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Francis Frith au Proche-Orient (1)
Un photographe amateur sur les bords du Nil...
Francis Frith au Proche-Orient (1)Un photographe amateur sur les bords du Nil…
Quatre albums de photographies du photographe anglais Francis Frith (1822-1898) viennent enrichir la bibliothèque numérique. Ces photographies furent prises entre 1856 et 1860 lors des trois voyages de Frith au Proche-Orient. S’il n’est pas le premier photographe en Égypte, Frith est le premier à s’éloigner des bords du Nil, à découvrir le nord de l’Éthiopie et à traverser le désert du Sinaï.
Cette nouvelle mise en ligne est l’occasion de (re)découvrir le travail d’un photographe passionné et prolifique dont les photographies ont fait l’objet de multiples publications dès 1857 et ont participé à l’engouement pour l’Égypte au XIXe siècle.
Un amateur prometteur
En 1856, Francis Frith est un jeune et riche retraité. Il n’a pas encore 35 ans et vient de vendre sa prospère entreprise commerciale de Liverpool. Il se consacre pleinement à sa passion : la photographie. Il participe à la fondation de la Liverpool Photographic Society (1853) et voyage à travers la Grande-Bretagne. Il utilise déjà plusieurs appareils de formats différents et se perfectionne au procédé du négatif sur verre au collodion. Le verre est très lourd à transporter et le collodion, substance chimique visqueuse, très sensible à la chaleur. Cependant, le procédé offre une grande netteté d’image et une plus grande rapidité de prise de vue, deux avantages non négligeables pour Frith. En effet, bien qu’amateur, il décèle déjà l’intérêt commercial de sa passion. Il identifie ses photographies en indiquant sur les négatifs son nom, complété d’une date et/ou d’un numéro, et en fera de même lors de ses autres voyages. Il expose plusieurs photographies à Liverpool et à la London Photographic Society, en publie et en vend quelques-unes.
Mais les châteaux et abbayes en ruines ne suffisent plus à Frith. Très croyant, issu d’une famille de quakers et tourné vers la religion suite à une longue dépression, il désire découvrir les terres bibliques, «commencer au commencement de l’histoire de l’humanité»* : ce sera l’Égypte et la Terre Sainte.
Francis Frith, Pharaoh’s bed, island of Philae, photographie, bibliothèque de l’INHA, Fol Est 787 (1), f. 60. Cliché INHA
Francis Frith, Rock-tombs and Belzoni’s pyramid, Gizeh, 1857, photographie, bibliothèque de l’INHA, Fol Est 787 (1), f. 23. Cliché INHA
1856-1857 : sur les bords du Nil
Septembre 1856, Frith embarque à Liverpool pour Alexandrie. Il est notamment accompagné de Francis Herbert Wenham (1824-1908) présent au cours des trois voyages. Ingénieur dans la marine, Wenham travailla aussi sur l’optique et la photographie. Dans ses bagages, outre ses lourdes plaques de verre, Frith emporte trois appareils de différents formats : mammoth-plate (env. 40,6 x 50,8 cm), whole-plate (env. 16,5 x 21,6 cm) et stéréoscopique (env. 6 x 13 cm). Au Caire, Frith embarque sur une dahabieh, petite embarcation traditionnelle qui lui servira très souvent de chambre noire, et remonte le Nil jusqu’à la deuxième cataracte. C’est au temple d’Abou Simbel qu’il débutera «photographiquement» son premier voyage.
Francis Frith, The court of Shishak, Karnac, 1857, photographie, bibliothèque de l’INHA, Fol Est 787 (1), f. 50. Cliché INHA
Plusieurs sources nous permettent de connaître les itinéraires de Frith. En effet, comme tout bon voyageur Frith a soigneusement préparé ses trajets et prévu son budget. Il dispose de nombreux guides et cartes touristiques : par exemple, John Gardner Wilkinson, Hand-book for Travellers in Egypt (…), 1847. Mais surtout, il reprend son système de nommage en indiquant son nom suivi de la date et/ou d’un numéro et/ou d’une lettre : E pour Égypte et P pour Palestine. Ces informations ne se trouvent cependant pas sur toutes les photographies, peut-être un oubli, un manque de temps ou des tirages ultérieurs, certaines vues seront recoupées à la publication. Par la suite, il rédigera les textes explicatifs accompagnant ses photographies ainsi que son autobiographie non publiée.
Frith descend le Nil, s’arrête, visite et photographie l’île de Philae, Assouan, Louxor, Karnak… et termine par les grandes pyramides de Gizeh. En remontant vers le nord, les photographies sont rares, les excursions moins fréquentes. L’été et la chaleur ont raison de Frith : il rentre en Angleterre en juillet 1857. Un premier voyage s’achève…
Francis Frith, Portion of the great temple (the government corn stores), Luxor, 1857, photographie, bibliothèque de l’INHA, Fol Est 787 (1), f. 45. Cliché INHA
Francis Frith, Osiride pillars and great fallen colossus, the Memnonium, Thebes, 1857, photographie, bibliothèque de l’INHA, Fol Est 787 (1), f. 36. Cliché INHA
*«I would begin at the beginning of human history (…)», Francis Frith, A True Story of my Life : A Biographical, Metaphysical, and Religious History by Francis Frith (1884)
En savoir plus
- Sur le blog : Floriane Cellier, «Francis Frith au Proche-Orient (2)» et «Francis Frith au Proche-Orient (3)»
Références bibliographiques
- Douglas Robert Nickel, Francis Frith in Egypt and Palestine : a Victorian photographer abroad, Princeton, Princeton University Press, 2004
- Jean Vercoutter (éd.), L’Égypte à la chambre noire : Francis Frith, photographe de l’Égypte retrouvée, Paris, Gallimard, 2002
- John Hannavy (éd.), Encyclopedia of nineteenth-century photography, New York, London, Routledge, 2004
Service de l’informatique documentaire