Une histoire de l’art antique inachevée : les dessins de Jean-Baptiste Muret (1795-1866)Programme réalisé

Ce programme, créé en 2017, est consacré à la publication numérique éditorialisée d'un important fonds de dessins inédits conservés à la BnF. Ce Digital Muret se situe dans le prolongement des précédents programmes du domaine, dont il enrichit de manière significative les données produites pour proposer des ressources importantes et inédites sur l'histoire des œuvres antiques au XIXe siècle.

Jean-Baptiste Muret (1795-1866) a été recruté au Cabinet des Médailles (aujourd’hui département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France) par Désiré Raoul-Rochette en 1830, à 35 ans, pour dessiner notamment les œuvres de la collection, et il y resta jusqu’à sa mort en 1866. Il a participé à de nombreuses publications, par des dessins, gravures ou moulages, avant et après son entrée à la bibliothèque, où il a aussi été chargé à partir de 1849 de tenir les fiches d’inventaire de la collection d’archéologie. Le Cabinet conserve aujourd’hui un impressionnant ensemble de 1986 planches portant les dessins de plus de 8000 objets, achetés après la mort de l’artiste à son fils Ernest. Dessinés à la mine de plomb, rarement à l’encre, le plus souvent colorés à la gouache ou à l’aquarelle, les objets y sont rendus avec beaucoup de soin et de talent, de précision dans le rendu des modelés, des matières et des surfaces. Les planches conservées en vingt portefeuilles ont été à une date ultérieure réunies en onze volumes, non indexés ni même classés, ce qui rend leur consultation difficile. On y trouve des œuvres de la Bibliothèque bien sûr, mais pas seulement : elles ne forment même pas la majorité des dessins, qui proviennent d’autres musées ou de collectionneurs privés. Toutes les provenances ne sont pas données : les légendes qui apparaissent au revers d’un peu plus de la moitié des planches fournissent le lieu de conservation pour environ un quart des objets, et il faut un long travail pour retrouver, peu à peu, les provenances manquantes. Les dessins de J.-B. Muret illustrent donc une profusion de collections, publiques et surtout privées : plus de 160 cabinets d’amateurs, fameux ou oubliés, sont ainsi nommés.

Ce fonds de dessins présente donc un intérêt majeur, qui dépasse de loin celui de documentation des œuvres qui est le seul qui lui a longtemps été reconnu. Il donne à voir des collections archéologiques françaises, aussi bien privées que publiques, entre les années 1830 et 1860, et témoigne d’une volonté de classification et de mise en série en phase avec les avancées de la science archéologique naissante et les travaux des conservateurs Désiré Raoul-Rochette et Charles Lenormant. Il montre ainsi la construction d’un savoir scientifique, notamment sur la mythologie antique. Il révèle enfin un dessinateur de très grand talent, dont la postérité a été desservie par son travail au sein d’une seule institution et l’échec d’une publication de ses œuvres.

Les onze volumes du Recueil des monuments antiques dessinés par Jean-Baptiste Muret sont numérisés dans Gallica mais sans apparat critique il est difficile de se saisir de ce riche et complexe ensemble. Le projet vise à mettre en valeur, étudier et diffuser les dessins du recueil, notamment par une publication numérique permettant d’aller plus loin que la simple numérisation. Cela donne aussi l’occasion de proposer des approches nouvelles voire expérimentales, aussi bien dans la publication en crowdsourcing de certain corpus que dans les modalités d’exploitation des données, notamment via des cartes chronologiques permettant de suivre la vie des œuvres de leur lieu de fabrication, à celui de leur découverte, puis de leur localisation au 19e siècle et aujourd’hui. Le Digital Muret est progressivement mis en ligne à partir de juin 2019.

On cherchera aussi à exploiter les enjeux historiques, artistiques et archéologiques du corpus. La mise en image de ce savoir en constitution est notamment un élément important de réflexion, autour du traitement graphique de tous les types d'œuvres conservées de l'antiquité, depuis la grande sculpture jusqu'aux plus modestes témoins de la vie quotidienne.

 Équipe actuelle

  • Cécile Colonna, conseillère scientifique à l’INHA (2017-2022)
  • Euan Wall, chargé d'études et de recherche à l'INHA (2019-2022)
  • Maylla Bisson, stagiaire, université de Paris I (2021-2022)
  • Mathilde Avisseau-Broustet, conservatrice en chef, département des monnaies, médailles et antiques, BnF
  • Louise Detrez, conservatrice, département des monnaies, médailles et antiques, BnF
  • Corinne Jouys Barbelin, conservatrice en chef, MAN, Saint-Germain-en-Laye
  • Lionel Pernet, directeur, musée cantonal d’archéologie et d’histoire, Lausanne
  • Federico Nurra, chef du service numérique de la recherche, INHA
  • Chloé Pochon, chargée de ressources documentaires à l’INHA

 

Équipe passée

Institutions partenaires

  • Bibliothèque nationale de France
  • Musée du Louvre
  • Musée d'archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye
  • Musée cantonal d'archéologie et d'histoire de Lausanne

Carnet de recherche

  • Le carnet de recherche digitalmuret.hypotheses.org est consacré à l’étude et l’édition numérique des dessins de Jean-Baptiste Muret

Base de données

Exploitation

2022

Table-ronde

  • Le Digital Muret et l’archéologie au XIXe siècle, INHA, salle Vasari, 3 octobre 2022, 14h-18h
    → Voir dans l'agenda

2019

Journées d'études

  • Autour du « Digital Muret » Recherches récentes sur les collections archéologiques du XIXe siècle, 17 juin 2019, INHA, salle Vasari.
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