Antipsychiatrie et violence institutionnelleSéminaire « INHALab. Association ATHAMAS – Art et antipsychiatrie »

7e séance du séminaire « INHALab. Association ATHAMAS – Art et antipsychiatrie » : Antipsychiatrie et violence institutionnelle avec Catherine Perret (professeure des universités, université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis) et Bénédicte Maselli (historienne de l’art, École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon

Interventions

  • « De "l’hécatombe des fous" à la réinvention de la psychiatrie après-guerre (François Tosquelles, Lucien Bonnafé, Jean Oury) » par Catherine Perret

Résumé :

J’aborderai dans cette présentation la transformation des pratiques psychiatriques née de l’analyse, par certains psychiatres, de la politique d’« extermination douce »  de la population asilaire, en France, durant la Seconde Guerre mondiale. Quelles furent les hétérotopies où une psychiatrie critique trouva à s’incarner entre 1953 et 1980 ? Quels furent les modèles dont elles s’inspirèrent ? Quelles réponses ces psychiatres apportèrent-ils au traitement de la violence exercée par l’institution psychiatrique ?

  • « Antipsychiatrie et actionnisme viennois dans l’Autriche postfasciste » par Bénédicte Maselli 

Résumé :

« Si l’Américain Henry Ford a eu l’idée criminelle d’appliquer le travail à la chaîne, un Autrichien allait, lui, se rendre mondialement célèbre en inventant « l’assassinat à la chaîne » ! : Adolf Hitler, né à Linz, en Autriche en 1889. 1960. La puanteur des cadavres cachés sous les tapis des salons autrichiens depuis la guerre (la Seconde) rendait l’air viennois irrespirable et, plutôt que de tomber eux aussi dans cette transe nauséabonde, Otto Muehl, Hermann Nistch puis Günter Brus et plus tard Rudolf Schwarzkogler vont faire naître la forme artistique la plus contestée d’après-guerre, l’actionnisme viennois. Un art qui fera sauter les tonneaux de poudre fascistes empilés sans vergogne ni honte dans l’Autriche de l’après-guerre[1]. »

Ainsi débute l’ouvrage de Danièle Roussel, sans doute le mieux documenté et faisant autorité en langue française sur l’Actionnisme viennois. En effet, l’Autriche, après la chute de l’Empire habsbourgeois, suite à la Seconde Guerre mondiale et à l’expulsion ou à l’extermination de sa population juive et de son élite intellectuelle, a vu stopper net les différents courants initiés par les artistes et les penseurs de la modernité viennoise de la fin du XIXème et du début du XXème siècle. À l’issue du conflit, les avancées que représentaient pour le monde entier l’expressionnisme d’Egon Schiele et d’Oskar Kokoschka, la psychanalyse de Sigmund Freud, les innovations musicales de Gustav Mahler, Arnold Schönberg ou Alban Berg, les recherches littéraires de Robert Musil et de Georg Trakl ou encore la philosophie du Cercle de Vienne autour de Ludwig Wittgenstein, s’étaient interrompues avec la mort ou l’exil des protagonistes. L’ambigüité sociopolitique de l’Autriche d’après-guerre et le caractère latent d’une culpabilité, avouée ou plus souvent refoulée par le peuple autrichien, ne permettaient pas, à l’instar des autres pays d’Europe, une ouverture sur un monde nouveau. Ainsi, privée des élans avant-gardistes des autres pays européens, l’Autriche était face à une sclérose artistique entre ce qui avait commencé à prendre forme avant 1945 et les nouvelles positions du Wiener Gruppe. Face à l’urgence de dire et de faire (réagir), les actionnistes viennois sans revendiquer une appartenance à l’antipsychiatrie ont exploré les mêmes méthodes en se heurtant aux mêmes limites. Nous tacherons de discuter des faits et des effets de leurs approches à la lumière des questions liées à la folie.

À propos du séminaire « INHALab. Association ATHAMAS »

Créée en 2018, l’association ATHAMAS rassemble des chercheurs en histoire de l’art autour d’un projet visant à interroger les pratiques artistiques expérimentales de la deuxième moitié du XXe siècle à nos jours, et les théories de l’antipsychiatrie qui apparaissent et se développent au cours des années 1950 à 1970. Son ambition est d’initier une plateforme interdisciplinaire de recherche destinée à fédérer des initiatives engagées dans le domaine d’une porosité entre productions visuelles et antipsychiatrie.

Voir le programme complet du séminaire

__

Informations pratiques

14 juin 2019 - 18h-20h
Galerie Colbert, salle Pierre Demargne
Institut national d'histoire de l'art
6, rue des Petits-Champs ou 2, rue Vivienne 
75002 Paris

Entrée libre