CONTEXTE

Si les erreurs, repentirs et accidents ont déjà fait l’objet d’études dans d’autres
champs artistiques – peinture (Fliegner 1993 ; Lavaquerie-Klein et Paix-Rusterholtz 2011), architecture (Vigne 2013), arts textiles (Charpigny et Cousin dir. 2007) ou photographie (Chéroux 2003) –, la sculpture reste largement absente de ces réflexions. Cette journée propose de combler ce manque en plaçant au cœur de l’enquête les ratés, imprévus et transformations non planifiées qui jalonnent la création sculpturale en France à l’époque moderne.

Il s’agira d’interroger les multiples formes que peuvent prendre ces vicissitudes : depuis les erreurs iconographiques ou formelles, les éclats de matière, les agencements maladroits, les projets dévoyés ou radicalement reconfigurés, les maladresses techniques ou interprétatives, jusqu’aux abandons de projets et échecs. À travers l’analyse de ces manifestations, souvent marginales ou dissimulées, dans les sources et les œuvres, se dessineront d’autres manières de comprendre la genèse des sculptures, la part de l’imprévisible dans le geste créateur, mais aussi la réception de ces anomalies par les commanditaires.

 

LES PRINCIPAUX THÈMES ABORDÉS

Cette journée entend faire de la faille, de l’accident ou de l’erreur non plus un simple dysfonctionnement à corriger, mais un objet d’étude en soi, révélateur des dynamiques créatrices, des tensions, des hésitations et des ajustements à l’œuvre dans la production sculptée à l’époque moderne. Les communications pourront explorer un large éventail de situations où l’imprévu intervient comme facteur de modification, d’innovation ou d’échec, à travers les thèmes suivants (liste non exhaustive) :

 

  • Acteurs et interprétations :
    erreurs de commande, malentendus entre commanditaire et sculpteur, maladresses d’exécution, prises de risque, innovations techniques, altérations ou destructions volontaires ;
  • Méprises iconographiques :
    confusions interprétatives, limites de modèles disponibles, usages fautifs, détournements ou anachronismes ;
  • Contraintes matérielles :
    défaut du bloc, accidents de taille, fragilité des matériaux, pénurie ou difficultés d’approvisionnement ;
  • Geste et pratique d’atelier et de chantier :
    repentirs, adaptations par rapport au modèle fourni, éclats involontaires, assemblages maladroits, calculs erronés, adaptations aux contraintes du chantier ou de l’emplacement ;
  • Réceptions et corrections :
    détection de l’erreur, réactions des commanditaires, discussions entre le commanditaire et le sculpteur, modifications demandées, réparations, réorientations des projets ou abandons ;
  • Repentirs et transformations :
    techniques de correction, limites matérielles et symboliques de la reprise, défaut de savoir-faire.

 

Si la journée met l’accent sur la sculpture en France, les propositions portant sur d’autres espaces européens sont également encouragées, afin d’enrichir les perspectives comparatives et de mieux comprendre et documenter les pratiques artistiques et les solutions techniques face à l’imprévu.

 

CANDIDATER

Les propositions de communication s’adressent à une large communauté de spécialistes – historiens de l’art, conservateurs, restaurateurs – issus des universités, des musées, des DRAC ou d’institutions de recherche françaises et internationales. Elles seront constituées d’une présentation de l’intervenante ou de l’intervenant (8 à 10 lignes), du titre et du synopsis de la communication (1 page), accompagnés d’un bref CV avec la liste des publications (1 page), et envoyées avant le 26 janvier 2026 à Marion Boudon-Machuel  (marion.boudonmachuel@inha.fr) et Sarah Munoz (sarah.munoz@unil.ch).

Les communications dureront 30 minutes et pourront être proposées à une ou deux voix.

À PROPOS

Cette journée est la première du cycle de rencontres sur La vie des sculptures en France. Transformations matérielles, iconographiques, stylistiques et contextuelles des sculptures de l’époque moderne (2026-2028) proposé par l’INHA en partenariat avec plusieurs chercheuses et chercheurs. Pensé comme un laboratoire d’exploration diachronique, national et international, ce cycle vise à analyser les inflexions portées à la matérialité des œuvres, leur iconographie, leur style ainsi que les changements de contextes de présentation qui affectent ces objets, entre conservation, redécouverte, effacement, outrage ou recréation.

 

Cette journée s’inscrit en outre dans le cadre du projet « La fabrique de la sculpture : processus créatifs des sculpteurs en France aux XVIe et XVIIe siècle » (Université de Lausanne) qui étudie la conception des œuvres sculptées à partir des sources écrites ainsi que des dessins et des maquettes. La part de l’imprévu constitue une clé d’entrée privilégiée pour saisir la manière dont le projet d’une sculpture est élaboré et modifié.

 

ORGANISATRICES

Marion Boudon-Machuel (INHA)

Sarah Munoz (Université de Lausanne)

COMITÉ SCIENTIFIQUE (en cours de constitution)

Kira d’Alburquerque (Victoria and Albert Museum, Londres)

Lionel Arsac (château de Versailles)

Andrea Bacchi (Fondazione Federico Zeri – Università di Bologna)

Oriane Beaufils (Villa Ephrussi)

Sarah Betzer (University of Virginia)

Francesco Caglioti (Scuola Normale di Pisa)

Valerie Carpentier (Musée du Louvre)

Grégoire Extermann (Haute école spécialisée de la Suisse italienne-SUPSI, Université de Genève)

Aldo Galli (Università di Trento)

Virginie Guffroy (Musée du Louvre)

Sophie Jugie (Musée du Louvre)

Pascal Julien (Université Toulouse-Jean Jaurès)

Anne Lepoittevin (Sorbonne Université)

Tommaso Mozzati (Università degli Studi di Perugia)

Philippe Malgouyres (Musée du Louvre)

Pierre-Hippolyte Penet (château de Versailles)

Guilhem Scherf (Musée du Louvre)

Philippe Sénéchal (Université de Picardie Jules Verne)

 

COLLABORATEURS SCIENTIFIQUES DU CYCLE

Marion Boudon-Machuel (INHA)

Federica Carta (Technische Universität, Berlin)

Giancarla Cilmi (École française de Rome)

Emmanuel Lamouche (CreAAH – Nantes Université)

Sarah Munoz (Université de Lausanne)

Daniele Rivoletti (Institut universitaire de France/Université Clermont Auvergne)

Émilie Roffidal (Laboratoire FRAMESPA –Université de Toulouse)

Neville Rowley (Gemäldegalerie, Berlin)

Fabienne Sartre (IRCL – Université de Montpellier Paul-Valéry)

Magali Théron (TELEMME – Université Aix-Marseille)