L’objet et l’effet de la restitutionSéminaire « Patrimoine spolié pendant la période du Nazisme (1933-1945) »

Restitution d'un dessin de Degas Trois danseuses en buste par la ministre de la culture, Audrey Azoulay, en 2016 à Viviane Dreyfus, fille de Maurice Dreyfus

Passé le choc de la révélation, un sentiment d’ambivalence a envahi l’héritière : « J’ai ressenti à la fois une grande joie mais aussi une douleur qui se rouvre, autour de la Shoah et de mon père ». Ce sont les mots de Viviane Dreyfus, exprimés au moment de la cérémonie de restitution d’un dessin de Degas, Trois danseuses en buste, par la ministre de la culture, Audrey Azoulay, en 2016. La famille n’avait jamais entendu parler de cette oeuvre que le père de Viviane, Maurice RenéDreyfus, avait acquise avant la guerre. Sa première femme et ses deux enfants sont déportés et assassinés à Auschwitz. Viviane explique : « Mon père ne nous racontait jamais rien. Je l’ai toujours vu triste.» Le « silence absolu » autour de la Shoah, qui a pesé dans cette famille, a soudain pris forme. La restitution a introduit un présent, il fallait s’approprier un objet dont la famille ignorait qu’il était le sien. En dialogue avec Viviane Dreyfus, la philosophe Danièle Cohn interroge l’objet, sa perte et la place de sa perte dans la mémoire des survivants et de leur descendance.

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Intervenants

Danièle Cohn (professeur émérite, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Viviane Dreyfus (fille de Maurice René Dreyfus)

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A propos du séminaire

Après un premier cycle de séminaires « Patrimoine spolié pendant la période du nazisme (1933-1945) » en 2019, consacrées à la recherche de provenance dans différents pays, musées ou collections, le séminaire poursuit l’étude de quelques cas particuliers, aborde de nouveaux pays et s’intéresse à la situation de certaines galeries. Pour cette deuxième année, le séminaire, organisé en lien avec l'Institut national du patrimoine et la Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945 du ministère de la Culture, élargit la réflexion au contexte, à la signification et aux conséquences des recherches de provenance et des restitutions d'œuvres d'art. Si la nécessité de la recherche et des restitutions des biens spoliés pendant la période nazie s’est désormais, et heureusement, imposée, cette quête suscite encore critiques et interrogations. Les questions sont nombreuses : pourquoi recherche-t-on les œuvres d'art ? pourquoi s'intéresse-t-on aux œuvres d'art plus qu'à d'autres biens spoliés ? quelles sont les conséquences d'une restitution pour les descendants de personnes spoliées ? qu'est-ce que restituer veut dire, pour les descendants des spoliés, qui se retrouvent aux prises avec une mémoire parfois difficile à affronter, ou pour les musées, qui voient partir une œuvre jusque-là exposée au public ? Le séminaire s'intéressera également aux artistes et écrivains inspirés aujourd'hui par les thèmes de la spoliation, de la disparition et de la recherche des traces. Au côté des chercheurs de provenance, des historiens de l’art et des juristes, ces créateurs font vivre le souvenir des hommes et des femmes qui furent spoliées ; ils retracent et font revivre autrement le parcours des biens et de leurs anciens propriétaires dépossédés.

 

Voir le programme complet du cycle de séminaires

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Informations pratiques

6 février 2020- 18H30-20H
Galerie Colbert, auditorium
Institut national d'histoire de l'art
6, rue des Petits-Champs ou 2, rue Vivienne
75002 Paris
Entrée libre