Antipsychiatrie, psychothérapie institutionnelle, psichiatria democratica et psychiatrie destructive : penser la pluralité des contestations psychiatriques.Séminaire « INHALab. Association ATHAMAS – Art et antipsychiatrie »

L’ancien asile de La Cadellada (Oviedo) a vécu sa révolution antipsychiatrique dans les années 1960. « Ouvrir toutes les portes », telle était la devise de ce changement. Carlos Osorio, La Cerrada de mujeres del Hospital psiquátrico de Oviedo (La Cadellada), photographie, 1975

Dans le cadre de sa résidence INHALab, l’association ATHAMAS – Art et antipsychiatrie inaugure son cycle de séminaire le 15 mars prochain avec une séance intitulée « Antipsychiatrie, psychothérapie institutionnelle, psichiatria democratica et psychiatrie destructive : penser la pluralité des contestations psychiatriques ».

Le terme d’« antipsychiatrie » apparaît en 1967 sous la plume de David Cooper dans son ouvrage Psychiatry and Anti-Psychiatry pour désigner les approches phénoménologiques et existentialistes d’une forme de psychiatrie radicale développées en Angleterre par le médecin et ses collègues depuis la fin des années 1950. Il tend dès cette époque à être appliqué indifféremment aux expériences anglaises, à la psychothérapie institutionnelle autour de Jean Oury et de Félix Guattari en France, à la psichiatria democratica de Franco Basaglia en Italie, ou encore aux écrits de Michel Foucault. Cette première séance vise à différencier des termes, des pratiques et des théories qui, tout en dialoguant et en se rencontrant sur certains concepts, restent spécifiques de leur contexte d’apparition. Ces clarifications épistémologiques semblent nécessaires afin d’éviter d’entretenir l’écueil des malentendus suscités par l’usage englobant et parfois inapproprié du terme « antipsychiatrie ». Ces recontextualisations apportées par l’intervention de Camille Veit seront nourries par les interventions d’Oisín Wall et d’Alfredo Aracil qui feront le lien avec les contre-cultures et les pratiques artistiques contemporaines.

Séance en anglais et français

Interventions

  • « Les antipsychiatres britanniques et les milieux de la contre-culture (1960-1971) » par Oisín Wall, historien et commissaire (Université de Dublin).
    Auteur de l’ouvrage The British Anti-Psychiatrists: From Institutional Psychiatry to the Counter-Culture, 1960-1971 (Routledge, 2017), Oisín Wall reviendra sur la trajectoire de l’antipsychiatrie britannique  au travers de ses grandes figures (Ronald D. Laing, David Cooper, Aaron Esterson…), de ses principales théories et de ses expériences fondatrices (Villa 21, Kingsley Hall…). Il s’agira de développer les liens étroits tissés entre l’antipsychiatrie et les contre-cultures, notamment à partir des exemples du congrès international « Dialectics of Liberation » de 1967 et de l’Antiuniversity inaugurée à Londres en 1968.
  • « L’antipsychiatrie et la France, ou la contradiction fertile » par Camille Veit, docteure en psychologie et psychologue clinicienne (Université Côte d’Azur, Université de Strasbourg).
    Au cours de son intervention, Camille Veit propose d’aller à la rencontre de quelques pistes, certaines plus franches que d’autres, qui relièrent l’antipsychiatrie et la France en ce lieu « sacré » (Ronal D. Laing, Mary Barnes) de l’expérience de la « folie ». La France des années 1970 est un terrain particulièrement fertile pour mettre au travail les points de rencontre et de rupture entre différentes « pratiques discursives » (Michel Foucault) qu’il conviendra donc de distinguer : antipsychiatrie anglo-saxonne, psychothérapie institutionnelle française et psichiatria democratica italienne.
  • « Une psychiatrie destructive : quelles leçons ? » par Alfredo Aracil, chercheur et commissaire indépendant.
    Alfredo Aracil reviendra sur l’histoire du mouvement antipsychiatrique en Espagne, du régime franquiste à l’époque de la transition démocratique. Cette recherche initiée en 2016 a pris corps en 2017 lors de son exposition madrilène « Apuntes para una psiquiatría destructiva ».  Étayés par une multitude de documents et de témoignages inédits, ses travaux explorent, au-delà de l’histoire clinique et politique, les pratiques artistiques espagnoles qui furent traversées par cette « psychiatrie destructive » au cours des années 1960-1970.

À propos du séminaire « INHALab. Association ATHAMAS »

Créée en 2018, l’association ATHAMAS rassemble des chercheurs en histoire de l’art autour d’un projet visant à interroger les pratiques artistiques expérimentales de la deuxième moitié du XXe siècle à nos jours, et les théories de l’antipsychiatrie qui apparaissent et se développent au cours des années 1950 à 1970. Son ambition est d’initier une plateforme interdisciplinaire de recherche destinée à fédérer des initiatives engagées dans le domaine d’une porosité entre productions visuelles et antipsychiatrie.

Voir le programme complet du séminaire

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Informations pratiques

15 mars 2019 - 16h-19h
Galerie Colbert, salle Giorgio Vasari
Institut national d'histoire de l'art
6, rue des Petits-Champs ou 2, rue Vivienne
75002 Paris

Entrée libre