Art et Corporéité. Phénoménologie des univers formels

Ce séminaire doctoral, dans un territoire hexagonal mais transnational aussi, examine, en longue durée, les liens entre les arts et le corps : comment les artistes, autant que les artisans – et l’on entend particulièrement les plasticiens-designers et les musiciens, sans que le groupe ne soit fermé – sont conditionnés et conditionnent les catégories et modèles d’objets qu’ils imaginent et fabriquent, en fonction de la plasticité des corps ? De quelles manières, selon quels échéanciers et à partir de quels schémas économiques sont produits, édités, diffusés des séries de mobiliers et des corpus d’instruments qui répondent, à la jointure du Beau et de l’Utile, à une exigence artistique, un canon esthétique et un confort social soumis à des variables politiques, culturelles et générationnelles ? Ce programme de recherche, à l’articulation de l’interprétation et de l’expérience, entend réfléchir au couple Art et Corps dans les effets interactifs qu’ils produisent l’un sur l’autre.

Afin d’éviter tout effet de rhétorique et de généralisation étrangère à l’analyse historienne sur corpus, l’étude porte, prioritairement, sur deux domaines : le design et la musique. Dans le premier cas, il s’agit d’observer, en longue durée (de 1880 aux années 2010), comment les décorateurs et les designers pensent [ou non] les objets en fonction du corps et du confort qui, dès lors, peut être produit. Dans le second cas, on regarde singulièrement de quelles manières les musiciens font ployer leur corps au son des notes autant que ces dernières – premières sur la portée ou virtuelles sur le web – inventent des postures corporelles à la bordure de l’extase, confortable ou non. Installé dans un espace national et transnational, observant « l’actuel » lorsqu’il est enchâssé dans le contemporain et l’immédiat, ce séminaire utilise des outils théoriques pluridisciplinaires (Histoire/Anthropologie/Sociologie sollicitant Maus, Vigarello, Gleize, Deleuze, Foucault, Leroi-Gourhan, Baudrillard, Lefebvre, Rancière et. al.) et des outils pratiques ouverts (sources primaires, secondaires et tertiaires). Adossé à des thématiques dômes : d’abord, la triade Corps/Corporalité/Corporéité ; ensuite, le tandem Art social et Confort ; enfin, le binôme Design et Fonction ; il réfléchit, à la manière d’un chiasme, à la façon dont le corps fabrique l’univers des formes lorsque l’Art, de son côté, courbe, met en geste et bouscule un corps devenu instrument puisqu’il crée la forme, un corps métamorphosé en forme parce qu’il dicte le biomorphisme des instruments.

Programme

Séminaire doctoral porté par l’Équipe de Recherche Art & Flux (Institut Acte) de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en collaboration avec l'Équipe de recherche HISTARA (EPHE/PSL)

Dirigé par Agnès Callu

  • Séance 1. 17 octobre 2018. « La Belle Noiseuse, quand Rivette devient peintre ? » (Agnès Callu)
  • Séance 2. 7 novembre 2018. « La pornographie de l’art : intrications esthétiques et corporelles » (Agnès Callu et Alberto Sorbelli, artiste)
  • Séance 3. 21 novembre 2018. « Standards de beauté – Fabrique des corps « (Agnès Callu et Éric Dunet, chirurgien plastique et esthétique)
  • Séance 4. 19 décembre 2018. « Le corps transgenré : identité narrative et objet historique » (Agnès Callu et Chris Gerbaud, psychothérapeute)
  • Séance 5. 30 janvier 2019. » Art et méta-geste » (Agnès Callu et Barbara Formis, Institut ACTE, Université Paris I Panthéon-Sorbonne)
  • Séance 6. 6 février 2019. « Art et Care : pour un ‘corps commun’» (Agnès Callu et Sarah Roshem, Institut ACTE, Université Paris I Panthéon-Sorbonne)
  • Séance 7. 27 février 2019. « Dessiner le mobilier – Comprendre les corps » (Agnès Callu et Sylvain Dubuisson, architecte-designer)
  • Séance 8. 13 mars 2019. « Jacqueline Dupré : art, posture et violoncelle » (Agnès Callu et Marc Coppey, musicien violoncelliste)
  • Séance 9. 3 avril 2019. « Le Design italien : radicalité des formes, fonctionnalisme du corps ? » (Agnès Callu et Pia Rigaldiès, École des Chartes/PSL)
  • Séance 10. 17 avril 2019. « La statuaire : pour une copénétration de la matière et de la sculpture » (Agnès Callu, Paul de Pignol et Pierre-Édouard, sculpteurs)

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Informations pratiques

Le mercredi de 18h à 20h

Galerie Colbert, Salle Mariette
Institut national d'histoire de l'art
6, rue des Petits-Champs ou 2, rue Vivienne
75002 Paris

Entrée libre