Bilan Nuit des idées 2019 à l'INHA

La Nuit des idées à l'INHA - La salle Labrouste - Bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art  © Marc Riou, INHA, 2019

Salle comble pour la seconde édition de La Nuit des idées à l'INHA sur le thème de la figuration / restitution des objets d’art non-occidentaux dans le monde, qui s'est tenu le 31 janvier 2019 en salle Labrouste.

Dans une volonté de faire dialoguer l'histoire de l'art avec d'autres disciplines telle que l'anthropologie et l'ethnologie tout en donnant la parole aux artistes (plasticiens, écrivains, vidéastes …) autour d'un sujet d'actualité, l'INHA s'est emparé de la question de la figuration / restitution des objets d'art non-occidentaux dans le monde. Il s'agissait de se saisir du thème lancé par l’Institut français, « Face au présent », pour le faire résonner avec un des programmes de recherche porté par l’INHA* (programme dédié aux objets d'Afrique réalisés entre le XIVe et le XIXe siècle) qui réinterroge les connaissances préétablies par le biais d'une histoire de l’art décentrée et souligne l’engagement de l'établissement dans des domaines jusqu’à maintenant négligés et qui aujourd’hui bénéficient d’une actualité brûlante.

À travers différentes discussions et débats et en s'appuyant sur des exemples concrets d'archives et de cas d'étude, les intervenants (de l'historien de l'art au collectionneur, du conservateur à l'ethnologue), ont pu rappeler les conditions coloniales de la "collecte" des objets d'art non-occidentaux notamment lors de la table ronde réunissant entre autres Philippe Dagen et Antoine de Galbert, revenir sur les méthodes des missions ethnographiques françaises (discussion entre Anne-Christine Taylor et Romuald Tchibozo), penser de nouvelles modalités de circulation des biens culturels ou encore aborder la présentation de ces objets dans les musées et collections privées au prisme des problématiques actuelles. L'INHA souhaitait avant tout donner la parole à des intervenants variés afin d'évoquer la multiplicité des approches possibles mais aussi pour faire entendre l'opinion du grand public qui a très largement interagi en posant des questions aux spécialistes invités.

Tribune également propice pour les artistes qui ont investi la scène créée pour l'occasion afin de faire entendre leur voix et leurs interprétations de ces problématiques. Ainsi, Arno Bertina, à travers la lecture d'un extrait de son texte Des lions comme des danseuses, nous confronte à une Europe pleine de contradictions face à cette prise de conscience d'un possible accès libre aux trésors artistiques pillés lors des missions coloniales ; Adrian Paci nous interroge, dans son film The Column projeté en début de soirée, à travers une réflexion plus poétique, sur le devenir de l'objet, la propriété de l'œuvre, de sa conception à son installation finale ; ou encore Mathieu Kleyebe Abonnenc qui nous prend à parti dans Secteur IX B sur l'état des relations entre les peuples, le destin des objets et le rôle de l'archive sur fond de discours scientifique.

Cette seconde participation à cette manifestation internationale a permis de rendre compte de l’intérêt du public pour la discipline qu’est l’histoire de l’art, dans un format qui privilégie le dialogue de l’historien de l’art avec les chercheurs et les artistes issus des champs les plus divers du savoir et de la création. L’INHA confirme ainsi son engagement dans son rôle de sensibilisation du public à l’éducation artistique et à la transmission du savoir tout en favorisant le dialogue des arts dans une volonté de promouvoir la libre circulation des idées qui renforce l’ouverture sur le monde.

* Programme « Vestiges, indices, paradigmes : lieux et temps des objets d’Afrique » du domaine «Histoire de l'art du XIVe au XIXe siècle)