L’exil anonyme, l’anonyme exilé. Dora García et Montserrat Rodríguez, en con-férence Séminaire « INHALab. Association ATHAMAS – Art et antipsychiatrie »

Dora García, The Deviant Majority, from Basaglia to Brazil, 2010, photogramme de la vidéo, couleur, sonore, 34’55” © Dora Garcia

Cette séance conçue par Dora García avec Montserrat Rodríguez Garzo s’articulera autour de trois moments visant à explorer les liens de l’œuvre de l’artiste espagnole avec les psychiatries radicales des années 1960 et 1970. Une conversation entre Dora García et Montserrat Rodríguez Garzo suivra la présentation du travail d’élaboration du film The Deviant Majority. From Basaglia to Brazil (2010) et l’évocation de la collaboration de Montserrat Rodríguez Garzo au projet EXILE initié en 2012 par Dora García.

Critique du pouvoir et figures de la marginalité sont au cœur de l’œuvre de Dora García depuis le milieu des années 1990. Elle découvre le travail de Franco Basaglia à l’occasion d’une invitation à la Galeria Civica di Trento en 2010, après avoir déjà travaillé sur R. D. Laing, David Cooper et le SPK. Son intérêt sur les intersections entre politique, psychiatrie et art, ainsi que ses réflexions sur le statut outsider de l’artiste en société (Artaud, Walser, Adolf Wolfli, Svevo, Joyce, Mario Mieli, Genet, etc.), la conduisent à concevoir le projet The Inadequate, pour le pavillion espagnol de la Biennale de Venise 2011.

En 2009, sous le titre Mad Marginal, elle entame un travail d’exploration des psychiatries radicales des années 1960 et 1970. Recherche tentaculaire et protéiforme, Mad Marginal se déploie, selon les projets, par le biais de publications, d’ateliers, de séminaires, de performances, de films, d’installations, de photographies et de représentations théâtrales. Le film The Deviant Majority. From Basaglia to Brazil (2010), qui revient sur l’héritage du fondateur de la psichiatria democratica italienne, Franco Basaglia (1924-1980), au Brésil, s’inscrit dans ce cadre. D’abord réalisé à l’occasion de la XXIXe Biennale de São Paulo, il est incorporé l’année suivante à l’installation participative et évolutive The Inadequate (Biennale de Venise 2011), qui constitue à ce jour un des grands pans de l’ensemble Mad Marginal.

Le projet EXILE a débuté en 2012 lorsque l’artiste est invitée à participer à l’exposition Host and Guest organisée par le commissaire Steven Henry Madoff au Museum of Art de Tel Aviv. En s’inspirant de l’artiste et poète Aldo Piromalli, elle commence, avec une série de collaborateurs tels que Giulia Girardello et Mattia Pellegrini, une correspondance avec l'institution qui se fait de plus en plus abondante et dont la réponse devient donc impossible. Dans l’espace d’exposition, un mystérieux bureau se recouvre alors de lettres, de cartes, de photographies qui ne cessent d'arriver chaque jour. Après Tel Aviv, EXILE se poursuit en Lituanie, à Buenos Aires, à Moss, à Toronto, à Madrid, aux Abattoirs de Toulouse, avec des nouveaux correspondants, parmi lesquels Darius Miksys, Luciana Kaplun, Michal Bar-Or, Marie Orensanz, Santiago García Navarro et Montserrat Rodríguez Garzo.

Montserrat Rodríguez Garzo est psychanalyste, professeur et commissaire d’exposition, spécialiste de la théorie psychanalytique et des langages artistiques. Depuis 1998, ses recherches s’articulent autour de deux axes : l’étude des applications de la psychanalyse dans le champ psychosocial d’une part, et l’analyse des mécaniques de production du langage à partir de deux modèles qu’elle met en relation, la psychose schizophrénique et la pratique artistique, d’autre part. Ses travaux actuels explorent plus particulièrement la cohérence du langage à l’œuvre dans les productions artistiques et chez le sujet atteint de pathologies psychosomatiques et auto-immunes. Elle a organisé plusieurs séminaires et expositions autour de ces questions, en liens avec diverses institutions comme le Museu d'Art Precolombí et le Macba de Barcelone.

Intervenants

  • Dora García (artiste)
  • Montserrat Rodríguez (psychanalyste)

À propos du séminaire « INHALab. Association ATHAMAS »

Créée en 2018, l’association ATHAMAS rassemble des chercheurs en histoire de l’art autour d’un projet visant à interroger les pratiques artistiques expérimentales de la deuxième moitié du XXe siècle à nos jours, et les théories de l’antipsychiatrie qui apparaissent et se développent au cours des années 1950 à 1970. Son ambition est d’initier une plateforme interdisciplinaire de recherche destinée à fédérer des initiatives engagées dans le domaine d’une porosité entre productions visuelles et antipsychiatrie.

Voir le programme complet du séminaire

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Informations pratiques

24 juin 2019 - 16h00 - 19h00

Galerie Colbert, auditorium
Institut national d'histoire de l'art
6, rue des Petits-Champs ou 2, rue Vivienne 
75002 Paris

Entrée libre