci a perduré jusqu’en 2005, avec la dernière bibliothécaire déléguée venue de Suède.

Ainsi que, dès 1946, par la décision des pays membres d’accorder une subvention annuelle pour l’achat régulier de monographies et de périodiques destinés à accroître le fonds.

Après diverses procédures administratives, en 1950 le Fonds scandinave, par décision du Comité de patronage, devient la Bibliothèque Nordique, fonds finno-scandinave (ou fenno-scandinave) de la bibliothèque Sainte-Geneviève.

En 1960, elle est transférée dans une extension de Sainte-Geneviève, réalisée sur le Collège Sainte-Barbe au 6, rue Valette.

Contenu du fonds

Grâce à la générosité des pays nordiques qui lui octroyaient un crédit annuel, la Bibliothèque nordique put acquérir toutes les traductions françaises d’œuvres scandinaves et finnoises, toutes les publications françaises concernant la Scandinavie ainsi que les principales publications étrangères (surtout anglo-saxonnes et allemandes) sur les pays du Nord.

Aujourd’hui, plus de la moitié de la collection est en langue originale et la bibliothèque nordique bénéficie encore de nombreux dons.

À ce jour, le fonds comporte 190 000 exemplaires et documents  (soit 150 000 notices de monographies signalées dans le Sudoc), on y trouve de la littérature scandinave, des ouvrages de sciences humaines, des livres pour enfants, des guides touristiques, des livres d’histoire, de philosophie, de théologie. La collection s’accroit d’environ 1500 ouvrages par an dont 400 ouvrages entrés par acquisition onéreuse par an, le reste étant constitué de dons de particuliers et d’institutions.

Dans le domaine de l’art

Une partie « Art » est également présente, avec notamment des ouvrages à la riche valeur patrimoniale comme celui-ci :


Cliché Stéphanie Fournier
 
Cliché Stéphanie Fournier

Ce recueil, tiré à 350 exemplaires, qui comporte ainsi une lithographie originale du peintre norvégien Edvard Munch (1863-1944) est l’œuvre d’un poète danois, Emanuel Goldstein (1862-1921), qui a côtoyé l’artiste en 1890 à Saint-Cloud.

Aujourd’hui les acquisitions patrimoniales représentent un tiers du budget ; livres d’artistes, de photographies, estampes, manuscrits, acquis dans des ventes ou en antiquariat.

Dans le fonds consacré à l’histoire de l’art, citons aussi le Fonds Tessin, issu d’un don de l’Institut suédois, qui a été constitué par Gunnar W. Lundberg (1903-1986), historien d’art et conseiller culturel auprès de l’Ambassade de Suède à Paris, et fondateur de l’Institut Tessin en 1933.

Ce fonds de 5000 volumes, comporte notamment des catalogues d’exposition ou des documents sur les souverains Gustave III et Bernadotte.

Parmi les trésors de la Bibliothèque nordique, on trouve également une lettre du suédois August Strindberg (1849-1912) datée de 1907 qui parle de Gauguin.

 
Cliché Stéphanie Fournier

Activités de la bibliothèque

Son partenariat privilégié avec les ambassades nordiques de Paris lui permet d’organiser divers évènements. Ainsi, la bibliothèque organise régulièrement des conférences (8 par an, consacrées à des présentations d’ouvrages, présentation de travaux de recherche, ateliers d’écriture, lectures poétiques ou théâtralisées) et des expositions comme celle consacrée en 2015/2016 au Groenland et à l’Arctique ou celle de 2017/2018 au Mouvement CoBrA et à son chef de file le danois Asger Jorn (1914-1973), présentée à Avignon en février 2019 à la Bibliothèque Ceccano. 

 
Crédits bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris.


Cliché Stéphanie Fournier

Scandinavian design = Design scandinave  / Charlotte et Peter Fiell ; [trad. de l'anglais par Simone Manceau et Christian Cavaillès] Kõln : London : Paris [etc.] : Taschen, 2013. Cliché Stéphanie Fournier
Scandinavian design = Design scandinave / Charlotte et Peter Fiell ; [trad. de l’anglais par Simone Manceau et Christian Cavaillès] Kõln : London : Paris [etc.] : Taschen, 2013. Cliché Stéphanie Fournier

Aujourd’hui, la bibliothèque, qui accueille 2000 lecteurs par an, espère réaménager sa salle de lecture à l’horizon 2020, avec l’aide d’un atelier de co-design, dans une recherche de confort et de lumière en s’inspirant des modèles scandinaves actuels. L’occasion de mettre davantage en valeur cet ensemble de mobilier de la designer danoise Grete Jalk dessiné en 1963 et réédité en 2008.

À noter

L’inscription est gratuite.

Le prêt à domicile de 5 ouvrages (ou 8 pour les chercheurs et les doctorants) pour une durée de 30 jours est possible pour la plupart des ouvrages parus après 1945.

Le prêt entre bibliothèques est gratuit pour des ouvrages demandés, conservés au Danemark, en Finlande, en Norvège ou en Suède.

Conditions d’accès

La bibliothèque est accessible à tous (à condition d’avoir 18 ans), chercheurs, étudiants français et étrangers ou simples curieux.

Informations pratiques

Adresse

6 Rue Valette, 75005 Paris

Horaires

  • du lundi au samedi, de 14h à 18h

Contacts

Courriel : bsgnordique@sorbonne-nouvelle.fr
Tél. :  01 44 41 97 50 

En savoir plus

Stéphanie Fournier
Service du Catalogue

  

Publié par Stéphanie FOURNIER le 5 juin 2019 à 10:00