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Antoine Bourdelle, lettre à Pierre-André Farcy, 20 août 1922
Tous les jours 20 ans !
Pour les 20 ans de la création de l’INHA, les agents et agentes de l’institut ont sélectionné des documents entrés dans les collections de la bibliothèque ces vingt dernières années et vers lesquels leur cœur les portait. Patrimoniaux ou plus courants, ces documents seront exposés au centre de la salle Labrouste tout au long du mois de janvier 2022, à raison d’un par jour, accompagné d’un texte écrit par la personne qui l’a choisi. Ces présentations reflètent les rapports personnels que nous entretenons toutes et tous à l’art, à son histoire et ses sources, au-delà de la dimension scientifique. Vous retrouverez également ces textes au fil des jours sur le blog de la bibliothèque.
Antoine Bourdelle (1861-1929)
Lettre autographe signée adressée à Pierre-André Farcy, dit Andry-Farcy, 20 août 1922
Encre et plume, lavis d’aquarelle sur papier
27 × 21 cm
INHA, Autographes 209, 10
Achat en vente publique, Drouot Estimations (Paris), 17 mars 2017
La simplicité. La simplicité d’une lettre griffonnée avec ses mots aux formes irrégulières. Les lignes sont contraintes sous le poids de cette femme esquissée, en déséquilibre au point que les mots en fin de ligne semblent parfois comprimés sur le bord de la feuille. Seul l’entête de la lettre, comme protégé par la main et le bras surdimensionnés, échappe à la densité provoquée. Le contraste est tel entre le bras levé et la finesse du visage, qu’au-delà d’une réalisation qui semble approximative et peut-être liée à la vitesse d’exécution du dessin, on pourrait y lire la volonté consciente ou inconsciente d’exprimer la puissance de l’acte.
Ce qui nous touche, c’est bien ce caractère d’improvisation qui imprègne tous les aspects de cette feuille. C’est bien cela qui nous fait ressentir cette vitalité qui en émane. On y retrouve la même émotion que celle que l’on peut ressentir lorsque les musiciens quittent les sentiers battus de leur partition pour s’envoler vers le climax d’une improvisation. Ces moments où l’on ressent la liberté du créateur qui, assuré par une technique travaillée toute une vie, oublie cette dernière et nous livre pleinement ce qu’il est. Sur le fil, il accepte cette fragilité, assume les écarts, les provoque parfois, jusqu’à les fondre dans l’harmonie de sa création. Puis, en découvrant cette lettre, en découvrant Antoine Bourdelle, c’est la découverte d’un homme qui n’a jamais cessé tout au long de sa vie de produire des esquisses. Mais c’est aussi la découverte des nombreuses sculptures qu’il a réalisées. Parmi celles-ci, des bustes célèbres, celui d’Ingres et ceux de Beethoven. Le premier a laissé une des collections d’esquisses les plus prolifiques, le second était un des plus grands improvisateurs de l’histoire de la musique.
Armand Delcros, service des Systèmes d’information
Pour aller plus loin : cette lettre a fait l’objet d‘un article détaillé en 2017.