Au cœur des manufactures lainières européennes : le voyage de Gian Batta Moccafy, 1766-1767Séminaire « Teintures naturelles ou colorants de synthèse ? »

Gian Batta Moccafy, Esposizione delle manifatture di Francia, Inghiltera ed Olanda, ca. 1767 ; Paris, Bibliothèque Forney clichés : Marie-Anne Sarda

Partie prenante de la culture européenne, la pratique du voyage par les lettrés et les artistes est bien connue ; les voyages des entrepreneurs le sont moins. Corine Maitte présentera le voyage effectué en 1766-67 en France, Angleterre, Pays-Bas autrichiens, Provinces-Unies et terres d’Empire par le marchand piémontais Gian Batta Moccafy. Centré sur les manufactures lainières de ces régions, son but explicite est d’en imiter certaines à son retour, éventuellement en débauchant des « techniciens » ou des entrepreneurs rencontrés en chemin. Ce faisant, Moccafy dresse un extraordinaire tableau des manufactures visitées, tant sur le plan technique que social et commercial. Ce voyage, présenté à la cour piémontaise (Bibliothèque royale,Turin), est agrémenté d’un gros corpus de 500 échantillons de tous les draps mentionnés (Bibliothèque Forney, Paris).Connu seulement des spécialistes, le recueil Moccafy est assurément l’un des plus vastes et des plus précoces témoignages de voyages de marchands parvenu jusqu’à nous.

Le séminaire est rattaché au programme de recherche : « Colorants et textiles de 1850 à nos jours », sous la direction de Marie-Anne Sarda (domaine Histoire et théorie de l’histoire de l’art et du patrimoine)

Intervenante

  • Corine Maitte (université de Paris-Est Marne-la-Vallée)

À propos du séminaire

Alors que l’invention des colorants de synthèse au cours de la seconde moitié du XIXe siècle est la plus célèbre découverte scientifique européenne de l’époque, la transition quant à l’usage dans le textile des teintures naturelles et/ou des colorants de synthèse reste largement méconnue. L’Institut national d’histoire de l’art a ouvert en 2017 un nouveau programme de recherche consacré aux colorants utilisés de 1850 à 1914, à leurs inventeurs, chimistes et teinturiers, et à leurs utilisateurs, manufactures et maisons de couture, avec pour objectif essentiel de lier les données de l’histoire des sciences à des faits textiles, attestés par des pièces conservées dans les collections publiques françaises. Prenant la suite du mouvement d’étude de la mode et du vêtement né dans les années 1980 en Europe et aux États-Unis, le programme en constitue un jalon à même d’en susciter une relecture. Plus largement, il invite à une réévaluation de la réception de la couleur au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et au début du XXe siècle, sur la base des données matérielles. À partir de la présentation de précieux manuels de teinture, de livres d’échantillons historiques ou de textiles teints, le séminaire abordera notamment la question des rapports de couleurs du XVIIIe siècle à nos jours, sur laine et soie.

Parallèlement au séminaire, un atelier de création de nuanciers textiles en teintures naturelles et de synthèse est proposé aux élèves de l’EnsAD et de l’ENSAAMA.

Voir le programme complet du séminaire

__

Informations pratiques

13 mars 2019 - 18h-20h
Institut national d'histoire de l'art, auditorium
6, rue des Petits-Champs ou 2, rue Vivienne
75002 Paris

Entrée libre