A partir de « La mort de l’auteur », Barthes et l’art contemporainRencontre avec Magali Nachtergael, auteur de "Roland Barthes contemporain" (paru aux éditions Max Milo, avec le soutien du Frac Aquitaine, du Musée de Libourne, d’image/imatge et de la librairie La Machine à lire, 2015) organisée par le domaine Histoire de l’art contemporain

Projet de couverture  Roland Barthes par Roland Barthes

Illustration :Projet de couverture Roland Barthes par Roland Barthes
Roland Barthes (1915-1980)
ca. 1974
Crayon et feutre Marker couleur sur papier
30 x 20 cm
Bibliothèque nationale de France, département des manuscrits, Paris
©Michel Salzedo

En 1967, Brian O’Doherty se rend, sur les conseils de Susan Sontag, à la rencontre de Roland Barthes alors en séjour aux Etats-Unis, quelques mois après le colloque qui fit découvrir à Johns Hopkins en 1966 la French Theory et le poststructuralisme. Brian O’Doherty prépare alors un numéro spécial de la revue multimédiale Aspen consacrée au Minimalisme. Il commande à Barthes un texte qui pourrait, selon lui, décrire la démarche de ces artistes inspirés autant par la philosophie extrême-orientale que par l’abstraction géométrique du début du 20e siècle. Quelques semaines plus tard, Barthes envoie « The Death of the Author », un texte fondamental de l’art occidental qui va bouleverser la réception et la conception de l’œuvre plastique et littéraire. Le texte est écrit alors que Barthes travaille à son séminaire sur la Sarrasine de Balzac, qui donnera S/Z, son texte le plus abscons et en même temps le plus révolutionnaire. Entre minimalisme américain, références au « neutre » depuis le Degré zéro de l’écriture et sa pratique picturale abstraite dès les années 1970, les liens de Barthes avec l’art de son temps ne cessent de s’intensifier dans la dernière décennie de sa vie, au point d’offrir dans ses multiples textes de véritables théories esthétiques. Il fréquente des personnalités de l’art (Daniel Cordier, Franco Maria Ricci ou Yvon Lambert) liées souvent à un milieu homosexuel alors ferment de ce qui est peut-être la dernière avant-garde du siècle. A partir de quelques pistes liées à des productions contemporaines de Barthes et plus récentes, nous envisagerons tour à tour un Barthes minimaliste, queer ou postcolonial, et toujours en phase avec la production artistique de ces quarante dernières années.

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Magali Nachtergael est maîtresse de conférences en littérature et arts contemporains à l’université Paris 13 depuis 2010. Auparavant, elle a enseigné l’histoire de l’art contemporain à l’université Bordeaux Montaigne et a effectué une année de postdoctorat à l’université Johns Hopkins. Porteuse principale du programme Les Contemporains, ses travaux portent sur la relation entre art et littérature aux 20e et 21e siècles. Elle a été commissaire de l’exposition Lumières de Roland Barthes au centre d’art image/imatge d’Orthez et au Frac Aquitaine, Bordeaus (été 2015). Elle a publié Les mythologies individuelles, récit de soi et photographie au 20e siècle (Rodopi, 2012), Roland Barthes contemporain (Max Milo, 2015) et participé à l’ouvrage d’Anne Larue, Histoire de l’art d’un nouveau genre (Max Milo, 2014). Elle prépare avec le CNAP et le Frac Aquitaine une exposition sur la photographie après La Chambre claire au SEMA de Séoul dans le cadre de saison France – Corée.

22 septembre 2015 - 18h
Salle Vasari, Galerie Colbert
Entrée libre dans la limite des places disponibles
2, rue Vivienne
75002 Paris