Ex-situ : faire vivre l’archéologie au musée et dans les expositions

Le développement de l’archéologie fondée sur l’étude du site a permis de mobiliser un imaginaire porté sur un passé matériel d’une grande diversité. Dans les galeries princières et les cabinets d’antiquaire, les objets anciens représentaient depuis la Renaissance les éléments transmis et précieux d’une antiquité idéalisée. Porteurs de normes esthétiques et d’un sens historique interprété à l’appui des textes classiques, ils s’offraient au regard, la plupart du temps, sans provenance exacte. Avec la découverte d’Herculanum et de Pompéi au xviiie siècle, se révèlent la puissance du site et le désir de redécouvrir une antiquité tangible. Ces sites figés dans le temps ont fourni des éléments relevant de tous les aspects de la vie quotidienne, jusqu’au corps de leurs habitants matérialisés par les célèbres moulages réalisés à l’initiative de Fiorelli (1863).

La possibilité de retrouver le passé dans toute sa matérialité et un nouveau goût pour le spectacle public président à l’idée d’évoquer les découvertes archéologiques loin des sites mêmes, ex situ donc, pour le plus grand plaisir des curieux cosmopolites. La transposition et la traduction des matériaux et des données du site en ville imposèrent des défis importants. Si l’exposition avait souvent été critiquée comme l’éloignement définitif et mortifère des objets de leur milieu d’origine, le fait archéologique incita à surmonter ou à suppléer à cette perte par des stratégies diverses permettant d’activer l’imaginaire des visiteurs et d’évoquer les mondes perdus en lien avec des collections extraites du sol.

L’imaginaire à la fois poétique et politique de la découverte archéologique, transparaît dans de nombreuses présentations proposées dans les musées et les expositions temporaires à visée archéologique ou marchande. En mêlant la présence d’objets plus ou moins restaurés avec des dispositifs scénographiques divers, comprenant notamment des décors peints, le visiteur est invité à entrer dans un passé rematérialisé à partir des traces du terrain. Cette invitation au voyage se retrouve également dans le développement concomitant du roman archéologique. Une volonté de monumentalité croissante, et une politique d’expansion archéologique amène à une échelle d’exportations toujours plus grande, portant sur des ensembles monumentaux, décors sculptés ou architecturaux. Les restaurations de groupes sculptés fragmentaires privilégient souvent l’aspect esthétique d’ensemble plutôt que l’exactitude archéologique.

Au cours du xxe siècle, on assiste à l’abandon progressif des grands décors et un respect croissant pour le fragment « authentique », mais aussi à la volonté d’une restitution des processus scientifiques de l’archéologie avec des dispositifs pédagogiques plus spécifiques. Toutefois, le goût du spectaculaire ne disparaît pas et conduit jusqu’à la création de dispositifs immersifs pour les visiteurs qui évoluent dans une présentation à 360°, reproduisant un paysage de l’Antiquité avec ses monuments restitués. Les dioramas, à la mode au xixe siècle, réapparaissent aujourd’hui avec des procédés numériques, panoramas digitaux (Panoramas de Yadegar Asisi : 2006 Rome 312 et 2011 Pergamon ; Exposition « sites éternels », 2016) ou projection de photographies sur les murs (Expo Pompéi, Montréal 2016).

Comité organisateur

  • Dominique Poulot (Université Paris 1)
  • Felicity Bodenstein (Musée du Quai Branly)
  • Delphine Morana Burlot (Université Paris 1)

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Informations pratiques

  • 20 octobre 2017 - 9h-17h
  • 21 octobre 2017 - 10h-16h30

Galerie Colbert, salle Giorgio Vasari
Institut national d’histoire de l’art
2, rue Vivienne ou 6 rue des Petits Champs
75002 Paris

entrée libre

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