L’Argument de Rouen #4 : Le musée et ses contestationsLe musée et ses contestations

Organisé par l’Institut national d’histoire de l’art, la Réunion des musées métropolitains Rouen-Normandie (RMM) et le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), « L’Argument de Rouen » est une rencontre pluridisciplinaire ouverte à tous et à toutes. Il invite le public à interpeller les musées sur leur capacité à intégrer les enjeux sociétaux de notre temps. À travers des tables rondes, des discussions avec des personnalités issues de divers domaines, des rencontres avec des artistes, L’Argument de Rouen permet d’interroger le lien entre musée, société et histoire de l’art, et d’ouvrir cette discipline à des questionnements venus d’autres horizons. Après avoir évoqué la question de la diversité (2016), des biens communs (2017) et de la place des femmes (2018), cette édition aborde un nouveau thème : les cultures alternatives, avec comme invité d’honneur Antoine de Galbert (collectionneur, fondateur de la Maison Rouge).

La présentation d’un objet dans un musée a souvent pour conséquence de l’isoler du contexte et des usages qui lui ont donné naissance. Dans le cas des musées d’art, ils accueillent depuis le XIXe siècle majoritairement des œuvres pensées pour y trouver leur destination finale. Ce processus de sélection, voire de sacralisation, est rendu légitime par l’institution et les experts qui les animent, selon des critères « scientifiques » propres à chaque discipline.

Cela n’a pas empêché cependant que se développent dans les marges des pratiques autres qui remettent en question ces présupposés, que ce soit de manière involontaire dans le cas de l’art brut, des arts populaires et commerciaux, ou de manière volontaire pour tous les mouvements anti-art qui se sont développés depuis le début du XXe siècle, se cristallisant à partir des années 1960 en « contre-cultures ».

Selon le sociologue John Milton Yinger, qui a forgé ce terme en 1960, la contre-culture, souvent parallèle ou souterraine, entre en rébellion avec la culture officielle dont elle inverse les normes et les valeurs. En 1969, l’artiste et historien Théodore Roszak pensait la contre-culture comme déconnectée de la société technocratique à laquelle elle s’oppose : « Elle ne ressemble plus du tout à une culture mais prend l’apparence inquiétante d’une intrusion barbare. » Les acteurs des contre-cultures remettent en question les conventions artistiques en élargissant le champ de l’art, délaissant les galeries et les musées pour explorer de nouvelles formes d’expression sur des supports ou dans des lieux alternatifs.

On assiste depuis les années 1980 à une intégration de ces cultures alternatives par les institutions, intégration souvent difficile et contestée car elle peut être interprétée comme un recyclage par le consumérisme et l’économie libérale. Les pratiques alternatives – underground ou politisées en particulier – n’ont pas réussi le pari de rester à l’extérieur du champ institutionnel de l’art. Elles font désormais partie intégrante du champ officiel de l’art, dont les limites, si elles ont été bouleversées, n’ont pas éclaté. Les institutions ont intégré ces phénomènes comme des contre-points ne remettant pas fondamentalement en cause leurs généalogies et leurs grands récits.

À l’heure où certains musées répondent à l’injonction d’une plus grande démocratisation en élargissant leur domaine d’intérêt, les cultures alternatives (séries, bande dessinée, mode, pratiques urbaines…) semblent gagner une nouvelle visibilité dans le champ culturel. Mais comment les œuvres qui en sont issues peuvent-elles conserver leur charge subversive alors qu’elles sont présentées dans des institutions qui incarnent encore bien souvent une culture officielle ? L’acteur de la contre-culture exposé au musée peut-il encore concevoir sa pratique comme une critique radicale de la société ? Ce sont quelques-unes des questions que cet Argument de Rouen se propose d’examiner.

En partenariat avec Le Journal des Arts

L'argument de Rouen 4e édition sur Youtube

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Invité d’honneur

Antoine de Galbert

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Intervenants

Sylvain Amic (Réunion des musées métropolitains, Rouen)
Philippe Artières (CNRS, EHESS)
Christophe Bourseiller (journaliste)
Baptiste Brun (université Rennes 2)
Jean Christophe Castelain (Le journal des Arts)
Éric de Chassey (INHA)
Déborah Couette (La Fabuloserie, La Fondation Dubuffet)
Chris Dercon (RMN-Grand Palais)
Hervé Di Rosa (artiste)
Savine Faupin (LAM,  Villeneuve d'Ascq)
Jean-Marie Gallais (Centre Pompidou-Metz)
Brigitte Gilardet (Centre d'histoire de Sciences Po)
Yves Grenu (Balayeuses archivistiques LGBT)
Carl Havelange (Trink-Hall, Liège)
Kiki Picasso (artiste)
Barbara Plankensteiner (MARKK, Hambourg)
Solveig Serre (Centre de musique baroque de Versailles et Centre Jean-Mabillon, Enc)
Hugo Vitrani (Palais de Tokyo)

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Informations pratiques

5 février 2020 - 10H-18H
Hôtel des Sociétés Savantes
190, rue Beauvoisine,
76000 Rouen
Entrée gratuite selon les places disponibles.

Réservation conseillée à l’adresse suivante : virginie.thenoz@metropole-rouen-normandie.fr