De la messe à la contemplation esthétique. La mise en scène de la peinture religieuse au XVIIIe siècleConférence du GRHAM

Nicolas Bernard Lépicié (1735-1784). « La Chapelle du Calvaire à l’église Saint-Roch ». Paris, musée Carnavalet.

À l’aide d’une sélection d’exemples, cette conférence se propose d’analyser deux phénomènes spécifiques au XVIIIe siècle en matière de peinture religieuse : d’une part son esthétisation et sa sécularisation, d’autre part la perte de sa fonction spécifique et sa patrimonialisation. En effet, à partir de la mort de Louis XIV, l’image religieuse connaît une transformation profonde. À la dévotion imprégnée de foi catholique succède une forme sécularisée de recueillement esthétique. L’explication théologique fait place à la description esthétique, l’ekphrasis se substitue à l’exégèse. Les églises parisiennes au décor riche d’art ancien et contemporain deviennent « un salon continuellement ouvert aux étrangers, & aux curieux qui y abondent de toutes parts pour admirer leurs ouvrages ». En même temps, le « Salon » au Louvre offre une plateforme publique inédite aux artistes de peinture religieuse. On assiste à une véritable réévaluation de l’image religieuse, cette dernière étant désormais considérée d’abord comme une œuvre d’art, qu’il s’agit d’exposer, de soumettre à la critique, de restaurer ou même d’éloigner des regards. La dignité spirituelle, qui singularisait la peinture religieuse aux yeux des visiteurs croyants du Grand siècle, n’est plus un critère signifiant pour les amateurs d’art au Siècle des Lumières.

Intervenant

  • Martin Schieder

Martin Schieder est professeur d’histoire de l’art moderne et contemporain à l’Universität Leipzig depuis 2008. En 1994, il a soutenu une thèse à la Freie Universität Berlin sur la peinture religieuse à la fin de l’Ancien Régime (Jenseits der Aufklärung. Die Religiöse Malerei im ausgehenden Ancien Régime, 1997) qui a reçu le prix Marianne Roland Michel en 2012 et a ainsi pu être traduite en français sous le titre Au-delà des lumières, la peinture religieuse à la fin de l’Ancien Régime (2017). Sa thèse d’habilitation à diriger des recherches, intitulée Dans le regard de l’autre. Les relations artistiques franco-allemandes, 1945–1959 a été récompensée du Prix parlementaire franco-allemand 2005 de l’Assemblée nationale et du Bundestag allemand. Auparavant, Martin Schieder avait occupé un poste d’assistant scientifique (1996–2004), puis de professeur invité à la Freie Universität Berlin (2004–2007) ainsi que de directeur adjoint au Centre allemand d’histoire de l’art Paris (1997–2001). Il a de plus été chercheur invité du Getty Research Institute à Los Angeles (2013–2014) et professeur invité à l’Université Paris IV – Sorbonne (2015). Il a publié de nombreux travaux sur l’art du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours, les transferts culturels, l’histoire de la critique d’art, ainsi que dans le domaine des Exhibition Studies et des Studio Studies.

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Informations pratiques

19 avril 2018 - 19H
Galerie Colbert, salle Demargne (rez-de-chaussée)
Institut national d’histoire de l’art
2, rue Vivienne ou 6 rue des Petits Champs
75002 Paris

entrée libre

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