Jean-Baptiste-Claude Séné : menuisier de l’Ancien Régime puis de la RévolutionRencontre du Centre André Chastel

Lit de repos ou sultane pour le Cabinet de toilette de la Reine à Saint-Cloud, 1788, Jean-Baptiste-Claude Séné, Metropolitan Museum of Art, New York.

Issu d’une dynastie d’artisans du bois, Jean‑Baptiste‑Claude Séné (1747-1803) sut s’entourer, de mariage en mariage, d’un nombre important de peintres, sculpteurs ou menuisiers. Un tel réseau ne put que favoriser la longévité de sa carrière qui s’explique avant tout par la qualité de son travail, des prix honnêtes mais également par son ambition et sa capacité à entreprendre.

Maître en 1769, Jean‑Baptiste‑Claude parvint à faire prendre de l’ampleur à sa carrière en s’associant à Louis‑Charles Carpentier, menuisier réputé qui livra de grands noms de la noblesse française. La clientèle qu’il lui transmit permit à Jean‑Baptiste‑Claude Séné une assise dans le métier et très probablement d’être introduit au sein des Menus-Plaisirs en 1781. En effet, la duchesse de Villeroy, cliente de ce menuisier, était très active au sein de cette institution en raison de la position de son père, le duc d’Aumont, Premier gentilhomme de la Chambre du Roi.

L’atelier se développa toujours un peu plus d’autant qu’en 1785, il fut engagé par le Garde‑Meuble de la Couronne tout en poursuivant ses livraisons pour les Menus-Plaisirs. Les meubles qu’il fournit en quantité de 1785 à 1792 furent victimes de la dispersion révolutionnaire mais les plus richement sculptés et les plus originaux nous sont parvenus pour la plupart. La Révolution arrivée, Séné montra un engagement réel au sein du courant révolutionnaire en devenant électeur de la section Bonne‑Nouvelle, membre de la force armée de Paris et en étant détenteur d’une carte de sûreté blanche, montrant ainsi une certaine déférence à l’égard du nouveau régime. Manifestement dans les bonnes grâces de ce dernier, peut-être en raison de son appartenance à la franc‑maçonnerie, Séné se mit au service du Garde‑Meuble national et livra tout à la fois l’administration révolutionnaire et les dirigeants du Directoire. Très certainement influencé par ses confrères, Georges Jacob et Guillaume Benneman, respectivement menuisier et ébéniste, Séné adapta son style à la nouvelle époque et diversifia sa production en devenant aussi ébéniste. La fin de sa carrière fut un peu moins brillante, les commandes particulières étant moins importantes après cette période troublée. Il mourut grevé de dettes en 1803 non seulement à cause des difficultés financières que la Révolution entraîna pour beaucoup d’artisans mais également en raison de son statut de propriétaire qui le poussa à emprunter pour acquérir et agrandir l’immeuble dans lequel il demeurait. Le parcours de Jean‑Baptiste‑Claude Séné fait de lui un menuisier atypique qui, s’inscrivant dans son milieu, sut en devenir l’un des plus renommés.

Intervenant

  • Elvina Gilles-Guéry, invitée par Jérôme de La Gorce

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Informations pratiques

6 juin 2018 - 18H30
Galerie Colbert, salle Ingres (2e étage)
Institut national d’histoire de l’art
2, rue Vivienne ou 6 rue des Petits Champs
75002 Paris

entrée libre

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