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Anne Perrin Khelissa et le programme ACA-RES
Anne Perrin Khelissa et le programme ACA-RES
Autour d’Anne Perrin Khelissa et sa collègue Emilie Roffidal de L’Université Toulouse Jean Jaurès, porteuses du projet ACA-RES, c’est toute une jeune communauté d’historiens de l’art en région, qui est impliquée : à la clef, une exposition virtuelle inédite cet été…
Vous, en quelques mots ?
Je suis maître de conférence en histoire de l’art moderne à l’université Toulouse Jean Jaurès et je travaille sur les arts du décor au XVIIIe siècle en Italie et en France.
Je m’intéresse principalement aux rapports entre Arts décoratifs et Beaux-Arts et notamment aux liens entre les académies et les manufactures de luxe.
Depuis 2016, je codirige avec ma collègue Emilie Roffidal, chargée de recherche au CNRS, appartenant comme moi au laboratoire FRAMESPA de Toulouse un programme de recherche sur les académies d’art et leurs réseaux dans la France pré-industrielle : ACA-RES.
Nous offrons un accès direct aux sources d’archives et livrons l’essentiel de nos données de recherche : nous en publions très régulièrement les résultats (actes des journées d’études, publications en anglais…)
L’université Toulouse Jean Jaurès a obtenu en 2019 avec ce programme de recherche la Carte Blanche INHA pour l’histoire de l’art en région. Une des caractéristiques du projet est qu’il associe recherche et formation. Ainsi il mobilise outre les chercheurs confirmés, titulaires, la communauté des jeunes chercheurs étudiants, masterants et doctorants, du département d’histoire de l’art de l’université de Toulouse.
Equipe du projet Carte Blanche, Toulouse
Votre fréquentation de la bibliothèque ?
Lorsque j’étais installée à Paris, je venais très fréquemment, mais maintenant que je réside à Toulouse, je me rends à la bibliothèque occasionnellement lors de séjours d’étude. Et puis mes travaux de recherche s’articulent essentiellement autour des ressources de la bibliothèque numérique de l’INHA.
Plutôt salle Labrouste ou magasin central ?
Je privilégie le magasin central avec son incontournable libre accès ; la notion de voisinage des livres est primordiale dans une recherche, et la construit : j’en ai la conviction ! En tant que professeur, je conseille toujours à mes étudiants en master de fréquenter assidument les espaces physiques d’une bibliothèque, de circuler dans ses rayonnages. C’est aussi la raison pour laquelle, selon moi, les supports numériques ne viennent qu’en complémentarité d’une expérience physique de la bibliothèque qui est elle-même productive d’un savoir.
Votre sujet du moment ?
La publication en mars dernier d’un petit essai sur les approches du domaine des Arts décoratifs, qui s’appelle Luxe intime : essai sur notre lien aux objets précieux. J’essaie de croiser l’histoire de l’art avec la culture matérielle, plutôt dans une démarche anthropologique. Le rapport aux objets est un sujet qui nous concerne tous, il me semble ; il fait débat aussi dans la société actuelle.
Et surtout l’exposition virtuelle issue des travaux d’ACA-RES.
Elle présente les matériels pédagogiques et la production artistique de ces académies d’art, qui, au XVIIIe siècle, étaient disséminées sur l’ensemble du territoire français. Il s’agit d’une sélection d’œuvres qui appartenaient aux écoles de dessin, aux académies, que ce soit Lyon, Rouen, Marseille, Dunkerque ou encore Dijon.
Jean-Charles Delafosse, [Recueil d’ornements], IIe volume, p. 112, bibliothèque de l’INHA, FOL RES 107 (2). Cliché INHA
Nous sommes partis des fonds d’archives des écoles de dessin portant mention dans leurs inventaires du matériel pédagogique : ainsi, les recueils d’ornements, d’architecture, de modèles de fleurs, de paysages et de tous types de formes… Puis nous avons vérifié si la bibliothèque de l’INHA, particulièrement riche dans ce domaine, possédait dans ses fonds des recueils illustrés de planches de ces artistes-là pour donner l’illustration du type de supports didactiques utilisés par les artistes dans les académies en province.
N. Bruchon, [Cahier de bouquets de fleurs : recueil factice], estampe, bibiothèque de l’INHA, NUM FOL RES 94
C’est un plus pour la recherche que d’associer aux discours, aux textes théoriques bien connus de cette époque-là, des modèles visuels. D’autant que ces sources visuelles font ressortir les liens des artistes de l’époque vers la production des arts décoratifs pour les manufactures.
Une grande trouvaille dans les collections ?
Les ressources de la bibliothèque numérique de l’INHA mettent en évidence le fait que ces modèles qui servaient de supports partout en province circulaient beaucoup. Ils étaient imprimés, ils étaient achetés sur le marché de l’estampe parisien et « voyageaient » dans l’ensemble des régions du royaume de France et au-delà. Il est intéressant d’observer combien ces modèles artistiques sont extrêmement mobiles. D’ailleurs, c’est autour de ce phénomène de circulation et de mobilité des œuvres et des artistes en dehors de la France, en Europe, mais aussi outre-Atlantique, que le programme ACA-RES va se développer prochainement.
André Louis Caillouet, [Principes d’ornements], estampe, bibliothèque de l’INHA, NUM FOL RES 88. Cliché INHA
Des souhaits de nouveaux services à la bibliothèque ?
La numérisation ne remplace pas la matérialité des œuvres mais permet une diffusion des connaissances extrêmement utile. En construisant notre exposition, nous avons constaté qu’il faut souvent croiser les informations entre plusieurs bibliothèques numériques. Donc on souhaiterait trouver des liens entre des sites qui peuvent être rapprochés : par exemple Gallica et la bibliothèque numérique de l’INHA. Maints établissements ont des ressources exceptionnelles, qui mériteraient d’être mises en relation les unes avec les autres.
En savoir plus :
Perrin Khelissa, Anne, « Les écoles d’art : une histoire française« , dans La recherche à l’oeuvre, le Podcast de l’INHA.