La galerie Cassirer et l’exil entre Berlin, Amsterdam et Londres – Vente forcée ou sauvetage de l’œuvre « dégénérée » ?séminaire « Patrimoine spolié pendant la période du nazisme (1933-1945) »

Grete Ring, Helmuth Lütjens, Walter Feilchenfeldt, les trois gérants de la galerie Cassirer en exil 1935, photographié par Marianne  Breslauer

La galerie Cassirer, fondée en 1898, était spécialisée dans les impressionnistes français et divers artistes avant-gardistes européens, ce qui lui conférait une position unique sur la scène artistique berlinoise. Après la mort de son fondateur, Paul Cassirer, en 1926, les deux associés restants, Walter Feilchenfeldt et Grete Ring, ainsi que le directeur de la succursale d'Amsterdam, Helmuth Lütjens, ont continué à gérer la galerie. En 1933, Walter Feilchenfeldt et Grete Ring quittent l'Allemagne nazie. Ring ouvre une nouvelle succursale à Londres, tandis que Feilchenfeldt se déplace constamment entre Berlin, Amsterdam, Zurich et Londres, croisant les chemins des collectionneurs, critiques et artistes à Paris et transférant les œuvres de ses clients (ventes ou prêts) afin de les sauvegarder et d'assurer la survie de leurs propriétaires en exil. Walter Feilchenfeldt junior et sa fille Christina, petite-fille du marchand d’art juif allemand et gestionnaire des archives familiales Cassirer, témoignent de l’histoire de cette grande galerie et discutent la problématique de la « Fluchtkunst » (biens des réfugiés) dans le contexte du débat autour des restitutions.

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Intervenante
Christina Feilchenfeldt
 (historienne de l’art, Berlin)

en dialogue avec Walter Feilchenfeldt (marchand d’art, auteur, expert, Zurich)

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A propos du séminaire

Après un premier cycle de séminaires « Patrimoine spolié pendant la période du nazisme (1933-1945) » en 2019, consacrées à la recherche de provenance dans différents pays, musées ou collections, le séminaire poursuit l’étude de quelques cas particuliers, aborde de nouveaux pays et s’intéresse à la situation de certaines galeries.

Pour cette deuxième année, le séminaire, organisé en lien avec l'Institut national du patrimoine et la Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945 du ministère de la Culture, élargit la réflexion au contexte, à la signification et aux conséquences des recherches de provenance et des restitutions d'œuvres d'art.

Si la nécessité de la recherche et des restitutions des biens spoliés pendant la période nazie s’est désormais, et heureusement, imposée, cette quête suscite encore critiques et interrogations. Les questions sont nombreuses : pourquoi recherche-t-on les œuvres d'art ? pourquoi s'intéresse-t-on aux œuvres d'art plus qu'à d'autres biens spoliés ? quelles sont les conséquences d'une restitution pour les descendants de personnes spoliées ? qu'est-ce que restituer veut dire, pour les descendants des spoliés, qui se retrouvent aux prises avec une mémoire parfois difficile à affronter, ou pour les musées, qui voient partir une œuvre jusque-là exposée au public ?

Le séminaire s'intéressera également aux artistes et écrivains inspirés aujourd'hui par les thèmes de la spoliation, de la disparition et de la recherche des traces. Au côté des chercheurs de provenance, des historiens de l’art et des juristes, ces créateurs font vivre le souvenir des hommes et des femmes qui furent spoliées ; ils retracent et font revivre autrement le parcours des biens et de leurs anciens propriétaires dépossédés.

 

Voir le programme complet du cycle de séminaires

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Informations pratiques
5 mars 2020- 18H30-20H
Galerie Colbert, auditorium
Institut national d'histoire de l'art
6, rue des Petits-Champs ou 2, rue Vivienne
75002 Paris
Entrée libre